Paris — La France vient apparemment de sonner la fin de la partie pour le gaz de schiste sur son territoire, mais cela n’influence pas le premier ministre Jean Charest, qui veut continuer de «creuser» la question avant de «prendre notre décision à nous».
«Chez nous, il y a une évaluation environnementale stratégique qui été annoncée, a rappelé M. Charest. À notre façon à nous, nous allons creuser cette question-là, à partir de trois critères: assurer la sécurité des gens, leur santé, assurer la sécurité de l’environnement et la sécurité dans l’exploitation. Après, on prendra notre décision à nous. On a choisi une approche empreinte de gros bon sens. L’évaluation sera faite et après on prendra nos décisions.»
Le hasard fait que Lucien Bouchard, qui dirige l’Association pétrolière et gazière du Québec, se trouve lui aussi à Paris, en marge de la visite de Jean Charest. Il a refusé d’aborder le sujet avec les journalistes.
«Je ne suis pas venu pour autre chose que la STM. Je ne veux pas entrer là-dedans», a dit M. Bouchard, qui assistait au dévoilement dans le métro parisien de «La Voix lactée», une œuvre de la Québécoise Geneviève Cadieux. Cette sculpture a été offerte par la Société des transports de Montréal (STM) à la RATP, son équivalent parisien, pour souligner les 50 ans de la Délégation générale du Québec à Paris.
Lucien Bouchard était moins réservé la semaine dernière. Vendredi dernier, il a encouragé le gouvernement québécois à investir dans le développement des gaz naturels en général et dans celui du gaz de schiste, pour participer aux profits.
La France prend le chemin opposé. L’été dernier, le gouvernement avait interdit la technique controversée de la fracturation hydraulique (accusée de polluer les nappes phréatiques). Lundi, la ministre de l’Écologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, a enfoncé le clou en annonçant l’abrogation des trois seuls permis de forage de recherche accordés à des grands groupes, dont Total.
Jean Charest s’est borné à constater que le gaz de schiste soulève des débats partout, débats qu’il suit «de très près». «Je n’ai pas l’intention de me mêler de ce que les Français décident», a-t-il dit.
La démission de Servant, les propos de Lafrenière
Il fallait s’y attendre: même en plein cœur de Saint-Germain-des-Prés, le premier ministre Jean Charest n’a pu éviter à Paris les questions sur l’industrie de la construction.
À l’issue de la cérémonie, qui s’est déroulée en présence du maire Bertrand Delanoë, M. Charest a d’abord minimisé la portée de la démission de son principal rédacteur de discours, Patrice Servant. Celui-ci a quitté ses fonctions en affirmant qu’il ne pouvait plus relayer la position du gouvernement sur une commission d’enquête publique.
Sensiblement agacé, le premier ministre a expédié l’affaire en quelques mots. «Attention là, M. Servant est à contrat pour nous et avait déjà laissé entendre qu’il voulait faire une pause. Il faut faire attention avec ces choses-là», a tranché M. Charest, avant de rappeler que «dans un gouvernement, il n’y a personne qui est à 100 % d’accord avec les décisions» qui sont prises.
Le premier ministre a aussi été appelé à commenter les déclarations du commissaire de l’Unité permanente anticorruption (UPAC), Robert Lafrenière, qui vient de s’opposer à la tenue d’une enquête publique qui pourrait, selon lui, affecter les enquêtes en cours.
Ces déclarations semblent conforter Jean Charest dans ses positions. Il s’en défend, pourtant.
«Je ne cherche pas à être conforté ou pas par M. Lafrenière, a déclaré le premier ministre. [...] Il décrit l’état des lieux, il dit tout haut ce qui est déjà connu, c’est-à-dire qu’une enquête publique ou une enquête parallèle a un impact sur les enquêtes de police.»
«Je ne demande pas à M. Lafrenière de dire ou de ne pas dire ce qu’on veut entendre, a assuré aussi le premier ministre. Je n’ai rien demandé à M. Lafrenière. M. Lafrenière fait son travail, il fait sa “job”. Personne ne peut s’étonner qu’il s’exprime. C’est dans son mandat de le faire deux fois par année.»
Pour M. Charest, les déclarations du commissaire de l’UPAC montrent tout de même que «tout n’est pas noir et blanc» et que la tenue d’une enquête publique n’est «pas aussi simple que certaines personnes l’ont prétendu».
«C’est pour ça qu’on favorise les enquêtes de police», a-t-il répété.
Quant à savoir si la tenue d’une enquête publique demeurait une option, Jean Charest s’est engagé à faire «ce qu’il y a de mieux pour la société québécoise».
Gaz de schiste: le Québec prendra ses propres décisions, dit Charest
Le premier ministre a minimisé la portée de la démission de son principal rédacteur de discours, Patrice Servant
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