La courbe d'apprentissage

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Et après avoir mis le feu aux poudres, La Presse exulte

Pierre Karl Péladeau a fait son entrée en politique il y a presque deux ans, en mars 2014, en devenant, à la surprise générale, le candidat-vedette de l’équipe de Pauline Marois.
Si M. Péladeau constituait une grosse prise pour le Parti québécois, on a rapidement découvert qu’il n’avait pas d’aptitudes naturelles pour sa nouvelle vocation : ce n’était pas un grand orateur et il n’avait pas de réflexes politiques aiguisés, comme le rappelle l’image de son poing levé le jour de l’annonce de sa candidature.
On pouvait cependant se dire que le temps arrangerait les choses et que le néophyte finirait par prendre de l’expérience.
Certains nouveaux venus ont la politique dans le sang, comme Lucien Bouchard à l’époque. D’autres doivent apprendre sur le tas, comme Justin Trudeau, qui a fait des progrès impressionnants depuis qu’il a pris la direction de son parti.
Mais dans le cas de M. Péladeau, la courbe d’apprentissage est particulièrement plate. Le chef péquiste n’a toujours pas développé d’aptitudes oratoires, il continue à faire des gaffes de débutant et il a le plus grand mal à intégrer les règles du jeu de la vie politique en démocratie.
C’est ce que met en relief la façon dont M. Péladeau a mené le débat sur son projet d’un institut de recherche sur la souveraineté. En soi, c’est une bonne idée, un outil qui enrichirait le débat démocratique. Les seuls bémols sur ce projet portent sur son indépendance. S’il est une extension du Parti québécois ou si M. Péladeau pèse lourd dans son financement, cet institut pourrait être soumis à la loi sur le financement des partis politiques.
Qu’a fait M. Péladeau ? Il a envoyé une mise en demeure pour exiger une rétractation des membres de la CAQ qui avaient soulevé cette question et songe faire de même avec les libéraux. Cette réaction intempestive montre que M. Péladeau n’a pas bien compris la nature du débat politique qui doit se faire avec des idées plutôt qu’avec des avocats. Et qu’a fait M. Péladeau lorsque la plupart des analystes politiques ont souligné que ce n’était pas la bonne façon de faire ? Une autre charge, sur sa page Facebook, visant deux collègues de La Presse, qu’il a qualifiés, avec sa finesse habituelle, de « petits soldats de Power Corporation du Canada ».
Je ne veux pas entrer dans ce débat, sauf pour souligner une chose. Cela fera bientôt 50 ans que le Parti québécois a été fondé. La Presse, même si elle n’est pas en faveur de la souveraineté dans ses positions éditoriales, a entretenu des relations correctes avec tous les prédécesseurs de M. Péladeau. Celui-ci est le premier chef du PQ à manifester une animosité palpable, frisant l’obsession, à l’égard de La Presse. Difficile de ne pas y voir un prolongement, dans ses nouvelles fonctions, de l’attitude belliqueuse qu’il avait, en tant que patron de Québecor, pour son principal concurrent. Là non plus, il ne semble pas avoir compris les règles du jeu que lui imposent ses nouvelles fonctions.
Cet incident permet aussi de mieux préciser la géographie mentale du chef péquiste. Son côté belliqueux, avec cette manie des poursuites, une tactique d’intimidation dont il usait abondamment dans sa vie corporative, ses difficultés à tolérer les critiques, son irascibilité et son absence de filtres qui l’amènent à des réactions intempestives qu’il couche imprudemment sur Facebook. À cela s’ajoute probablement un autre élément, moins visible de l’extérieur, le fait qu’il n’écoute pas, qui se traduit par l’absence manifeste dans son entourage de gens capables de l’encadrer et de tempérer ses élans.
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