Un juge lie le cours d'ECR à l'Inquisition

Il faut en appeler d'un jugement qui permet d'offrir le cours dans une perspective religieuse, affirme Pauline Marois

ECR - le cas du Collège Loyola

Marco Bélair-Cirino - La chef de l'opposition officielle du Québec, Pauline Marois, exhorte le gouvernement de Jean Charest à faire appel sans attendre de la décision de la Cour supérieure qui autorise le collège privé confessionnel catholique Loyola High School à offrir le cours d'Éthique et culture religieuse (ECR) dans une perspective religieuse.
«Le ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport doit absolument contester cette décision», a fait valoir Pauline Marois, hier, au Devoir.
La ministre de l'Éducation, du Loisir et du Sport (MELS), Michelle Courchesne, ainsi que la procureure générale du Québec, Kathleen Weil, étaient quant à elles avares de commentaires sur la décision.
Le gouvernement interjettera-t-il appel? «Le jugement vient tout juste d'être rendu. Le gouvernement va prendre le temps de bien l'analyser», ont coup sur coup affirmé, hier soir, les attachées de presse de Kathleen Weil et de Michelle Courchesne, respectivement Sarah Pilote-Henry et Tamara Davis.
Le juge Gérard Dugré exempte le collège — dont les origines remontent à la fondation du collège Sainte-Marie en 1848 — de s'en tenir au programme du cours du MELS, et, par la même occasion, autorise les enseignants de Loyola High School à enseigner la matière obligatoire du cours en tirant parti de son programme confessionnel catholique. «Le programme de Loyola est comparable au programme ECR établi par la ministre. L'enseignement de ce programme suivant la confession catholique n'en change pas la nature et ne peut faire perdre le statut d'équivalent au programme de Loyola», fait-il remarquer.
La Cour supérieure soutient que l'obligation d'offrir le cours en adoptant une perspective laïque brime le droit fondamental à la liberté de religion.
«Le Tribunal est d'avis que, d'une part, la ministre [de l'Éducation] ne peut dicter à Loyola, un collège privé confessionnel catholique, l'approche de l'enseignement de la matière obligatoire ECR à ses étudiants et, d'autre part, Loyola a droit à l'exemption demandée puisque son programme d'enseignement de la matière ECR est équivalent à celui établi par cette dernière», indique le magistrat.
De plus, M. Dugré estime qu'il «devrait donc être permis d'y enseigner toutes les matières selon l'approche confessionnelle catholique».
«C'est un très grand recul», a souligné la chef du Parti québécois, qui venait de prendre part à l'une des 10 marches pour l'indépendance organisées par le collectif Libre marcheur aux quatre coins du Québec.
«L'obligation imposée à Loyola d'enseigner la matière ECR de façon laïque revêt un caractère totalitaire qui équivaut, essentiellement, à l'ordre donné à Galilée par l'Inquisition de renier la cosmologie de Copernic», souligne sans détour le juge de la Cour supérieure dans une décision de 63 pages, rendue vendredi.
Un passage qui a notamment fait sursauter Pauline Marois. «Non mais, sur quelle planète on vit», s'est exclamée la chef du Parti québécois, qui avait ajouté une pierre à la déconfessionnalisation du système scolaire québécois alors qu'elle était à la tête du ministère de l'Éducation, soit du 29 janvier 1996 au 15 décembre 1998. «On n'est pas au moyen âge!»
«[On a fait] en sorte qu'on enseigne à l'école l'histoire des religions et qu'on ne transmette pas la foi. C'est aux églises à transmettre la foi», a rappelé Pauline Marois. «Est-ce qu'il est parfait le [cours d'Éthique et culture religieuse]? Il y a sans doute des améliorations à y apporter, des redressements à faire, mais on ne reviendra pas aux écoles confessionnelles», a conclu la chef de l'opposition officielle.
Enfin, la direction de la Loyola High School fera part de ses commentaires aujourd'hui à la presse.


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