Les «bons» partis politiques et les autres...

La désinformation en habit du dimanche

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Le fédéralisme canadien en est réduit à dépendre pour sa survie de la propagande active des médias en sa faveur

Les auditeurs de l'émission «Desautels le dimanche» de Radio-Canada ont eu droit dimanche dernier à un bilan si partial et tordu de la campagne électorale fédérale qu'ils doivent encore se demander si Stephen Harper, Gilles Duceppe et Elizabeth May sont toujours dans la course.

L'animateur Michel Desautels et ses deux invités, Gilbert Lavoie du journal Le Soleil et Alec Castonguay de l'Actualité, ont discuté de la «grave erreur stratégique» de Tom Mulcair et de «l'étonnante» performance de Justin Trudeau pendant 14 minutes sans vraiment parler de leurs trois adversaires. Curieusement, ils ont tout de même constaté qu'il est difficile de prévoir l'issue du scrutin étant donné la multiplicité des partis et l'importance des thèmes régionaux qui peuvent faire pencher la balance en faveur de ceux dont ils préfèrent oublier l'existence.

Pauvre Tom, il s'est fourvoyé en poussant son parti vers le centre, près des libéraux, pour ensuite critiquer Stephen Harper plutôt que de donner de l'espoir aux électeurs, a déploré Gilbert Lavoie. Selon le journaliste du Soleil, les députés néo-démocrates de la région de Québec et leurs collègues conservateurs ont été si timorés pendant leur mandat que les libéraux pourraient bien leur ravir leurs sièges. Ce serait en quelque sorte un nouveau «mystère de Québec».

Les jeux ne sont pas vraiment faits estime pour sa part Alec Castonguay: «Le NPD est encore premier au Québec» soutient-il, en dépit du fait que deux sondages ont indiqué cette semaine que les troupes de Tom Mulcair sont en chute libre dans les intentions de vote. Tellement d'ailleurs, que le sondage de la firme Abacus et celui de Léger-TVA -Le Devoir, indiquent tous deux que le NPD a perdu la première place dans les intentions de vote des francophones. Selon le sondage Léger publié vendredi dernier, le Bloc Québécois a maintenant l'appui de 30% des électeurs francophones et le NPD 27%.

Expliquer le recul du NPD au Québec de cette manière bancale c'est faire abstraction des déclarations vaseuses de Mulcair et de son entourage sur le projet de construction du pipeline d'Énergie Est. Selon le vieil adage politique, le chef du NPD n'est ni pour, ni contre, bien au au contraire! Ce refus de s'engager semble une mauvaise stratégie puisque la majorité des électeurs est contre ce projet et que de nombreuses municipalités s'y opposent également.

Les électeurs du Québec ont compris que Tom Mulcair disait la même chose que les libéraux au sujet du niqab. Chaque femme est libre de choisir ses vêtements, soutient-il. Mulcair prétend d'ailleurs que les tribunaux ont tranché la question mais en fait c'est simplement la directive du ministre qui a été déclarée illégale. Le juge ne s'est jamais prononcé sur le fond, il a simplement renvoyé la balle aux législateurs. C'est pourquoi M. Mulcair a, depuis quelques jours, changé son fusil d'épaule: il se déclare maintenant mal à l'aise face au niqab.

On peut continuer longtemps d'énumérer les sujets dont trois des chefs, la radio d'État et la presse écrite fédéraliste ne parlent pas, dont l'étranglement fiscal des provinces, mais c'est trop compliqué et surtout moins vendeur qu'un combat de coq entre Trudeau et Mulcair. Le bureau du Directeur parlementaire du budget a d'ailleurs publié deux rapports sur le sujet. Le second, paru l'été dernier, a été évoqué par Gilles Duceppe au cours du débat entre les chefs, mais ses adversaires ont choisi de l'ignorer.

Selon ces documents officiels, «Le Québec va subir un étranglement fiscal (structurel) dans les décennies à venir. En tenant compte de trois changements politiques annoncés par le gouvernement conservateur la dette du gouvernement fédéral déclinera continuellement pendant ce temps pour s'effacer complètement en 2040, écrit le Directeur parlementaire du budget.

La radio d'État n'a pas jugé utile de traiter de cette question d'ailleurs ignorée par l'ensemble de la presse depuis le début de la campagne. Pour leur part, Mulcair, Harper et Trudeau ont préféré s'abstenir, craignant sans doute d'amener de l'eau au moulin de Gilles Duceppe. Nous en reparlerons peut-être un jour quand les provinces tenteront d'atteindre le déficit zéro sans récupérer les impôts perçus en trop par le gouvernement fédéral.

