Gabon : La lettre de Mba Obame à Ban-Ki Moon

Afrique qui s'éveille - Côte d'Ivoire

Réfugié depuis le 25 janvier dans les bureaux du Programme de développement des Nations unies (PNUD) à Libreville, André Mba Obame a adressé une lettre à Ban-Ki Moon, le Secrétaire général des Nations Unies. Dans celle-ci, l’autoproclamé président du Gabon invoque les raisons de son acte et appelle la communauté internationale à reconnaitre sa légitimité en tant que président élu.

Monsieur le Secrétaire Général,
Lors de votre passage à Libreville, vous nous aviez fait l’honneur de recevoir
l’opposition Gabonaise qui à cette occasion vous avait longuement exposé ses
préoccupations à propos de la situation politique dans laquelle se trouvait le
pays depuis l’élection présidentielle du 30 aout 2009 dont elle n’a cessé de
contester le résultat.
L’opposition Gabonaise vous avait alors remis un Mémorandum dans lequel, au-delà de la dénonciation du déficit démocratique, elle faisait des propositions pour améliorer la gouvernance politique du Gabon, seule garantie de la stabilité du pays. Nous avions noté avec satisfaction que Votre Excellence avait préconisé que les prochaines consultations électorales soient plus transparentes, justes et crédibles. Nous avions pleinement partagé cette position pour laquelle nous espérions que l’Organisation que vous dirigez allait apporter son concours préventif pour l’amélioration du système électoral gabonais, comme vous l’avez fait dernièrement aux Comores à l’issue de la contestation de la dernière élection présidentielle. Nous n’avons malheureusement pas eu jusqu’ici un retour de votre part.
Monsieur le Secrétaire Général, depuis votre dernier passage, la situation
politique dans notre pays se dégrade ostensiblement. En effet, le pouvoir
illégitime en place s’évertue à faire une révision des listes électorales sans
tenir compte de la nécessité de la transparence que peuvent nous offrir des
listes sécurisées par le système de la biométrie pourtant largement répandu au Gabon pour le recensement des agents de l’Etat, la confection des passeports, l’inscription de plusieurs centaines de milliers de gabonais dans le système de l’assurance maladie. A l’évidence ce pouvoir illégitime fait preuve d’une évidente mauvaise foi.
Par ailleurs, tout récemment, le pouvoir illégitime a organisé une révision
constitutionnelle par voie parlementaire qui, dans son processus, a gravement
ignoré les dispositions de l’article 10 de la Charte Africaine de la démocratie,
des élections et de la gouvernance que le Gabon a signée sans réserve et qui
impose aux Etats parties de procéder de manière consensuelle à toute révision de la loi fondamentale.
Plus grave encore est le contenu de cette révision qui remet sérieusement en
cause les fondements de la démocratie au Gabon en donnant à l’Exécutif la
possibilité de modifier la durée des mandats électifs au gré de ses intérêts.
Mieux, au terme de cette révision constitutionnelle, le Chef de l’Etat dispose
désormais de pouvoirs exceptionnels renforcés et sans contrôles.
C’est dans ce contexte vicié que le pouvoir illégitime entend organiser les
prochaines élections législatives, restant irrémédiablement sourd aux
interpellations des acteurs politiques de l’opposition et de la société civile.
L’environnement international nouveau qui voit les peuples africains de plus en
plus déterminés à faire respecter leurs droits inaliénables nous interpelle pour
qu’au Gabon comme ailleurs cette nécessité universelle prenne corps. C’est la
raison pour laquelle notre action aujourd’hui vise à faire respecter la volonté
souveraine du peuple gabonais qui s’est largement exprimé en ma faveur lors de l’élection présidentielle anticipée du 30 août 2009.
Aussi demandons-nous à la communauté internationale de ne reconnaitre à l’instar de la Côte d’ Ivoire comme seul Président de la République Gabonaise élu que celui qui a gagné dans les urnes et non celui proclamé par une Cour
Constitutionnelle aux ordres comme ce fut le cas en 2009.
C’est fort de cette légitimité que je viens de mettre en place un gouvernement
devant traduire dans les faits la volonté de changement fortement exprimée par la majorité des gabonais le 30 août 2009.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Secrétaire Général, l’assurance renouvelée de notre très haute considération.
Fait à Libreville, le 26 janvier 2011
Le Président de la République
André MBA OBAME
http://www.gaboneco.com/show_article.php?IDActu=21382


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