La grande puissance qui n’existe pas

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Un déclin fulgurant


« Les USA, seraient une espèce de république bananière ? Les USA une grande puissance. Si je me trompe, corrigez-moi. »

– Vladimir Poutine


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En balayant les allégations de truquage électoral, cette question de Vladimir Poutine, Président de la Fédération de Russie, fait jaillir une note ironique persistante en ce début d’année 2017. Au moment où l’état de grâce des premiers cents jours de la phase d’activité fiévreuse – du futur Président Donald Trump et de sa nouvelle administration – se terminera, il deviendra clair pour tout être pensant du globe, qu’en fait les États-Unis d’Amérique n’existent plus (et n’existent plus depuis sans doute un bout de temps).


Si par « États-Unis d’Amérique » on entend grande puissance fonctionnelle, avec une cohérence politique à l’égard du monde extérieur, alors ce qui précède est assurément très vrai. Il y a la simulation, parfaitement, sauf que même dans un état de décomposition aussi avancé, cette comédie surajoutée tourne quasiment au pitoyable.


On pourrait argumenter que Donald Trump a été mis au pouvoir pour arrêter la désintégration des USA ; mais on pourrait soutenir aussi qu’il a été choisi plutôt qu’élu pour gérer la désintégration, afin qu’elle ne devienne pas hors de contrôle (finisse en guerre nucléaire, par exemple). Vu le comportement de l’administration Obama, quiconque pourrait aussi faire remarquer qu’au cours des huit dernières années, se rendant parfaitement compte de la situation désespérée, certains zèbres du zélite des USA ont liquidé en secret les atouts de la grande puissance (comme l’idéologie, les institutions gouvernementales et sans doute même militaires) pour essayer de grossir frauduleusement leur fortune personnelle.


Admirez ce qu’a trafiqué la première administration Obama. En 2009, au moment où le « remplaçant de la Clinton » a pris le pouvoir, la réduction des ressources, la pollution et la surpopulation, avaient mis fin à la croissance économique sans limite. N’ayant après cela aucune « pompe à finance » pour payer les serviteurs de l’Empire, Obama s’est rabattu sur les vieilles méthodes éprouvées, celles dont doit user tout empire : Faire un casse (conquérir un territoire, piller son trésor public, utiliser une partie de ce dernier pour payer les coûts de maintenance et l’autre pour lancer d’autres conquêtes). Les USA ont donc envahi la Libye, pillé l’or et l’argent liquide, vendu les droits d’exploitation des hydrocarbures, puis utilisé une partie du butin pour régler les frais d’entretien et l’autre pour conquérir la Syrie, d’où la manœuvre aurait dû repartir pour un tour. Naturellement, ce genre de magouille à la Ponzi ne peut guère durer longtemps. Elle a pris fin en 2013, quand la Fédération de Russie a forcé l’administration Obama à reculer en Syrie. Tout comme tomba l’empire de Rome, suite au manque de royaumes sans défense à attaquer, de même les USA ont commencé à fléchir quand ils ont été face à des puissances capables de se défendre.


Et tout comme la politique romaine devint chaotique dès que l’empire n’eut plus pour cible que les Germains (qui n’avaient pas d’or) et les Parthes (qui avaient de l’or, mais aussi des armées de métier), maintenant que ses seules cibles sont pour l’essentiel la Fédération de Russie et Chine, la politique US est devenue folle. Ces deux pays ont la capacité de dompter les USA. N’étant plus capable d’avaler en série les nations pourvues de richesses à portée de main, pour payer ses frais d’entretien, les USA se voient sevrés de nouvelles injections d’or, de pétrole et de gaz ; et de ce fait, l’empire ne peut être maintenu. Cela ne peut signifier qu’une chose : L’effondrement catabolique de l’atlantisme mondial.


La décomposition de la dépouille des États-Unis d’Amérique pourra peut-être, en apparence, se faire attendre un an ou deux, mais au terme du premier mandat de Trump, ses dollars seront les bienvenus dans beaucoup moins de coins du globe, et l’hyperinflation agrippera peinardement le pays pour s’y percher.


Aussi fallait-il s’attendre à ce que les investisseurs de la fondation Clinton détournent criminellement les richesses de Kadhafi (environ 500 milliards de dollars US). Quand l’hyperinflation frappera, Hillary Clinton et ceux qui ont comploté avec elle, auront besoin de milliards pour disposer de millions. Il est toutefois surprenant de constater à quel point le casse de la Libye a mis en pièces non seulement la nation la plus stable d’Afrique du Nord, mais aussi le pilier le plus solide de l’Empire US : Son idéologie. Même l’idée que les États-Unis d’Amérique sont un bien pour le monde, est morte avec Kadhafi. N’était-ce pas un effet prévisible de l’opération ? Si c’est bien le cas, sur le fond, la faction du zélite derrière Hillary Clinton a vendu l’hégémonie culturelle des USA à des intérêts mercantilistes privés.


La braderie de liquidation de Hillary Clinton ne se limite pas seulement à quelques articles idéologiques. Pour comprendre les événements du XXIe siècle, il faut aussi inclure la tout aussi importante liquidation des institutions gouvernementales du pays. D’ailleurs, considérez les agissements de la première administration Obama. L’affaire Uranium One, le gazoduc Qatar-Turquie, les chasseurs furtifs J-31 chinois, le chasseur polyvalent F-35 Lightning II, la Commission intérimaire de relèvement d’Haïti, et bien d’autres exemples, prouvent que les Département de l’Énergie et d’État, et toutes les autres bureaucraties de la sécurité nationale, voire même les organismes mondiaux de secours en cas de catastrophe, ont tous été vendus secrètement à des intérêts privés dans le but d’amasser des fortunes. Il en va de même de la Maison Blanche, de la Cour suprême, du Federal Bureau of Investigation et du Congrès US.


