«Fièvre électorale» à Québec

Les partis politiques fourbissent leurs armes en vue d’un scrutin printanier

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L’opposition réclame un budget tout en claironnant qu’elle le rejettera…

Les partis à l’Assemblée nationale accélèrent leurs préparatifs en vue d’un scrutin qui aurait lieu le 31 mars ou au début du mois d’avril, ont indiqué plusieurs sources au Devoir.

Des membres influents du Parti québécois s’attendent à ce que la bataille électorale soit déclenchée le mercredi 26 février, dans la semaine suivant la présentation du budget. Trois projets de loi importants, dont celui très attendu sur les soins de fin de vie, risquent de mourir au feuilleton. Le gouvernement Marois lance un sprint dans l’espoir de faire adopter ces projets de loi d’ici au budget, qui sera déposé jeudi, mais il est clair que le temps manquera.

À l’approche de la suspension des travaux, la nervosité a gagné le leader du gouvernement, Stéphane Bédard. En plus du projet de loi 52 (mourir dans la dignité), le gouvernement péquiste souhaite faire adopter le projet de loi 28 (nouveau Code de procédure civile) et le projet de loi 73 sur l’inspecteur général de Montréal. Le ministre Bédard craint de voir les partis d’opposition retarder l’adoption de ces projets majeurs.
Budget de la discorde

L’Assemblée nationale fait relâche pour deux semaines après le dépôt du budget. En coulisses, des stratèges péquistes affirment que la campagne électorale sera presque assurément déclenchée sans que les élus reviennent siéger. Tout indique que la première ministre Pauline Marois demandera au lieutenant-gouverneur de dissoudre la Chambre avant que le budget soit soumis au vote. Les partis de l’opposition ont déjà laissé entendre qu’ils voteraient contre le budget, avant même de l’avoir vu.

De passage à Montréal pour l’annonce d’une aide de 18 millions dans un projet de recherche de l’Institut de cardiologie, Mme Marois a confirmé vendredi que les exigences de l’opposition ne pourront être satisfaites dans le budget.

« Déjà, on a vu que les conditions posées par la Coalition [avenir Québec], par exemple, sont impossibles à rencontrer. Eux choisissent l’austérité, nous, on choisit la prospérité, ce n’est pas compliqué. Ils voudraient qu’on atteigne l’équilibre budgétaire maintenant ; c’est impossible, compte tenu de l’état des revenus », a-t-elle dit.

Le portrait des finances publiques du Québec n’a pas changé depuis la mise à jour économique faite en novembre dernier, répète la première ministre depuis la reprise des travaux parlementaires. Le gouvernement maintient le cap sur un déficit de 2,5 milliards cette année et de 1,75 milliard en 2014-2015, avant d’atteindre l’équilibre budgétaire un an plus tard.

Le rapport du vérificateur général Michel Samson sur l’état des finances publiques du Québec sera déposé jeudi, le jour même du dépôt du budget par le ministre des Finances, Nicolas Marceau. Ce rapport risque de donner des munitions aux partis de l’opposition, puisque le vérificateur a confirmé au Devoir, cette semaine, qu’il fera des recommandations pour améliorer la précision des données sur les finances.

« Il est permis de douter de la crédibilité des chiffres qui vont être présentés [dans le budget de jeudi] », a réagi vendredi Philippe Couillard, chef du Parti libéral du Québec (PLQ).

« Mme Marois nous dit que la situation n’a pas changé. Je regrette, ça a changé avec les pertes d’emploi qu’on connaît et les revenus qui ont continué de chuter. On voit qu’on est dans une démarche qui nous amène vers des élections. On nous joue le même film qu’en 2003, quand [le gouvernement péquiste de l’époque] avait fait un budget avec un trou pour aller en élection », a ajouté le chef libéral.
Chasse aux candidats

Chose certaine, tous les partis sont engagés dans une course contre la montre pour trouver des candidats, peindre leurs autobus et imprimer leurs affiches électorales. La « fièvre électorale » a gagné l’Assemblée nationale, a résumé le ministre de la Justice, Bertrand St-Arnaud.

L’équipe de campagne du Parti québécois met les bouchées doubles afin d’être fin prête au lendemain du dépôt du budget. À partir de ce moment-là, « tout doit être prêt, [puisque] ça peut débouler vite », dit un membre influent du PQ qui a demandé à garder l’anonymat.

Selon nos sources, la chasse aux candidats vedettes s’annonce difficile pour toutes les formations. Le PLQ aurait souhaité dénicher une grosse pointure du milieu économique pour remplacer Fatima Houda-Pepin dans le château fort libéral de La Pinière. Le parti se tournerait plutôt vers un candidat bien ancré dans la circonscription pour mener la lutte contre la députée — élue depuis 1994 —, qui se présentera vraisemblablement comme indépendante.

La Coalition avenir Québec de François Legault a annoncé vendredi 10 candidatures de gens bien connus dans leur milieu, mais le parti cherche encore un gros nom du calibre de Jacques Duchesneau — qui refuse toujours de confirmer sa présence ou non sur le bulletin de candidature au scrutin imminent.

Entre-temps, le gouvernement multiplie les engagements décrits comme préélectoraux par les partis de l’opposition. Le ministre Nicolas Marceau a annoncé une aide de 62,5 millions pour financer sept projets de recherche dans le secteur des sciences de la vie dans le cadre du Fonds de partenariat pour un Québec innovant et en santé (FPQIS). Il s’agit d’un fonds qui avait déjà été annoncé dans le dernier budget. « En soutenant ces projets, Québec envoie un message clair aux grands joueurs de l’industrie biopharmaceutique : le Québec se positionne pour être un partenaire de choix qui a bien saisi les enjeux et bien compris le modèle d’affaires de l’industrie », a soutenu M. Marceau devant une centaine de chercheurs réunis au centre des sciences de Montréal.

Le ministre a refusé de répondre aux questions des journalistes sur le dépôt du budget et les élections.

Avec Mélanie Loisel, Jessica Nadeau et La Presse canadienne


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