(Extraits du rapport) du Directeur parlementaire du budget) :

Le DPB et Finances Canada ont tous deux fourni une évaluation de l’incidence des récents changements de politique sur la viabilité financière fédérale :
Premièrement, en décembre 2011, le gouvernement du Canada a annoncé que les TCS (Transfères canadiens en santé) continueraient à augmenter de 6 % annuellement jusqu’en 2016-2017 et augmenterait ensuite selon la moyenne mobile de trois ans de la croissance du PIB nominal.
Deuxièmement, le budget de 2012 a réduit les dépenses de programme directes prévues (en plus de maintenir le gel des dépenses de fonctionnement)
Troisièmement, on a annoncé dans le budget de 2012 que l’âge d’admissibilité au programme de la Sécurité de la vieillesse passerait de 65 à 67 ans à partir de 2023, la hausse devant être intégralement mise en œuvre d’ici janvier 2029.
Le rapport de Finances Canada fournit une illustration de l’incidence de ces principaux changements de politique en comparant la projection du gouvernement fondée sur le statu quo à un scénario qui n’inclut pas ces mesures. À des fins de comparabilité, le DPB a produit le même graphique à partir de ses projections (figure 4-1)
Le graphique compare l’évolution de la dette en % du PIB jusqu’en 2050.
En tenant compte des trois changements de politiques. Le DPB prévoit que la dette du gouvernement fédéral déclinera continuellement, pour s’effacer complètement en 2040 !

(Compte tenue de l’impact de ces prévisions sur la viabilité même de la fédération, le rapport du DPB émet des recommandations) :
En raison des importantes interactions entre la politique fédérale et celle d’autres ordres de gouvernement, les RVF (Rapports sur la viabilité financière) de 2011 et 2012 ont élargi la portée de l’analyse de la viabilité pour englober les provinces et les territoires, les administrations locales et les régimes de pension de l’État.
(...)
Par conséquent, il invite les parlementaires – individuellement ou par l’intermédiaire de leurs comités – à demander que Finances Canada fournisse les analyses de la viabilité financière des gouvernements provinciaux territoriaux qu’il a préparées.
Source.
Quelles conséquences pour le Québec ?
Ce qui ressort clairement de ce rapport du DPB, c’est que le gouvernement Harper a fait des choix budgétaires qui, si rien ne change, vont menés à l’étranglement fiscal du Québec.
Puisque les médias propagandistes des bienfaits de l’Idée fédérale ont ignoré ce rapport ; et on devine pourquoi, il faut donc s’en remettre aux conclusions du National Post pour se faire une idée de sa véritable portée politique. Les finances des provinces (dont le Québec) seront dévastées ; alors qu’elles consacreront l’entièreté de leur budget à la santé ; cette position de faiblesse permettra au fédéral d’imposer ses choix qui coïncident avec les intérêts de l’Alberta : « The provinces, that is to say, are doomed», soutient le journal torontois.

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Gilles Paquin32 articles

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Ancien directeur de la section politique au quotidien La Presse. Journaliste pendant 35 ans, il a aussi travaillé à la radio et à la télé de Radio-Canada ainsi qu'aux quotidiens Le Droit à Ottawa et au Montréal-Matin. Il a été correspondant et envoyé spécial dans de nombreux pays en Europe, en Afrique, en Amérique latine et en Asie.





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2 commentaires

  • François A. Lachapelle Répondre

    13 octobre 2015

    Il est instructif de faire une recherche sur la toile internet avec les mots " Thomas Mulcair et Allicance Québec ".
    Voici quelques informations trouvées qui parlent d'elles-mêmes: Alliance Québec « a cessé ses activités en 2005 lorsque le ministère du Patrimoine canadien a mis fin à ses subventions, qui comptaient pour 90 % de son financement.
    Thomas Mulcair fut son directeur des affaires juridiques de 1983 à 1985.
    »
    Ainsi, Alliance Québec, subventionnée à la auteur de 90% par le Gouvernement fédéral, était ni plus ni moins qu'un agent du Gouvernement fédéral en terre québécoise.
    De plus, Thomas Mulcair était un ouvrier actif contre les lois québécoises faisant la promotion de la langue anglaise dans l'affichage et dans les écoles. Qu'on pense au phénomène des "écoles passerelles" qui ouvraient l'école publique anglaise pour eux et pour les parents, frères et soeurs, à des Québécois qui refusaient l'intégration sociale via l'école publique de langue française. Ces ayants droits aujourd'hui sont des membres actifs de la colonie anglaise du Québec au lieu de s'être intégrés à la culture française du Québec.
    Thomas Mulcaire est une canadien qui ne mérite pas une seconde la confiance des Québécois qui voient l'érosion constante de la culture québécoise française au Québec en 2015. Les canadiens-anglais du Québec ne tolèrent pas l'épanouissement et la progression de la culture québécoise française en terre québécoise.
    Les canadiens-anglais et les anglophiles du Québec se sentent fragilisés par une expression fière et courageuse des Québécois "pures laines" et des Néo-Québécois.

  • Jean-Claude Pomerleau Répondre

    6 octobre 2015


    Médiacratie 101
    De l'utilité de la boussole électorale de Radio Canada, dont on nous annonce qu'elle a passé le cap du millions de visiteurs !
    Un ami a fait le test. Après avoir fait le choix indépendantiste, et complété la série de questions. Il se fait indiqué que le parti qui correspond le plus à ses choix est : Le NPD.
    Un boussole indique toujours le nord, celle de Radio Canada... le NPD !
    JCPomerleau