Monsieur Raymond Savoie,
L'industrie gazière et pétrolière du Québec dont vous faites partie a réussi à mettre à vif et le coeur et l'esprit de milliers de québécois.
Vous et votre association l'APGQ, vous vous êtes associés à André Caillé et au gouvernement du Québec. Vous pensiez compter sur une loi désuète (Loi sur les mines du Québec) et l'indifférence habituelle de la population pour aller de l'avant avec l'exploration suivie de l'exploitation des gaz de schiste dans le shale de l'Utica.
Tel que vous vous êtes exprimé hier avec Gérald Filion à RDI Économie, tout allait bien pour les gazières du Québec jusqu'au désastre écologique du puits de BP dans le golf du Mexique à compter du 20 avril 2010, journée de l'explosion de la plate-forme de forage "deepwater horizon". De votre aveu, vous ne comprenez pas les réticences des québécois envers les activités récentes des gazières et pétrolières au Québec. En mots simples, vous faites main basse sur nos richesses naturelles et il faudrait se fermer les yeux. Plusieurs québécois n'ont toujours pas digéré la perte de 40 milliards $ en 2008 de la Caisse sous la sage (!) direction de Henri-Paul Rousseau. Cette perte de 25% de la Caisse et l'arrogance de Jean John Charest sont quant à moi beaucoup plus importants que l'explosion de la plate-forme de BP dans le présent dossier.
En mettant la langue de bois de côté, il existe plusieurs facteurs locaux autres que les affirmations gratuites des Charest-Normandeau-Arcand pour justifier les réticences des Québécois envers l'industrie des gaz des schiste au Québec. Voici une liste limitée:
1. L'industrie minière dont vous êtes a-t-elle ajustée ses pratiques, utilisées en milieu nordique non habité, pour intervenir en milieu habité comme dans la vallée du Saint-Laurent où résident plus de 75% de la population du Québec? Selon plusieurs maires et l'Association des municipalités, les gazières ont agi cavalièrement, par surprise et dans le secret.
2. Vous vous êtes associés au Gouvernement du Québec pour faire la promotion de l'exploration des gaz de schiste par des compagnies privées. Les porte-parole tels les Charest-Normandeau-Arcand ont informé la population que la décision était prise et qu'il fallait aller de l'avant pour des raisons fallacieuses et non prouvées: pas de dangers pour l'environnement; d'ici 10 ans, le gaz naturel se substituera au pétrole, affirmation non appuyée sur des études indépendantes.
3. Vous voyez dans les richesses naturelles du Québec un bar ouvert où vous n'avez qu'à "claimer". Mais ces richesses sont de propriété publique. Cependant, le fiduciaire de nos richesses, le gouvernement du Québec, a agi mollement et même par collusion. C'est comme si on dilapidait ces richesses aux profits d'entreprises privées: redevances très faibles à comparer à ailleurs, contrôles environnementaux aléatoires ou inexistants, autorités municipales impuissantes, graves risques de pollution des eaux de surface et souterraine. comportement sauvage des gazières en laissant la merde au départ à la charge des citoyens comme cela s'est toujours fait dans le grand Nord du Québec qui est parsemé de milliers d'étangs de décantation de résidus miniers.
4. Les compagnies gazières profitent de la Loi sur les mines qui est désuète. Les normes et pratiques découlent directement du "free mining" né en Californie au XIXe siècle lors de la ruée vers l'or: premier arrivé, premier servi en réservant de grands territoires pour fin d'exploration.
5. Les québécois ont une expérience de la nationalisation d'une richesse naturelle, la force hydraulique générée par l'eau des nombreuses rivières du Québec. Avec les bénéfices versés chaque année par milliards $ par Hydro-Québec, les crédits gouvernementaux nécessaires, quoiqu'insuffisants, peuvent financer les 2 grands réseaux de l'éducation et de la santé. Avec l'entreprise privée, les bénéfices après taxes et redevances, iraient dans la poche des actionnaires et ne resteraient pas tous au Québec comme cela est le cas avec Hydro-Québec.
Avant de concéder au privé nos richesses naturelles, les québécois veulent connaître les différentes voies possibles au sujet de la filière des gaz de schiste. Le choix actuel fait par le Gouvernement n'est pas nécessairement le meilleur et la population n'est pas convaincu de cela. Le gaz emprisonné depuis plus de 400 millions d'années peut attendre encore quelques années, le temps que les québécois connaissent et comprennent les enjeux.
6. Jusqu'à maintenant, l'Association pétrolière et gazière du Québec (APGQ) ne livre pas la marchandise exigée par le public sous la forme d'informations claires et disponibles. Voici quelques exemples:
6.1 Lors des trois assemblées d'information présidée par André Caillé, un des buts était de répondre aux questions afin d'informer le public. Pour le bénéfice de tout le monde, si une somme d'information peut être dégagée de ces assemblées, l'APGQ peut-elle la diffuser sur son site internet? Selon le journaliste Louis-Gilles Francoeur du Devoir ce matin, cette somme d'information est indisponible en ce moment. Le public peut aussi être rejoint via les journaux par une publicité instructive avec un contenu pertinent et des références internet pour lire des documents plus élaborés.
