Des investisseurs inquiets quant aux finances de SNC-Lavalin

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Se dirige-t-on vers une OPA américaine ou canadienne-anglaise sur SNC-Lavalin ?


Comme si SNC-Lavalin n’en avait pas assez de ses problèmes judiciaires et politiques, voilà que des investisseurs commencent à se demander si l’entreprise ne sera pas bientôt à court d’argent.


« Les pressions que subit le bilan comptable de l’entreprise sont un point majeur de discussion avec des investisseurs depuis plusieurs jours », a récemment écrit l’analyste Maxim Sytchev, de la Financière Banque Nationale.


Selon ses calculs, SNC a perdu plus de 800 M$ en valeur boursière, « en raison spécifiquement de craintes liées aux liquidités » de l’entreprise.


Au début du mois, les prêteurs bancaires de SNC-Lavalin ont accepté d’assouplir temporairement les conditions d’emprunt de l’entreprise, à cause des pertes massives de 350 M$ anticipées dans le secteur minier, en raison principalement d’un contrat au Chili. SNC n’a pas chiffré le coût de ce changement.


L’entreprise a assuré lundi qu’elle n’aurait pas à émettre de nouvelles actions pour se renflouer, puisqu’elle peut encore tirer 1,8 G$ de sa facilité de crédit.


Cela n’a toutefois pas empêché l’agence de notation Standard & Poor’s de décoter SNC-Lavalin mardi, en raison principalement de la baisse des profits projetés. La cote de crédit de l’entreprise est ainsi passée de BBB à BBB-, ce qui risque d’augmenter ses coûts d’emprunt.


Combien d’argent en banque ?


Même si SNC assure qu’elle n’aura pas besoin de se refinancer, les analystes se montrent sceptiques. Frédéric Bastien, de la firme Raymond James, note que dans ses deux récentes annonces financières, l’entreprise « a omis de mentionner combien d’argent il lui reste en banque ».


Certains vont jusqu’à se demander si SNC-Lavalin ne devra pas se résoudre à vendre certains de ses investissements en infrastructures, à un prix déprécié s’il le faut.


« Plutôt que d’émettre des actions, ce qui serait très dilutif pour les actionnaires, ils envisageraient probablement de vendre une partie de ces actifs », a affirmé hier au Journal Yuri Lynk, de Canaccord Genuity.


Le cœur ne vaut plus grand-chose


Le joyau de SNC à cet égard est sa participation de près de 17 % dans l’autoroute à péage 407, près de Toronto. Les analystes lui attribuent une valeur de 4,4 à 5,4 G$, ce qui représente au moins les trois quarts de la valeur boursière actuelle de l’entreprise.



La participation de SNC-Lavalin dans l’autoroute 407 vaut plus que ses activités d’ingénierie et de construction.

Photo courtoisie, Agence QMI

La participation de SNC-Lavalin dans l’autoroute 407 vaut plus que ses activités d’ingénierie et de construction.




Au cours de clôture du titre hier, soit 34,02 $, les activités d’ingénierie et de construction de SNC ne vaudraient pas plus de 6,55 $ l’action.


« Vous pouvez être certain que les acheteurs potentiels de la participation de SNC dans l’autoroute 407 surveillent les difficultés récentes de l’entreprise avec intérêt », a estimé M. Bastien.




Décomposons la valeur actuelle de l’action 34,02 $ de SNC-Lavalin


(cours de clôture de l’action hier)


♦ Investissement dans l’autoroute 407 en Ontario 28 $


♦ Autres investissements en infrastructures 2,60 $


♦ Activités d’ingénierie et de construction 3,42 $


Note : Nous avons utilisé les valeurs actuelles des investissements de SNC calculées par les analystes Yuri Lynk de Canaccord Genuity (autoroute 407) et Maxim Sytchev de la Financière Banque Nationale (autres actifs).