L'Ontario devrait importer plus d'électricité du Québec, selon une étude

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Pas si facile que ça. Le contentieux est lourd

Le Québec et l'Ontario bénéficieraient également d'une hausse des exportations d'hydroélectricité sur le plan économique, selon un rapport produit par des groupes environnementalistes des deux provinces.
En augmentant les exportations vers l'Ontario à partir des lignes de transport d'Hydro-Québec déjà en place, le Québec engrangerait des revenus d'environ 600 millions $ par année, soit quelque 12 milliards $ sur 20 ans, conclut-on dans le document produit par Équiterre et l'Ontario Clean Air Alliance (OCAA).
L'Ontario ne serait pas en reste; la province réaliserait des économies équivalentes, estiment les deux organismes, qui n'ont pas manqué de souligner l'incertitude entourant l'avenir de la centrale nucléaire de Darlington. En mai dernier, la Cour fédérale a rejeté les approbations préliminaires pour la construction d'une série de nouveaux réacteurs nucléaires de puissance à la centrale. Le projet d'expansion est donc sur la glace.
Selon Steven Guilbeault, directeur principal d'Équiterre, les conditions gagnantes sont donc réunies, d'autant plus qu'au cours des dernières années, les prix à l'exportation vers le sud ont fondu comme neige au soleil dans la foulée des changements survenus dans le paysage énergétique aux États-Unis.
«En raison de l'exploitation des gaz de schiste, à partir de 2008, la baisse brutale du prix du gaz naturel a entraîné une diminution importante du prix de l'électricité dans le Nord-Est américain», peut-on lire dans un rapport de la Commission sur les enjeux énergétiques du Québec qu'Équiterre et l'OCAA ont utilisé pour élaborer le leur.
Qui plus est, de ce côté-ci de la frontière, le Québec ne sait que faire de ses surplus d'électricité, mais surtout, la situation politique - l'élection récente de deux gouvernements libéraux - est favorable à la conclusion d'une entente, croit M. Guilbeault.
«Si on avait eu le PQ au Québec encore et les conservateurs en Ontario, je ne suis pas sûr que ces deux partis auraient eu envie de se lancer dans des négociations. Alors là, je pense que des deux côtés, il y a un intérêt», a-t-il suggéré.
Évidemment, l'enjeu de la création d'emplois - qui a été au coeur de la campagne électorale ontarienne s'étant soldée par l'élection Kathleen Wynne - pourrait venir compliquer les choses, reconnaît l'environnementaliste.
«Il pourrait y avoir des réticences, a lâché Steven Guilbeault. Si on décide de ne pas rénover cette centrale-là, ce sont des emplois en moins. Mais je pense que l'analyse qui doit être faite en Ontario, c'est de savoir si le coût du nucléaire justifie le maintien de ces emplois-là.»
En allant de l'avant avec ce projet, le gouvernement du Québec - principal actionnaire de la société d'État - pourrait réinjecter les sommes engrangées dans ses programmes sociaux, dans les infrastructures comme le transport en commun ou encore à la réduction de la dette, plaident les auteurs du document.
«En vendant aux États-Unis, Hydro-Québec fait de bonnes affaires, mais ce qu'on propose, c'est de faire de meilleures affaires», a résumé M. Guilbeault.
Le ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles, Pierre Arcand, a d'ores et déjà confirmé le préjugé favorable du gouvernement libéral du Québec envers une hausse des exportations, a rappelé son attachée de presse, Véronique Normandin.
Le ministre Arcand, en réunion toute la journée selon Mme Normandin, n'a pas pris connaissance du rapport, qui tient à peine sur quatre pages.
Du côté d'Hydro-Québec, on remet en question les chiffres mis de l'avant par la Commission sur les enjeux énergétiques du Québec qui ont été repris dans le rapport, les qualifiant de «désuets».
«Contrairement à ce que le rapport laisse croire, le marché est beaucoup plus complexe, et ça évolue beaucoup plus rapidement. (...) Par exemple, le prix moyen de marché a progressé au cours des derniers mois: au dernier trimestre de 2014 (de janvier à mars), le prix moyen à l'exportation était de huit sous alors qu'on parle de trois sous dans le rapport», a exposé en entrevue téléphonique une attachée de presse, Marie-Elaine Deveault.
Cela ne signifie pas pour autant que les exportations dans l'axe est-ouest ne sont pas dans les cartons de la société d'État, a-t-elle tenu à spécifier.
«C'est sûr qu'on est toujours ouverts à des nouvelles opportunités d'affaires. La collaboration est déjà établie et Hydro-Québec poursuivra ses discussions avec les instances de marché en Ontario», a signalé Mme Deveault.
Le calcul des retombées économiques a été réalisé à partir d'un tarif à l'exportation de 5,7 sous le kWh, soit environ le double du prix de vente en vigueur pour les clients américains d'Hydro-Québec. Selon ce qu'a estimé la Commission sur les enjeux énergétiques du Québec en février dernier, en se basant sur le prix moyen des exportations hors pointe de 2012, ce tarif serait de 3 sous le kWh.
Pour en arriver au montant de 5,7 sous le kWh, Équiterre et l'OCAA ont fait la moyenne entre le prix évalué des exportations au sud de la frontière et celui qui découlerait selon eux d'un approvisionnement à la centrale nucléaire de Darlington après sa réfection, selon la Ontario Power Generation, soit 8,3 sous le kWh.
La Commission sur les enjeux énergétiques du Québec avait été créée en juillet 2013 par le gouvernement péquiste avec comme mandat «d'amorcer une réflexion citoyenne sur les principaux enjeux énergétiques du Québec», peut-on lire sur son site Internet. Elle était coprésidée par Jacques Lanoue, un ancien cadre d'Hydro-Québec, et Normand Mousseau, un professeur de physique.


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