L'Occident suivra-t-il les traces de l'Empire romain ?

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Effondrement occidental : les symptômes de la décadence sont nombreux

On oublie qu'avant sa mort, Rome présentait les mêmes symptômes que ceux qui se manifestent aujourd'hui en Occident.


Voici la ou les sources de cet article : Le Figaro, Wikidia et Les crises économiques d'hier et d'aujourd'huiVoici la source de la photo : Domaine public


La thèse revient régulièrement dans certains cercles intellectuels : l'Occident serait proche de la mort, et les causes de sa disparition imminente – voire programmée – sont multiples. A-t-on raison de s'inquiéter ?


Si l'on en juge par ce qui est arrivé à l'un des modèles de société dont l'Occident s'est inspiré, il serait effectivement temps de se préoccuper de l'avenir de la civilisation qui a mis au monde les principes des Lumières. L'Empire romain a façonné – du moins en partie – le monde tel que nous le connaissons aujourd'hui, mais cet archétype de la société moderne n'a pas survécu. Le même sort attend-il l'Occident ?


Un pouvoir politique incompétent


La Rome antique était avant toutes choses une civilisation ayant mis au point un système politique fort complexe qui comprenait des dirigeants (les consuls, ancêtres de nos présidents et premiers ministres, les tribuns de la plèbe, etc.), un sénat, une bureaucratie développée, une armée et les institutions qui en découlaient.


Pendant plusieurs siècles, Rome a dominé le monde. Et son déclin ne s'est pas amorcé durant l'antiquité tardive (284 à 476), comme le suggèrent certains historiens, mais dès le début de l'empire qui a succédé à la république en 27 avant Jésus-Christ. Car lors de la transition des deux systèmes de pouvoir, le sénat, colonne vertébrale de la vie politique romaine, a été dépouillé de son autorité.


Les sénateurs ont ainsi été réduits à l'état de simples figurants dans une institution qui n'avait plus les moyens de contrebalancer le pouvoir. Un pouvoir vampirisé par l'entourage des empereurs qui s'adonnaient à des jeux de coulisses faisant penser aux scandales de corruption modernes.


La République avait comme devise Senatus Populusque Romanus : le sénat, le peuple et Rome. L'empire eut tôt fait de chasser cette devise en désacralisant le sénat comme lieu de débats politiques avec le peuple comme avant-garde et Rome comme symbole identitaire.


Les invasions barbares


Rome privée de corps politique compétent, il fut de plus en plus aisé pour les barbares de l'assiéger. Les invasions ont porté un coup fatal non seulement à l'empire militaire, mais aussi à la société romaine, marquée jusque lors par une relative homogénéité culturelle.


À mesure des conquêtes, la population romaine d'origine fut remplacée par des peuples allogènes. Le patriotisme fut alors mis à mal : les « Romains » ne voulaient plus se battre pour Rome. Mais la population ethnique n'a pas grossi qu'à coups d'invasions militaires. Car hier comme aujourd'hui, la prospérité a toujours attiré les damnés de la terre. L'élite romaine avait besoin de « cheap labor », qu'elle s'activa à puiser dans le lumpenprolétariat issu des régions orientales. Un « cheap labor » que l'armée a également incorporé dans ses rangs pour défendre l'empire à ses extrémités, de plus en plus vulnérables.


À partir de la fin du deuxième siècle après Jésus-Christ, de plus en plus de généraux et d'empereurs venaient de l'étranger. Ce fut le cas des empereurs de la dynastie des Sévères (Septime Sévère, Caracalla, Élagabal et Sévère Alexandre, d'origines libyenne et syrienne), qui a régné de 196 à 235. Ces césars d'un autre temps, bien qu'ils fussent citoyens romains, étaient éloignés de la culture classique de Rome ; deux siècles, après tout, les séparaient de Cicéron et d'Auguste. Avec eux à la barre, Rome traversa une crise identitaire.


Problème démographique et décadence


Les invasions sont survenues à un moment où un sérieux déclin démographique apparaissait dans l'Empire, d'où la nécessité de renouveler la population par les migrants. En parallèle, le peuple perdra tout goût pour les institutions démocratiques ; le Romain devint apolitique et préféra les spectacles au labeur.


À la fin de l'empire, devenu de plus en plus étatiste, le pouvoir central n'était plus capable d'entretenir ses infrastructures. Cet étatisme avait pour corollaire la bureaucratie rampante et les taxes élevées qui étranglaient une économie déjà chancelante. Corruption, faiblesse chronique du politique, influence grandissante des étrangers, Rome s'est détruite avant de se faire détruire.


La fin de l'empire et le début de l'âge des ténèbres ont mis fin au premier âge du politique et à ses idées révolutionnaires en instituant un ordre bâti sur le chaos et l'absolutisme. Dans les faits, la mixité barbares-Romains a ouvert le passage à la naissance de la civilisation occidentale. En revanche, le risque est grand que la mixité moderne mette fin à la civilisation occidentale et conduise à la naissance d'une autre civilisation qui finira par mettre de côté les idées issues des Lumières.