Jean Charest pilote une autre offensive pour soutenir l’industrie aéronautique

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Charest s'est évidemment recyclé en lobbyiste

Malgré sa contribution à l’économie, le secteur aéronautique est «tenu pour acquis», estime l’ex-premier ministre québécois Jean Charest, qui agit comme porte-parole de l’industrie et qui souhaite profiter de la campagne électorale pour changer cette perception.


Après avoir rédigé un rapport pour l’Association des industries aérospatiales du Canada (AIAC), qui a été dévoilé en juin, M. Charest veut inciter les partis fédéraux à prendre des engagements fermes à l’occasion de trois assemblées publiques - à Montréal, Vancouver et Toronto - réunissant des représentants des différentes formations politiques.


En entrevue, jeudi, avant l’événement montréalais, le porte-parole de l’initiative «Vision 2025» déployée par l’Association, a expliqué qu’il y avait du travail à faire pour «rappeler à la population» ce que le secteur aérospatial représentait au pays.


«Je pense qu’on l’a tenu un peu pour acquis, a dit M. Charest. Je ne blâme personne. Mais je pense que les gens tiennent pour acquis que ce secteur existe. Si nous avons le cinquième secteur en importance dans le monde, c’est parce que les gouvernements l’ont soutenu. C’est un secteur où l’État doit jouer un rôle. Il n’y a pas d’exception sur cette règle nulle part sur la planète.»


Dans son rapport intitulé «Cap sur l’horizon», M. Charest, qui identifiait six priorités, dont la formation de la main-d’oeuvre, soulignait que le secteur compte près de 215 000 emplois et qu’il injecte 25,5 milliards $ dans l’économie canadienne. Il prévenait aussi que le Canada risque d’être doublé par des concurrents étrangers si le gouvernement ne fait pas de l’aéronautique une «priorité urgente».


Son rapport s’inscrivait dans un contexte d’inquiétude grandissante quant à l’état de l’industrie, alors que Bombardier s’apprête à quitter le secteur de l’aviation commerciale et que la production mondiale d’avions se rapproche d’un duopole dominé par Boeing et Airbus.


À la fin août, l’Association internationale des machinistes et des travailleurs de l’aérospatiale (AIMTA) avait également exprimé des inquiétudes, dans un autre rapport de 130 pages, déplorant entre autres «l’absence d’une vision à long terme».


S’il s’est montré satisfait de l’accueil qui a été réservé à son document, M. Charest croit néanmoins qu’Ottawa devrait avoir des programmes «spécifiques» pour le secteur de l’aéronautique.


«Puisque les gouvernements ont (intégré) les programmes (...), nous n’avons plus cette lisibilité que l’on avait autrefois, a dit M. Charest. Ça, on le sait, soulève des questions chez les investisseurs, qui se demandent si le Canada est aussi engagé, à l’endroit de l’industrie, qu’il l’a déjà été.»


Depuis 2012, les contributions du secteur aérospatial au Canada en emplois et en produit intérieur brut (PIB) ont diminué de cinq pour cent et quatre pour cent respectivement, calcule le ministère de l’Innovation, des Sciences et du Développement économique.


L’AIAC est habitée par un «sentiment d’urgence», a expliqué l’ex-politicien, ajoutant que certains enjeux, comme celui de la main-d’oeuvre, étaient près d’une «situation de crise», puisque l’on aura besoin de 50 000 nouveaux travailleurs dans les prochaines années.


«Je pense, par exemple, à des travailleurs de 54 ans sur les planchers d’usine et où il est très difficile de recruter, a-t-il dit. C’est urgent que l’on s’en occupe. Il faut bouger. Nos concurrents bougent.»


Le rapport de l’AIAC évaluait le marché du transport aérien à 10 000 milliards $.


Si des pays concurrents traditionnels de l’industrie aérospatiale tels que les États-Unis, la France et le Royaume-Uni conservent de lourdes parts du gâteau, de nouveaux entrants affamés tels que l’Inde, le Vietnam et Singapour se présentent également à table.


«Il y a plus de joueurs dans la place, a rappelé M. Charest. Ne perdons pas ce que nous avons. Il faut se battre pour garder nos acquis.»


Le Canada compte environ 500 petites et moyennes entreprises aérospatiales, selon l’AIAC, aux côtés de sociétés de premier plan telles que les québécoises CAE et Héroux-Devtek et la britanno-colombienne Longview Aviation Capital.


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