6.2 La présence de la firme NATIONAL dans votre dossier est révélatrice de votre confusion et de votre incapacité surprenante de transmettre une information vulgarisée, précise et honnête. D'autre part, vous devez avoir le courage d'admettre vos ignorances. Est-ce que National vous recommandera la franchise et l'honnêteté, ou plutôt des moyens de sortir de la crise en sauvant les meubles?
6.3 Voici un bel exemple d'une information malle fagotée qui émane de votre association, l'APGQ. Il s'agit d'un document disponible sur votre site internet et intitulé "PROJET GAZIER DES SHALES D'UTICA - une richesse nouvelle pour le Québec", document que j'ai imprimé pour mieux l'étudier. L'information diffusée est désuète ou biaisée.
Par exemple, les graphiques présentent des chiffres de 2006 et nous serons bientôt en 2011. Autre exemple: à la page 6, le paragraphe sur l'UTILISATION DE L'EAU est capital mais on recourt à des unités de mesure qui ne sont pas à la portée du monde ordinaire. On parle qu'il faut 10 000 mètres cubes d'eau pour forer un puits d'exploration. Après une recherche où l'on apprend qu'il y a 1000 litres d'eau par mètre cube d'eau, on se retrouve avec 10 000 000 de litres d'eau pour UN forage d'exploration environ.
Ici on parle d'eau tout court. Mais en réalité, cette eau n'est pas pure. On apprend ailleurs que 0,5% de cette eau est composé de produits chimiques dans le but de fractionner le roc de shale, soit l'équivalent de 50 000 litres de produits chimiques dangereux pour UN puits. Et que seulement une partie de ces 50 000 litres de produits chimiques est récupérée alors que le reste est laissé dans le sous-sol. Où vont tous ces produits injectés à haute pression à UN, DEUX et même TROIS kilomètres sous terre?
7. Il y a ici une grave compétition entre l'eau et le gaz. L'eau propre est essentielle pour toute vie sur terre. Le gaz de schiste est essentiel pour la survie de toute entreprise minière du genre de GASTEM, JUNEX, TALISMAN etc.. Une contradiction surgit dans nos esprits: pour extraire les gaz de schiste, ça prend de grandes quantités d'eau qui à son origine est propre. Mais: lorsqu'on a trouvé le gaz, si on en trouve, on part avec le gaz propre et on laisse derrière soi de l'eau souillée, dont une partie par surcroît devrait être épurée aux frais de qui? Aux frais de Jean-Baptiste le québécois qui en plus achètera son gaz naturel. Comme écrivait Claude Chiasson, chroniqueur financier dans Le Devoir récemment, il ne faut pas tuer la poule aux oeufs d'or. Sauf qu'on commence à comprendre qui ramassera les oeufs d'or!
8. Hier commençait les audiences réduites du BAPE à Saint-Hyacinthe.
Ces audiences sont entachées de graves lacunes: a) l'absence d'études d'impact de la filière des gaz de schiste, et b) les quatre membres siégeant sur la Commission, tous issus de nominations politiques de Jean Charest, ne présentent pas l'apparence de l'objectivité requise pour mener ces audiences. Malheureusement, le Gouvernement lui-même a contribué à jeter le discrédit sur cette commission en claironnant que la décision était prise d'aller de l'avant avec des milliers de permis d'exploration émis et que les propos des opposants ne seraient pas écoutés. Comment ne pas penser que les dés sont pipés et que l'exercice du BAPE est inutile et invalide?
9. Je termine en citant un extrait d'une chanson de Félix Leclerc intitulée "Richesses":
"Cinquante ans de poussées, d'arrêts, je marche encore
Moissonner pour les autres sans avoir droit au grain
Défendre des pays qui volent votre bien
Leur bâtir des maisons et puis coucher dehors
Sonner cloches le jour, fêter des inconnus
Leur tresser des couronnes, n'être pas reconnu
Ouvrir chemin de fer, jamais prendre le train
Porter l'eau au désert, prise à votre moulin..."
Et une autre expression de Félix citée de mémoire:
"Faut pas laisser aller cela, nous autres!"
Sapré Félix, TU VOYAIS CLAIR !
GAZ DE SCHISTE AU QUÉBEC
L'exploration est prématurée!
Lettre adressée à Raymond SAVOIE, prés. de Gastem
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4 commentaires
François A. Lachapelle Répondre
6 octobre 2010600 000 OPTIONS D'ACHAT D'ACTIONS DE JUNEX ACCORDÉES à M. CAILLÉ
Grâce à la recherche d'un lecteur de vigile.net, nous sommes en mesure d'informer le public du nombre d'options d'achat d'actions que André Caillé a détenues dans la gazière JUNEX selon un communiqué de presse daté du 8 avril 2008. À cette datte, il s'agit de 600 000 options d'achat d'actions. Nous ne savons pas quels changements sont intervenus en date d'aujourd'hui.
