Éthique et culture religieuse: un cours à abolir

ECR - le cas du Collège Loyola


Du jugement qui reconnaît au collège Loyola le droit d'être exempté du programme ministériel d'éthique et de culture religieuse (ÉCR), on a surtout retenu le fait que le juge Dugré a comparé l'attitude du ministère de l'Éducation à l'Inquisition. Cette phrase se trouve dans l'épilogue du jugement, où l'aridité des concepts juridique cède la place à un style plus libre. Il s'agit donc de l'aboutissement d'un jugement particulièrement dur à l'endroit du ministère, dont la position était absolument intenable.
En effet, il reconnaissait au collège Loyola le statut d'école confessionnelle, et donc le droit d'adopter une perspective chrétienne dans l'ensemble de ses cours... sauf ÉCR! Cette contradiction n'a pas échappé au juge.
Le principal intérêt de ce jugement réside toutefois dans les éléments de preuve qui y sont retranscrits. La correspondance entre les représentants du ministère et ceux du collège Loyola est particulièrement instructive. Il y apparaît clairement que Loyola ne conteste absolument pas la légitimité d'un cours portant sur les différentes religions. Le collège avait même déjà introduit depuis plusieurs années un cours qui offrait aux élèves des connaissances approfondies sur les doctrines morales et les «religions de monde», et ce, bien mieux que ne le fait le programme obligatoire du ministère.
Le programme de Loyola n'est pas sans défaut, mais au moins, il ressemble à un authentique cours d'éthique et culture religieuse. Le volet éthique porte sur «un éventail de systèmes d'éthique, de croyances et de pratiques», alors que le volet culture religieuse «examine non seulement les coutumes externes des autres religions, mais aussi leurs croyances fondamentales».
Or, les concepteurs du programme ministériel ont toujours rejeté une telle approche au nom du caractère dépassé des connaissances encyclopédiques qu'elle se propose de transmettre. En effet, le programme ministériel, obsédé par le «vivre-ensemble», est bien pauvre en contenu. Le volet éthique vise d'abord à faire accepter la diversité des modes de vie alors que le volet culture religieuse se limite à l'examen des manifestations du religieux qui entourent les élèves, et en particulier des pratiques vestimentaires et alimentaires qu'ils sont tenus de respecter et d'accommoder.
Le ministère a maintenu son opposition sans accorder la moindre attention au contenu du cours offert par le collège Loyola. Ce que le ministère ne supporte pas, c'est que «l'approche et la conception du bien commun développées dans le programme d'éthique et de culture religieuse et celles proposées par le collège Loyola sont très différentes».
Autrement dit, le ministère reproche à Loyola de ne pas adhérer au cadre idéologique du cours. Cela nous montre encore une fois que le cours ne vise pas d'abord à transmettre des connaissances, mais à imposer un programme politique. Le cours ÉCR n'est pas «neutre», c'est un nouveau catéchisme multiculturaliste concocté par quelques intellectuels pour fabriquer une génération accommodante. Georges Leroux a qualifié ce cours de «thérapie» et affirmé qu'il devait amener les élèves à être favorables au port du kirpan à l'école. Le jugement de vendredi dernier aura eu le mérite de nous le rappeler.
Malgré tout, alors que le gouvernement Charest vient tout juste de déposer son projet de loi 103 sur les écoles-passerelles, ce jugement vient ajouter à la désagréable impression que tout est permis dans le secteur privé. On peut prévoir que plusieurs écoles confessionnelles s'appuieront sur ce cas pour demander à leur tour des «accommodements» pour enseigner ÉCR à leur manière.
Plutôt que de s'engager sur cette voie qui promet d'être un véritable casse-tête administratif et juridique, le gouvernement devrait opter pour la seule option véritablement «raisonnable»: abolir le cours ÉCR.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé