L’idéalisation merdématique de Micahelle Jean

Chronique d'André Savard


Michaëlle Jean a été nommée gouverneure-générale pour donner un joli visage au poste de représentante de la reine d’Angleterre. Elle en a fait elle-même l’aveu lors de ce fameux discours où elle proclamait que le fait d’être “hot” avait joué un rôle moteur dans son élévation au rang de vice-reine.
Elle n’a pas inventé le discours officiel sur le Canada. Le Canada est un pur sujet d’idéalisation et très rarement un sujet de vérité. Il est devenu le foyer de la rencontre entre Français, Irlandais, Anglais et Écossais, une terre pacificatrice, d’harmonie, fondé il y a 400 ans, selon la version révisée, une douce forge où on se fond dans l’harmonie, sans briser la ligne mélodique.
La langue française y vogue de sommets en sommets, sauvée par la couronne d’Angleterre. Ce grand pays s’achemine vers le point Omega qui se révélera quand le Canada sera devenu “une seule nation”.
Le côté “dessin animé” de la version idéalisée défendue par Michaëlle Jean saute aux yeux. Le statut de province devient un haut résultat, la science d’avant-garde de l’égalité. Le creuset canadien, moule d’une “seule nation”, devient le symbole de la pratique révolutionnaire de l’amour.
La nation québécoise n’a pas de gouvernement national qui lui appartienne et qu’importe ! Si c’est la clef pour atteindre un stade d’évolution suprême. On allègue toujours un finalisme plus haut, une réalité plus enveloppante. On vient à peine de reconnaître la nation québécoise qu’elle est déjà dépassée par une réalité plus vaste faite de semi structures, des substitutifs, des seconds degrés, des sous-espaces, autre chose en tout cas. Quand la vice reine parle de l’unité c’est pour y planter son drapeau car, au Canada, poser la nation québécoise comme principe d’unité de la société québécoise fait verser des larmes attendrie sur le sort des minorités et de l’humanité en général.
Le discours de Michaëlle Jean n’est autre que le discours officiel canadien. Tissu de principes fleuris, assemblage de postures morales, il est le principe de traduction de la société canadienne. Il n’est pas nécessaire d’exposer le programme canadien mais de le traduire en concepts généreux.
Michaëlle Jean se présente partout, très « people » selon l’expression consacrée. Le fait qu’elle soit noire est une donnée sous-jacente qui en fait une utilité du régime : le Canada aimant brandir le fanion de l’anticolonialisme. La couleur de sa peau et son joli minois donne meilleure conscience devant son discours de traduction, des tirades attendries censées résumer les hautes intentions du régime canadien.
Pour boucler le message, un Camerounaise au bulletin télévisé nous explique qu’elle est la preuve vivante qu’une personne de race noire a aussi le droit de croire en ses rêves. Que dire après ça sans prendre le risque d’avoir l’air facho surtout si on est pure-laine, un titre qui ne vaut pas mieux que celui de Serbe.
Michaëlle Jean emploie les moyens poétiques les plus primitifs, les rimes les plus éculées. Le Canada est ce qu’il est pour que chacun ait le droit de croire en ses rêves d’un océan à l’autre. Michaëlle Jean dit d’ailleurs qu’elle peut faire la différence. Elle est une arme puissante aux mains des petits, des noirs, du prolétariat.
Le statut du Québec est une affaire de politiciens dans ce discours, une obsession corporatiste sans grande substance. Et ce statut compte bien peu face aux intérêts du vrai peuple défendus par la gouverneure générale, laquelle aurait l’oreille bienveillante du premier ministre. Dans cette version des faits, c’est la vice reine qui est la plus progressiste. C’est elle l’apôtre de la différence, elle qui veille pour que la grande nation canadienne, la plus progressiste de toutes, ne soit pas remplacée par une autre au Canada.
Quand on applaudit Michaëlle Jean, on croit applaudir un discours innocent, fleur bleue même. Il est certain que ce discours n’est jamais pleinement pensé et qu’il a été entonné par d’autres porte-voix avant elle. On y parle de “dynamisme extraordinaire”, de “développement organique”, de « contribution grandiose à la culture mondiale ».
[Ce discours, Michaëlle Jean est allée le reprendre en France->rub770], le même magma frelaté, le même alibi patenté du régime canadien. Ce discours officiel est le seul qui a droit de cité et il est le symbole du silence forcé qui pèse sur le statut du Québec. Après tout, la vie des Québécois n’est pas pénible. Et on est mieux de se la fermer plutôt que de se faire diffamer. Les Canadiens sont capables de faire un tel procès au Québec qu’on a intérêt à ne pas en parler. Les apôtres de la différence et de l’anticolonialisme vont tous prendre le clairon si on ose : plus personne n’osera croire que le Québec est innocent.
Bref, si on veut, on peut toujours souhaiter au Québec le mot de Cambrone, “merde” comme on dit, mais pas plus. Place au discours officiel de la vice reine. Le 400e c’est fait pour applaudir et écrire dans le journal que ces tempêtes d’applaudissements sont l’apogée du libéralisme, le signe de l’union de toutes les forces progressistes, démocratiques.
Pas besoin de parler du Québec. Il y a longtemps qu’il n’est plus un sujet de vérité dans le discours officiel. On a juste besoin de sujets d’idéalisations, une épidémie de création poétique bien placée, prononcée par les fonctions supérieures du régime.
André Savard


