Vous vous souvenez de toutes ces fois où le PQ a tenté de nous faire croire qu’une défaite en bonne et due forme était en fait une victoire morale ? Et bien figurez-vous donc que le PLQ vient d’innover en subissant une défaite morale aux élections complémentaires d’hier dans les comtés d’0utremont et de Viau.
On ne peut en effet qualifier autrement les « victoires » qu’il a remportées avec des taux de participation aussi faibles que 27 % dans Outremont et de 17 % dans Viau. Ne perdons pas de vue qu’une élection complémentaire est toujours une occasion pour l’opposition de se mobiliser contre le gouvernement au pouvoir. Et bien, pour ce qui est de la mobilisation, on repassera !
Quant au message porté par ce résultat, il est bien davantage négatif pour les Libéraux que le PQ, et il suffit de voir le traitement réservé par La Presse aux résultats d’hier pour s’en rendre compte. À peine un bref article en page A6. Et quand on sait toute l’énergie et toute l’encre que La Presse dépense habituellement pour faire la promotion de ses champions, on comprend tout de suite que Philippe Couillard n’est pas du nombre.
Non seulement a-t-il profondément déçu sa députation, ses supporteurs et ses alliés naturels au cours des derniers mois, mais en plus a-t-il trouvé le moyen de s’aliéner à l’avance la sympathie des électeurs d’Outremont en affichant beaucoup trop tôt son intention ferme de se présenter dans le comté de Roberval aux prochaines élections générales. Moins de sens politique que ça, tu meurs !
Guère habitués à n’être qu’un pis-aller et ne servir que de marchepied à qui que ce soit, fût-ce le chef du PLQ, les citoyens d’Outremont ont boudé Couillard et l’ont privé de l’aura de « winner » dont il avait désespérément besoin pour s’imposer à sa députation et à l’électorat québécois avant le grand rendez-vous des prochaines générales.
Ce résultat est conforme à celui que j’anticipais dans mon article intitulé Les jours de Couillard sont comptés, mis en ligne le 28 novembre dernier :

« Alors, à moins que Couillard ne soit rejeté par l’électorat d’Outremont, solution qui permettrait son « exfiltration » (c’est le bon terme à employer pour une ex-barbouze du SCRS) du PLQ en douceur, la question qui se pose est de savoir si son départ sera le résultat de pressions externes comme la découverte de faits compromettants, ou de pressions de l’intérieur du parti, pour qu’il quitte ses fonctions devant sa performance aussi peu convaincante. »

Les paris sont maintenant ouverts.
En effet, conformément aux prévisions, Couillard s’est montré incapable de susciter la moindre étincelle d’enthousiasme pour sa candidature ou son parti pendant la campagne des complémentaires, et ce fait se reflète aujourd’hui dans son absence totale de la « une » de La Presse. Pas un même un petit entrefilet pour évoquer les résultats du scrutin et diriger le lecteur vers une page à l’intérieur. Du jamais vu !
Une attitude qui tranche singulièrement avec celle du Devoir qui gratifie Couillard de sa manchette en « une » avec un sous-titre en décalage complet sur la réalité « Les libéraux remportent haut la main les partielles d’Outremont et de Viau »
À se demander si Le Devoir n’est pas rendu plus Libéral que La Presse. Remarquez que la question n'est pas si farfelue que ça quand on sait que John Parisella, le stratège Libéral bien connu, a siégé au conseil d’administration du Devoir au cours des dernières années.
Quoi qu’il en soit, attendez-vous à voir La Presse reprendre sa campagne de minage du leadership de Couillard au cours des prochains mois, à moins qu’elle ne passe carrément à l’attaque dès les prochains jours pour le sortir du portrait le plus rapidement possible de façon à laisser quelques mois de préparation à un nouveau chef issu de la députation libérale actuelle avant de se lancer en campagne électorale.