Quand l'école n'enseigne pas l'histoire

Des cinéastes montent au créneau

Trois films à voir

Chronique de Gilles Paquin

On entend souvent dire de nos jours que l'école du Québec enseigne peu l'histoire et encore moins certains chapitres dont les ministres incultes à la Yves Bolduc ne veulent pas entendre parler. Heureusement, de jeunes cinéastes courageux ont choisi récemment de nous remémorer des épisodes méconnus de notre histoire nationale .

Comme dit l'adage, il faut savoir d'où on vient pour savoir où on s'en va! En moins d'un an, trois de ces cinéastes ont produit des documents cinématographiques qui valent plusieurs leçons d'histoire. «La Passion d'Augustine» de Léa Pool traite de l'éducation au siècle dernier; «Corbo» de Mathieu Denis explique la renaissance du FLQ en 1966 et «L'Empreinte» de Carole Poliquin et Yvan Dubuc évoque nos racines françaises entremêlées de sang amérindien. Les trois sont à voir absolument.

L'Empreinte avec Roy Dupuis, Serge Bouchard et un éventail d'historiens, poètes, économistes et citoyens d'origines amérindiennes ou françaises retracent la rencontre de nos deux peuples au temps de Champlain et le métissage qui a suivi. Les réalisateurs démontrent comment nos ancêtres ont tissés de liens avec les amérindiens qui les avaient accueillis pacifiquement. Ils évoquent les points communs, les valeurs partagées et la solidarité qui on permis notre enracinement. Ils soulignent la cohabitation harmonieuse qui s'est installée avec la Grande
Paix de Montréal, qui contrastent avec le climat d'hostilité qui s'est établi au Canada lors de l'arrivée des colons anglais et la loi raciste créant les réserves indiennes avec le régime colonial britannique. Un documentaire qui suscitera des discussions dans nos familles et qui remettra en question le comportement méprisant du régime fédéral envers les Premières nations.

La passion d'Augustine raconte une autre époque, celle de l'éducation des jeunes filles par les communautés religieuses jusqu'à l'arrivée de la Révolution tranquille. Un film tout en douceur qui se passe dans une école de musique dirigée par une Céline Bonnier transformée en enseignante déterminée à former de grandes musiciennes. La vie de cette communauté se trouve transformée, bousculée, tant par le virement radical imposé par le Concile que par la création du premier ministère de l'Éducation du Québec.

Enfin, le dernier né de ces trois films est le Corbo de Mathieu Denis, une oeuvre qui amène le spectateur à s'interroger sur notre situation dans ce régime qui a tout fait pour nous dépouiller, nous mettre en minorité et nous assimiler . À la manière d'un enseignant, le réalisateur nous plonge dans son sujet en faisant défiler à l'écran une série de phrases choc qui tracent un portrait révoltant des nôtres à la fin des années cinquante. Nés pour un petit pain les ouvriers du temps connaissaient la pauvreté, le chômage et la soumission comme le décrit Pierre Vallières dans son livre Nègres blancs d'Amérique.

Le réalisateur nous conduit ensuite dans un quartier populaire de Montréal où Pierre Vallières et Charles Gagnon discutent avec des jeunes militants des moyen à prendre pour briser le carcan colonial. Petit à petit ils en viennent à choisir l'action armée plutôt que la politique à la manière de leurs parents. Jean Corbo, un adolescent de père italien et de mère québécoise, se joint à eux tout en poursuivant sa propre crise identitaire. Cette nouvelle cellule du Front de libération du Québec connaîtra une fin tragique avec la mort du jeune Corbo lors d'un attentat en 1966.

Trois films à voir pour comprendre notre histoire . Corbo est présentement à l'affiche au cinéma Beaubien à Montréal.

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Gilles Paquin32 articles

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Ancien directeur de la section politique au quotidien La Presse. Journaliste pendant 35 ans, il a aussi travaillé à la radio et à la télé de Radio-Canada ainsi qu'aux quotidiens Le Droit à Ottawa et au Montréal-Matin. Il a été correspondant et envoyé spécial dans de nombreux pays en Europe, en Afrique, en Amérique latine et en Asie.





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5 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    23 avril 2015

    La passion d'Augustine parle de l'éducation au siècle dernier ? (Ce qu'il faut pas lire sur Vigile !) Quant aux cinéastes québécois, ce sont les plus efficaces propagateurs du joual au Nord du 52ième parallèle.

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    21 avril 2015

    Vu aujourd'hui Corno et Augustine: bon choix, comme y disent.
    Corno, en 1966, on n'en avait à peu près rien su... quelques temps après l'usine de chaussures Lagrenade, plus commenté par après.
    Bizarre compétition entre FLQ et RIN... violence vs révolution?
    Les religieuses et la Révolution tranquille: intrigue bien menée.
    À la télé: ce reportage sur la mentalité barbare en Inde contre les femmes!
    Justement, au téléjournal, pendant que la toute menue Martine Ouellet révèle aux médias le machisme du monde politique, le gros Poëti réplique comme un lourdaud libéral que cette dame avait "étiré" (?) son projet sur les mines (?)... rapport?... Monsieur de Pourceaugnac!

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    20 avril 2015

    Et Roy Dupuis conclut: "Je ne comprends pas qu'il n'y ait pas de film sur la Conquête!"... suggestion pour Denis Villeneuve? Lui qui cherche son inspiration au Moyen-Orient, au Mexique... et qui sait, en Turquie génocidaire... Arméniens...

  • Archives de Vigile Répondre

    20 avril 2015

    Parlant d'histoire oubliée, il faudrait que nos compatriotes jeunes et moins jeunes revoient «L'Acadie, l'Acadie!?!» de Michel Brault et Pierre Perreault. Tourné à la fin des années '60, ce documentaire est toujours d'actualité.

  • Archives de Vigile Répondre

    20 avril 2015

    Merci M. Paquin de nous avoir présenté ces trois films, je me fais un devoir d'aller les voir en salle!