Honte d'être canadienne

Politique étrangère et Militarisation du Canada


Lorraine Filion
_ Citoyenne canadienne, le 3 août 2006

Monsieur le premier ministre,


J'ai honte d'être canadienne depuis le 12 juillet 2006. Oui, j'ai honte de votre silence, de votre hésitation à dénoncer la violence et l'horreur de la guerre qui sévit au Liban. Chaque jour, nous entendons les cris et les pleurs de ces Libanais qui meurent et qui sont blessés. Ne les entendez-vous pas, monsieur le premier ministre, de votre cabinet ?
Oui, j'ai honte pour les premières paroles que vous avez prononcées en faveur de la guerre : il est normal, dites-vous, que des soldats tirent sur des civils au nom du droit à se défendre ? NON, cet acte de barbarie n'a rien de normal.
Oui, j'ai honte pour la lenteur des directives que vous avez données à vos fonctionnaires pour évacuer tous les citoyens canadiens du Liban.
Oui, j'ai honte pour la différence que vous avez faite entre les citoyens canadiens et les résidents permanents. Ne sont-ils pas de la même trempe ? Le sang qui coule dans leurs veines n'est-il pas aussi pur que le vôtre ? Aussi pur que le nôtre ? Oui, j'ai honte que vous exigiez une solution globale, exigence qui retarde l'arrêt des frappes sur le Liban. Oui, j'ai honte des propos de votre ministre des Affaires étrangères Peter MacKay devant le comité des Affaires étrangères de la Chambre des communes le 1er août 2006 et de son soutien à Israël : «Pour moi, il n'est pas difficile de choisir de prendre parti pour un État, un gouvernement démocratiquement élu, qui est attaqué par des terroristes, et un groupe de tueurs sans pitié.»
Oui, j'ai honte que la baisse de votre popularité dans les récents sondages soit le seul motif de votre réaction. Oui, j'ai honte que vous balayiez d'un revers de la main la politique canadienne pour la paix établie depuis des années et qui a fait la réputation de notre pays.

Oui, j'ai tout simplement honte que, étant au plus haut poste du gouvernement canadien, vous nous représentiez si mal et ayez le pouvoir de faire tant de mal.
Pour tous ces torts causés, je vous demande de céder votre poste à une personne plus responsable que vous au sein de votre parti.
Et, s'il vous plaît, ne mettez pas trop de temps à y réfléchir. Le sang qui coule au Liban est aussi rouge que celui des Israéliens et aussi pur que celui des Canadiens.


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