La francisation pas terminée chez Bombardier

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Trente-six ans après l'adoption de la Loi 101, nous en sommes encore là !

(Montréal) Il y a plus d'un an, le pdg de Bombardier, Pierre Beaudoin, disait avoir bon espoir que la division Aéronautique de la multinationale obtienne son certificat de francisation «prochainement». Il faudra finalement attendre jusqu'à l'année prochaine.
Au printemps 2012, l'Office québécois de la langue française a accordé à Bombardier Aéronautique une sixième prolongation pour lui permettre de compléter son programme de francisation, amorcé dans les années 80.
L'avionneur vise le mois de décembre pour atteindre cet objectif. «À la fin de l'année, nous croyons que l'Office aura tout en mains pour étudier notre candidature à la certification», explique la présidente du comité de francisation de Bombardier Aéronautique, Sophie Langley, au cours d'un entretien téléphonique avec La Presse Affaires. Si tout va bien, le certificat sera délivré au début de 2014.
Plus tôt ce mois-ci, l'Office a réalisé une première vérification détaillée du processus de francisation dans certains établissements de Bombardier Aéronautique de la région de Montréal.
«Dans le passé, il y a eu des audits où l'Office avait vraiment relevé des manquements, note Mme Langley. Ils sont repassés là où ils avaient vu des anomalies et ils ont constaté que les correctifs avaient été apportés. C'est très positif pour nous.»
Les lacunes touchaient notamment l'affichage, des documents de travail et des logiciels. En fait, il y a six ou sept ans, à peine 2 ou 3% des postes de travail de Bombardier Aéronautique étaient munis de la version française de la suite Office de Microsoft. Maintenant, l'entreprise insiste pour que ses employés installent ces logiciels en français.
«Nous ne visons pas 100% des postes, précise toutefois Sophie Langley. Nous visons au moins 50%, et cet objectif a été atteint en début d'année. Nous en sommes maintenant à plus de 55% [des postes dotés de logiciels en français] pour l'ensemble de nos sites au Québec.»
Une exemption a toutefois été accordée aux employés qui effectuent des fonctions avancées avec le tableur Excel en raison d'incompatibilités entre les versions anglaise et française du logiciel. Les utilisateurs experts «nous ont dit qu'Excel en français, il ne faut pas toucher à ça!» glisse Mme Langley.
Dans le cas de FlexNet, un logiciel utilisé par les équipes de production de la nouvelle gamme d'appareils CSeries, l'avionneur a effectué la traduction lui-même, ce qui a nécessité 1800 heures de travail. En mars, l'Office a décerné un Mérite du français à Bombardier Aéronautique pour cette réalisation.
Les fournisseurs québécois de la multinationale doivent aussi s'adapter. «Bombardier s'assure que l'entreprise qui obtient un contrat chez nous pourra nous fournir des étiquettes de sécurité et des directives en français avec ses produits, souligne Sophie Langley. Si le fournisseur n'arrive pas à respecter cette exigence-là pour nos usines du Québec, on ne le choisira pas.»
D'ici la fin de l'année, Bombardier Aéronautique devra mettre les bouchées doubles pour achever la version française de certains cahiers de montage et de certains formulaires. Le comité de francisation de l'entreprise dispose d'une base de données comptant plus de 30 000 mots, mais certains termes n'ont pas encore été traduits. Des terminologues de l'Office aident Bombardier à terminer le travail.
«Ces dernières années, l'employeur a pris conscience de l'importance de la francisation et a mis les ressources nécessaires pour faire aboutir le dossier», dit Richard Gascon, président exécutif du syndicat des employés du centre de finition de Dorval (TCA-Québec).
Résistance
Mme Langley reconnaît que les efforts de francisation ont suscité de la résistance chez certains employés, et pas seulement les non-francophones.
«Je mentirais si je disais non, affirme-t-elle. Il y en a eu et il y en a encore, mais Bombardier a choisi de ne pas y aller avec l'approche dure. On n'a pas forcé les employés. On les a sensibilisés et on les a aidés en leur offrant des cours de français. Une langue, on ne peut pas imposer ça. Il faut que chacun y mette du sien.»
Il reste qu'en vertu d'ententes particulières conclues avec l'Office, pas moins de 3400 des quelque 15 000 salariés de Bombardier Aéronautique au Québec ont le droit de travailler en anglais parce qu'ils traitent avec des fournisseurs ou des clients situés à l'extérieur de la province. Ces ententes demeureront valides jusqu'en 2017, même si l'entreprise décroche son certificat de francisation entre-temps.


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