Intentions voilées...

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Un ancien libéral dénonce la stratégie identitaire de Couillard

Et c'est reparti. Un autre tour de manège d'identité à la sauce libérale. Campagne électorale oblige, le gouvernement libéral de Philippe Couillard désespéré saisit toutes les occasions pour diviser l'électorat québécois en groupes-cibles électoraux.


Ne pouvant plus brandir l'épouvantail de la « peur référendaire », on pousse la couardise jusqu'à l'instrumentalisation d'une jeune femme de vingt ans pour se créer de nouveaux ennemis intérieurs. Après les vrais et faux Québécois du Parti québécois, voici les vrais Québécois, preux chevaliers du multiculturalisme à la québécoise, servie façon Couillard. Réflexions autour d'une nation domestiquée et instrumentalisée.


Couillard, le fossoyeur de l'âme libérale


En tout respect d'une certaine objectivité des choses, le gouvernement libéral de Philippe Couillard est aux affaires depuis quinze ans. Il y a eu bien sûr le moment Marois qui a duré à peine le temps des roses. On peut donc attribuer aux libéraux la responsabilité du magma identitaire actuel. Depuis la « crise des accommodements raisonnables » et le dépôt du rapport de la commission Bouchard-Taylor, les libéraux n'ont rien fait qui vaillent sur cet irritant que représente le port des signes religieux dans l'espace public québécois. Ce n'est pas vraiment un grave problème, mais c'est un enjeu perçu comme important par une majorité de Québécoises et de Québécois. Philippe Couillard n'a rien fait pour calmer le jeu. Il a plutôt en toute lucidité nourri le feu des intolérances et de l'incompréhension en soufflant sur les braises d'un nationalisme en recherche de victoires morales en dépit de ses échecs retentissants dans sa forme « nous voulons un pays ».


Ce faisant, Philippe Couillard et son gouvernement a rompu avec l'âme libérale qui souhaitait bien entendu un avenir pour le Québec dans une fédération canadienne renouvelée, mais il, a aussi multiplié les gestes démontrant sa volonté d'être plus fédéraliste et plus multiculturel que Justin Trudeau. Philippe Couillard est le premier de nos premiers ministres à faire du Québec une « province postnationale comme les autres ». Effaçons nos coutumes, notre langue et notre culture, soyons plus anglais que les Anglais et surtout pourfendons les faux Québécois qui défendent une nation québécoise française en Amérique du Nord. Monsieur Couillard, vous êtes un vrai fossoyeur de l'âme libérale et de la nation québécoise.


Robert Bourassa doit se retourner dans sa tombe


J'ai milité longtemps au Parti libéral du Québec. J'ai eu le grand bonheur de participer à de grandes réalisations pour le Québec. Le libre-échange avec les États-Unis, les tentatives infructueuses de la réconciliation nationale avec l'accord du lac Meech, l'accord McDougall-Gagnon-Tremblay sur l'immigration, la première politique de régionalisation de l'immigration, des dossiers de développement régional et des élus qui avaient des résultats concrets pour nos hôpitaux, nos universités, nos MRC.


J'ai surtout eu le bonheur d'appartenir à une formidable organisation politique et surtout de travailler de près avec des députés et des ministres qui avaient le bien commun en tête en toutes occasions. Les George Vaillancourt, Madeleine Belanger, Yvon Vallières, Robert Benoit, André J. Hamel et bien sûr Monique Gagnon-Tremblay. Plus tard, j'ai aussi été fier de travailler avec le mal-aimé Jean Charest.


Je ne suis pas nostalgique, mais cette époque où Robert Bourassa fut notre premier ministre et où l'on retrouve aussi Daniel Johnson et Jean Charest à la tête du PLQ comme successeur en fut une où l'on avait, quoi qu'en disaient nos adversaires souverainistes du temps, les intérêts de la nation québécoise à cœur. Tous ces premiers ministres libéraux ont toujours défendu le Québec et notre culture. Ce qui n'est plus le cas avec le fossoyeur de la nation québécoise au pouvoir aujourd'hui, Philippe Couillard. Robert Bourassa doit se retourner dans sa tombe.


Le voile de l'ignorance


Tout cela pour dire que je suis mal à l'aise avec ce débat sur le port du voile pour des représentants de l'autorité comme cette jeune policière-apprentie. Sur le fond des choses, je suis aussi inconfortable avec l'importance que prend ce débat dans notre espace public. Il me semble que des problèmes plus urgents devraient retenir notre attention comme l'entente avec nos fédérations de médecins, la déliquescence de notre système de santé et d'éducation, les injustices sociales et l'envahissement de nos vies par les grands du GAFA sans aucune balise.


Pendant que l'on instrumentalise la foi religieuse des uns et l'insécurité d'une majorité des autres, on ne discute pas de l'avenir. Ça, c'est les vraies affaires monsieur Couillard.


Il faut comprendre que cette question du port ostentatoire de signes religieux prend appui avant tout sur l'insécurité des Québécoises et des Québécois de souche devant la pérennité de leur racine et de leur nation. Peut-être que celles et ceux qui disent que c'est infondé ont raison. Mais nous ne sommes pas dans la raison, mais dans les émotions.

Un gouvernement responsable aurait légiféré sur cette question en faisant des recommandations du rapport Bouchard-Taylor, le socle de sa législation, car il fait consensus au Québec. Il faut donc interdire le port des signes religieux ostentatoires par les représentants de l'autorité comme les juges et les policiers. Le débat reste ouvert quant à moi pour les enseignants et les gens œuvrant en garderies. Je suis loin d'être convaincu.


Ce qui importe le plus, je l'ai écrit souvent dans mes chroniques, c'est de prendre des mesures énergiques dans ce pays pour rassurer les Québécois francophones, les Acadiens et les nations autochtones qu'ils peuvent compter sur un avenir pour leur devenir national dans un Canada ouvert aux nations fondatrices et présentes depuis ses origines. Sans une telle assurance, l'insécurité et l'incompréhension perdureront et nous serons incapables d'ouverture vis-à-vis des autres qui ne comprennent pas nos sensibilités et nous trouvent intolérants à la différence. Le temps presse.


Les maudites élections


Ces propos raisonnables ne peuvent être entendus. Nous sommes en élection. Le gouvernement libéral de Philippe Couillard aux abois est prêt à tout pour s'accrocher au pouvoir. Le pouvoir pour le pouvoir. Il n'en fait rien de ce pouvoir pour faire progresser le Québec et pour assurer la pérennité de la nation québécoise francophone en Amérique du Nord. Il est même prêt à faire de tous ses adversaires des dangereux racistes et des gauchistes. Déguisé derrière de grands principes, Philippe Couillard divise et instrumentalise le Québec sur l'autel de ses petits intérêts politiques. Les libéraux sont à l'assaut de tous les signes de notre identité. Il se cache derrière des intentions voilées...