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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    12 mai 2008

    Quelle merde, vous avez raison. Comme si les injustices endurées par les autres sont les pires ou les seules à exister. Cette GG ne devrait plus avoir le droit de venir au Québec à titre de gouverneur général. Vous avez surement entendu dans son discours qu'elle souhaitait un pacte au Canada, et bien voici le pacte, ci-bas. Si vous avez des idées pour améliorer le pacte ci-joint et le rendre populaire n'hésitez à me contacter: Daniel Roy, C.A. danielroy­@qc.aira.com
    PACTE ENTRE LES CITOYENS ET LES CITOYENNES DU QUÉBEC
    Attendu qu’au cours des 249 dernières années, les Nations Britannique et Canadienne-anglaise ont commis un génocide à l’endroit des francophones du Canada et de la Nation Québécoise, dans le but avoué d’assimiler et d’éliminer le fait français en terre d’Amérique. On a utilisé la force pour occuper notre territoire. On a tué nos soldats, déporté nos gens, brulé nos fermes, violé nos femmes, volé nos terres, fermé nos écoles, lancé des injures, fait preuve de racisme, pendu nos chefs, approprié et traduit notre nom de Canadien, volé et traduit notre hymne national, interdit l’accès aux postes de directions, versé des salaires de crève-faim, imposé une autre langue au travail, causé la détérioration de notre langue, imposé un régime politique, provoqué l’exode de gens, retranché notre territoire, ordonné les conscriptions, appliqué les mesures de guerre, modifié la constitution, désavoué nos lois, triché durant les référendums, dépensé injustement nos impôts, etc.
    Attendu que depuis 249 ans, les Nations Britannique et Canadienne-anglaise ont privé la Nation Québécoise de son droit à l’autodétermination.
    Nous, Québécois et Québécoises :
    Exigeons des excuses et une compensation financière au moins équivalente à la part actuelle du Québec dans la dette fédérale du Canada.
    N’allons pas diviser les votes aux prochaines élections et allons voter pour le parti souverainiste le plus susceptible de prendre le pouvoir et qui engagera les moyens démocratiques nécessaires pour que le Québec devienne un pays.
    Nous, membres des minorités culturelles du Québec :
    Anglophones, Juives, Italiennes, Chinoises, Grecque et autres, en tant que Québécois et Québécoises et membres à part entière de la Nation Québécoise, joignons la majorité culturelle française du Québec dans la création du pays du Québec.
    Nous, représentants des partis politiques du Québec :
    N’allons pas diviser le vote aux prochaines élections et allons former une coalition en ne présentant des candidats que dans les comtés gagnants pour faire élire un ou des partis souverainistes et engager les moyens démocratiques nécessaires pour que le Québec devienne un pays.