Le cas du Congrès est très bien illustré par la visite du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou aux USA, en mars 2015. Sans être invité par la Maison Blanche, ce dirigeant étranger s’est pointé là-bas et a formulé une série d’exigences (directement opposées aux intérêts US) devant une session commune des deux chambres du Congrès. Après de durs marchandages, l’énergumène a obtenu tout ce qu’il voulait. Même le marché sur le nucléaire iranien qui depuis sa signature officielle, s’est révélé être une supercherie perpétrée par les USA contre l’Iran et la Fédération de Russie (il va d’ailleurs à l’encontre des vrais intérêts nationaux US). En mars 2015, l’armée de mercenaires US qui encerclait Damas semblait tout près de la victoire. Aussi Netanyahou a pu offrir secrètement beaucoup en échange de l’acceptation de tous ses desiderata par le Congrès.


Et en 2017, le monde entier reste médusé devant le spectacle des suites de l’élection présidentielle US. Le comportement infâme du président Obama après l’élection n’est toutefois pas la révélation la plus troublante en ce qui concerne le statut d’État en déliquescence de l’empire US.


L’événement de la scène internationale qui a suscité les réactions les plus glaçantes, c’est l’attaque du 17 septembre 2016, par des avions de guerre US, australiens et hollandais, contre la montagne d’al-Tharda, dans la région syrienne de Deir ez-Zor. Ce raid aérien n’avait pas été autorisé par le commandant en chef US. Il s’agissait d’une opération isolée clandestine. Publié le 29 novembre par le commandement central US, un rapport montre même que les officiers supérieurs de l’US Air Force du Centre des opérations aériennes combinées de la base aérienne d’al-Udeid, au Qatar, ont ordonné le raid aérien sur Deir ez-Zor en réponse aux pressions d’acteurs n’ayant absolument aucune autorité sur la politique étrangère officielle des USA. De nombreux indices prouvent cela.


Les Étasuniens :


– ont induit en erreur les Russes sur l’endroit qu’ils avaient l’intention de frapper, de sorte que la Russie n’a pu les avertir qu’ils prenaient pour cible des troupes syriennes ;


– n’ont tenu aucun compte de l’information et de l’analyse du renseignement indiquant que les positions attaquées étaient celles du gouvernement syrien au lieu de l’État islamique ;


– sont brusquement passés du processus prudent de repérage des cibles à l’attaque immédiate, en violant les procédures normales de l’armée de l’air ;


– ont refusé de répondre aux alertes russes, permettant ainsi la poursuite de l’attaque pendant plus d’une heure.


Cette attaque préméditée a torpillé l’accord du 9 septembre, durement obtenu entre Kerry et Lavrov, qui aurait séparé l’« opposition modérée » des terroristes d’Al-Qaïda, et aussi instauré une période d’étroite coopération entre les forces armées de Russie et des USA. Pour l’essentiel, cet accord aurait mis fin à la guerre, sauf que plusieurs responsables US (comme Michael Morell) sont des investisseurs secrets de la fondation Clinton, et ils s’accrochent à d’éventuelles grosses rentrées provenant du casse. Il faut ainsi comprendre que les forces militaires des États-Unis d’Amérique ont été bradées à des intérêts privés. Pourquoi ? Parce que, comme l’a dit autrefois l’économiste Herbert Stein, « Les trucs ne pouvant perdurer éternellement… s’arrêtent. »


Des preuves indirectes permettent de penser qu’aux USA, la branche néoconservatrice des Clinton a compris ce truisme depuis un moment.


Comme je l’ai affirmé sur Katehon dans l’essai, « L’élection qui n’a jamais existé », il y a presque exactement deux ans, la Russie avait décidé d’attaquer les États-Unis d’Amérique avec toute sa puissance nucléaire. L’équipe de décideurs qui entoure le Président Poutine doit avoir correctement analysé les indices venues de toutes les directions, montrant que depuis des années, les USA vendent en secret leurs intérêts stratégiques. Les décideurs russes ont dû se rendre compte que les USA ne pourraient jamais riposter à une première frappe nucléaire russe. Même si la frime peut survivre à la première frappe, son système de combat est un fiasco largement démontré. Cent quarante millions de Russes unis solidement et passionnément pourraient vaincre trois cent trente millions d’Étasuniens divisés qui se haïssent et détestent leur gouvernement. La campagne de Syrie a rendu la situation ci-dessus claire comme du cristal pour le monde entier. Et maintenant, voilà que pays après pays (l’Égypte, les Philippines, divers États des Balkans, la Grande-Bretagne et surtout la Turquie) se détournent des États-Unis d’Amérique comme d’une charogne rongée par les vers.


Comme ce processus se poursuit et que le projet One Belt, One Road repart à toute vapeur, le zombie, connu officiellement sous le nom d’États-Unis d’Amérique, reculera partout sauf d’Amérique latine, et s’abstiendra de toute manipulation clandestine, trafic d’armes, de stupéfiants et de toute initiative guerrière (terroriste).


Et ce sera bénéfique pour l’humanité entière.


Katehon, David Lemire


Original : katehon.com/article/great-power-isnt

Traduction Petrus Lombard


Réseau International



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