Voici des extraits du communiqué de presse du 8 avril 2008:
"La société québécoise Junex (JNX) vient d'embaucher une figure bien connue du monde de l'énergie au Québec. La compagnie .... joint à son équipe André Caillé,... à titre de conseiller stratégique sénior.
L'arrivée de M. Caillé à titre de conseiller stratégique se veut un atout majeur pour l'équipe de direction de Junex, a déclaré mardi Jean-Yves Lavoie, président de Junex.
«L'addtion d'un conseiller stratégique de l'envergure de M. Caillé contribuera notamment à mieux planifier la prochaine phase de croissance de notre entreprise et à maximiser la valeur des quelque 900 000 acres nets de terrains que nous détenons dans les Basses-Terres du St-Laurent» a-t-il ajouté. M. Caillé a signé un contrat de trois ans renouvelable. Fait à souligner, M. Caillé ne recevra aucune rémunération monétaire pour son travail, alors qu'on lui attribuera des options d'achat d'actions.
À la signature du contrat, il s'est vu ainsi accorder 75 000 options d'achat d'actions au prix de 1,65$ chacune. Ces options peuvent être exercées immédiatement.
Le conseil d'administration de Junex a aussi accordé 525 000 options qui pourront être exercées au même prix. Ce bloc d'options sera libéré graduellement au cours des trois prochaines années. Les options sont valides pour une période maximale de 10 ans à condition que M. Caillé demeure en poste à titre de conseiller stratégique de la compagnie durant toute cette période. ... Fin du communiqué
Raymond Gauthier Répondre
6 octobre 2010Monsieur Raymond Savoie, pdg de GASTEM
Nous avons manifesté spontanément et démocratiquement, samedi dernier, devant votre siège social rue University à Montréal, pour vous exprimer le ras-le-bol que des citoyens madelinots et québécois amoureux des Îles ressentent face à vos intentions de venir, un jour ou l'autre, siphonner notre sous-sol. Vous aurez compris que vous n'y êtes pas bienvenu si vous persistez dans ce projet inapproprié.
Nous sommes une communauté des plus sociables, accueillantes et enjouées. Nous sommes ouverts à des activités de développement qui sont à la fois bénéfiques pour notre communauté et compatibles avec la fragilité de notre milieu. Nos élus ont eu la sagesse de réclamer un moratoire et un débat public, parce que la population a été tenue à l'écart des discussions. Plusieurs questions et inquiétudes légitimes n'ont pas reçu de réponses satisfaisantes. L'urgence n'est pas de forer. L'urgence c'est de rencontrer la population et de faire face à la musique : nous avons la musique dans le sang et la parole en bouche.
Il nous fera donc plaisir de vous recevoir pour nous annoncer que vous renoncez à ce projet tant et aussi longtemps que vous n'aurez pas reçu clairement l'aval de l'ensemble de la population. Ou tout simplement pour passer des vacances dans un milieu exceptionnel, vous en conviendrez.
Je vous connais peu, mais j'ai le sentiment que vous êtes une personne sensible et sensée et que vous saurez vous rendre à l'évidence.
Nous serons aussi, ce samedi, sur les Plaines d’Abraham, avec tous les Madelinots d’origine, de cœur et d’adoption, pour exprimer notre désapprobation à la fois envers les projets de GASTEM sur notre territoire insulaire et ceux de CORRODOR RESOURCES au large de nos côtes. Peu importe, dans ce cas, qu’on vienne siphonner du côté de Terre-Neuve ou du côté québécois (d’une frontière fluide et contestée) : c’est la même bêtise pour nous autres. N’en déplaise aux libéraux, aux péquistes, aux adéquistes qui rêvent de faire du Québec un état (provincial ou souverain) pétrolier et gazier. Sous prétexte d’autonomie énergétique, mon œil.
Vive le Québec libre et libéré des énergies fossiles d’ici quelques décennies !
Salutations respectueuses,
Raymond Gauthier, citoyen bien enraciné aux Îles de la Madeleine, de passage sur la grand’terre.
Sylvain Boucher Répondre
6 octobre 2010M. Lachapelle
Après nous avoir volé le Labrador, Terre-Neuve siphonera, sur notre territoire marin et malgré les paroles vides de l'ineffable Normandeau, tout le pétrole québecois d'Old Harry avec l'aide d'une firme d'exploration d'Halifax. Leur façon guerrière de procéder (avec l'aide d'Ottawa naturellement) est-elle prématurée ?
Archives de Vigile Répondre
6 octobre 2010en complément de lecture
Gastem - une question de respect !
http://www.vigile.net/Gastem-une-question-de-respect