La dynamique fédérale belge est dissociatrice

Chronique de José Fontaine


Avec quelques amis, je suis en train de préparer une REPONSE WALLONNE au Manifeste bruxellois de décembre dernier qui prend parti pour le fédéralisme fondé sur les territoires régionaux et non sur les langues. Si telle est la position bruxelloise aujourd’hui, telle a toujours été la position wallonne.
Je me rends compte à certains égards à quel point ici, la problématique wallonne est différente de la problématique québécoise.
Jean-Marc Ferry a dit excellemment que, en politique, tout ce qui est imposé de l’extérieur est faux. Or la Belgique s’est tout de même érigée en nation indépendante sur la base d’un désir en tout cas des élites tant de Flandre que de Wallonie. Ce n’est pas extérieur.
De même le fédéralisme ne nous a certes pas été imposé du dehors (même si une certaine opinion poujadiste le pense): il est le fruit de discussions interminables qui nous rendent ridicules à l’étranger, mais bien à tort. Nous nous sommes disputés sans faire couler le sang et pour arriver à des accords qui détricotent de plus en plus l’Etat national belge.
C’est à un tel point que les Bruxellois, une population certes concernée par les conflits belges, mais qui a toujours été traditionnellement assez opposée au fédéralisme, sont en train de changer. Il s’est produit ceci, c’est que la capitale belge a une sorte de conscience urbaine forte qui la rapproche d’une sorte de conscience “nationale”.
Or, dès l’instant où cette conscience se manifeste, les Wallons n’ont pas de problème avec une telle affirmation, car ils se sont toujours sentis différents des Bruxellois et le fait que ceux-ci veuillent être distincts semble logique aux Wallons et même sympa puisque c’est une façon de reconnaître la différence wallonne.
Evidemment, les choses sont rendues plus faciles côté wallon parce que les Bruxellois fédéralistes d’aujourd’hui (chose impossible hier: chez nous le fédéralisme est une rupture de l’Etat unitaire donc un anti-unitarisme), sont aussi – qu’ils soient de langue française ou de langue flamande – en accord avec l’idée que la lingua franca de Bruxelles est le français. Ce qui pose des problèmes aux Flamands en raison du fait – que les Québécois comprendront – qu’une métropole impose sa manière d’être à l’hinterland dont elle est la ville/mère, y compris sur le plan linguistique.
Mais les Flamands se défendront. En tout cas, le rapprochement entre Wallons et Bruxellois est une bonne chose pour la Wallonie et ce rapprochement n’est nullement conçu dans un état d’esprit hostile à la Flandre.
Dès lors le fédéralisme belge, qui est un fédéralisme de dissociation, remplit son rôle à la perfection: il distingue et il différencie mais en même temps il rapproche. On pourrait même imaginer que le fédéralisme belge se mue en confédéralisme, soit une organisation qui associe des Etats indépendants: dans le cas belge ce serait une association réelle.
José Fontaine

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José Fontaine355 articles

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Né le 28/6/46 à Jemappes (Borinage, Wallonie). Docteur en philosophie pour une thèse intitulée "Le mal chez Rousseau et Kant" (Université catholique de Louvain, 1975), Professeur de philosophie et de sociologie (dans l'enseignement supérieur social à Namur et Mirwart) et directeur de la revue TOUDI (fondée en 1986), revue annuelle de 1987 à 1995 (huit numéros parus), puis mensuelle de 1997 à 2004, aujourd'hui trimestrielle (en tout 71 numéros parus). A paru aussi de 1992 à 1996 le mensuel République que j'ai également dirigé et qui a finalement fusionné avec TOUDI en 1997.

Esprit et insoumission ne font qu'un, et dès lors, j'essaye de dire avec Marie dans le "Magnificat", qui veut dire " impatience de la liberté": Mon âme magnifie le Seigneur, car il dépose les Puissants de leur trône. J'essaye...





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