La Flandre vient de se manifester clairement comme une nation à travers les dernières péripéties politiques. Comme je l’ai répété dans les dernières chroniques, je ne peux pas lui donner tort de défendre sa langue en voulant scinder le dernier arrondissement électoral qui, absurde survivance de l’Etat unitaire, chevauche encore deux Régions fédérées (Bruxelles et la Flandre). Et je regrette que certains Bruxellois francophones aient envenimé le débat en n’acceptant pas un compromis avec les Flamands qui garantissait les droits individuels de la minorité francophone en Flandre (leurs écoles et leurs contacts en français avec l’administration), à la périphérie de Bruxelles, dans cet arrondissement qui sera de toute façon scindé un jour.
Mais le conflit a été d’une telle rudesse qu’un gouvernement est tombé, que la division de la Belgique s’étale à la Une du plus grand journal de référence du monde francophone, Le Monde, avec, surplombant cette Une, une carte en couleurs des trois composantes qui supplantent l’Etat belge : Wallonie, Bruxelles et Flandre.
Le Parlement a été dissout. Des élections fédérales vont avoir lieu. Ces élections dites « fédérales » - je l’ai expliqué souvent -, leurs résultats vont être analysés selon les trois Régions. En 2007 elles avaient eu pour enjeu le leadership en Wallonie entre les libéraux et socialistes. Ceux-ci l’ont perdu puis regagné aux élections, cette fois régionales - dites « régionales »– de 2009. Les seules qui comptent et qui ont un sens. Il n’y a plus de partis politiques belges, transcendant la frontière des langues. Et les frontières entre Wallonie (et Bruxelles francophone), et Flandre (et Bruxelles néerlandophone), induisent aussi des différences même si souvent les partis ici sont les mêmes (flamands d’une part et wallons ou francophones de l’autre).
Mais… Mais la présidente de l’ancien parti démocrate-chrétien, devenu CDH (Centre démocratique humaniste), Joëlle Milquet, a décidé – c’est proprement incroyable - d’adopter comme slogan électoral la devise belge L’union fait la force. C’est proprement incroyable en deux sens. C’est incroyable parce que de toute façon, voter pour le parti de J.Milquet, c’est voter pour des députés francophones ou wallons qui n’ont aucune influence politique en Flandre. C’est incroyable en un deuxième sens, car c’est hypocrite. Joëlle Milquet défend les droits des Francophones en Flandre – plutôt durement - et en s’enveloppant, pour ce faire, dans le drapeau belge, elle provoque la Flandre. Elle table en fait sur les réflexes belgicains d’une partie de l’électorat wallon et bruxellois francophone invraisemblablement encore aveuglé sur ce qui se passe. Et adopte une attitude qui ne favorisera justement pas le dialogue avec les Flamands, ce qui, par définition, menace l’unité belge (qu’elle prétend défendre). Elle trompe donc tout le monde, pousse une partie des Wallons à ne pas s’assumer et dénature cette démocratie dont le néolibéralisme veut se débarrasser.
Fraude au drapeau belge
Chronique de José Fontaine
José Fontaine355 articles
Né le 28/6/46 à Jemappes (Borinage, Wallonie). Docteur en philosophie pour une thèse intitulée "Le mal chez Rousseau et Kant" (Université catholique de Louvain, 1975), Professeur de philosophie et de sociologie (dans l'enseignement supérieur social à Namur...
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Né le 28/6/46 à Jemappes (Borinage, Wallonie). Docteur en philosophie pour une thèse intitulée "Le mal chez Rousseau et Kant" (Université catholique de Louvain, 1975), Professeur de philosophie et de sociologie (dans l'enseignement supérieur social à Namur et Mirwart) et directeur de la revue TOUDI (fondée en 1986), revue annuelle de 1987 à 1995 (huit numéros parus), puis mensuelle de 1997 à 2004, aujourd'hui trimestrielle (en tout 71 numéros parus). A paru aussi de 1992 à 1996 le mensuel République que j'ai également dirigé et qui a finalement fusionné avec TOUDI en 1997.
Esprit et insoumission ne font qu'un, et dès lors, j'essaye de dire avec Marie dans le "Magnificat", qui veut dire " impatience de la liberté": Mon âme magnifie le Seigneur, car il dépose les Puissants de leur trône. J'essaye...
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