Le gouvernement libéral a beau faire amende honorable, en se décidant par exemple à faire un véritable suivi des recommandations du rapport Charbonneau, il n’arrive pas à s’affirmer comme un parangon de vertu en matière d’éthique. La récente crise au MTQ et la publication du rapport de la vérificatrice générale sur Sam Hamad viennent le rappeler.
La vérificatrice générale, Guylaine Leclerc, a déposé jeudi un rapport préoccupant sur la saga de Premier Tech, une entreprise qui a obtenu du financement public, en 2012, à la suite d’une intervention du cabinet de Sam Hamad, à l’époque où celui-ci était ministre du Développement économique.
Il n’y avait « aucune analyse approfondie et documentée des dépenses du projet », déplore la vérificatrice dans son rapport. La valeur économique du projet était surévaluée, et les documents justifiant l’octroi à Premier Tech d’une subvention de 8,5 millions (soit 1 million de plus que prévu dans l’entente initiale) sont introuvables.
Pour la petite histoire, le financier du PLQ, Marc-Yvan Côté, aujourd’hui accusé de fraude dans une autre affaire, était le vice-président du conseil d’administration de Premier Tech. L’équipe d’Enquête a révélé, courriels à l’appui, que Sam Hamad était une source d’information privilégiée de Marc-Yvan Côté, un « ouvreur de portes » professionnel. M. Côté contribuait au financement de Sam Hamad, dont le ministère a favorisé une entreprise dans laquelle M. Côté était impliqué. On connaît la chanson.
L’affaire remonte à 2012. Philippe Couillard est encore pris pour gérer les squelettes laissés dans le placard libéral par son prédécesseur. Mais comment expliquer qu’il saute si rapidement aux conclusions ? Le premier ministre considère que le rapport de la vérificatrice générale blanchit « tout à fait » Sam Hamad.
La réalité est plus complexe. La vérificatrice générale ne s’est pas prononcée sur le rôle de Sam Hamad. « Mon rapport ne le blanchit pas, et ne le blâme pas », a-t-elle précisé. Son rapport, portant sur la dimension administrative de l’affaire, fait l’économie d’une analyse des courriels échangés entre le cabinet du ministre Hamad, Premier Tech et Marc-Yvan Côté. D’autres organismes de surveillance s’en chargeront.
Le principal intéressé s’est bien retenu de crier victoire, et pour cause. Le commissaire à l’éthique publiera son rapport, la semaine prochaine, tandis que le Commissaire au lobbyisme et le Directeur général des élections poursuivent leurs enquêtes.
Même s’il sort complètement blanchi des enquêtes en série, l’inventeur de la roue à trois boutons ralentira le carrosse libéral pour la durée restante de son mandat. Sam Hamad a fait la preuve qu’il était un politicien mou et perméable à l’influence de faiseurs d’élections tels que Marc-Yvan Côté, à un moment charnière de la lutte contre la corruption et la collusion. En 2012, le débat sur l’octroi des contrats publics et le financement politique battait son plein au Québec. Nul ne pouvait ignorer cette nouvelle réalité, de même que les risques d’entretenir des liens avec Marc-Yvan Côté, un personnage qui évolue, depuis la commission Gomery, à l’intersection du financement politique et du démarchage.
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LE CAS DE SAM HAMAD
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