(Québec) «C'est dommage parce que la ville avait une bonne réputation.» L'avocat derrière le groupe d'acheteurs du Concorde juge que Régis Labeaume nuit à l'image de Québec en affirmant que la mafia y gagne du terrain.
Au coeur d'une étonnante guerre de mots qui ne cesse de prendre de l'ampleur depuis une semaine, Me Stéphane Harvey n'en revenait tout simplement pas lundi des déclarations du maire de Québec.
En matinée lorsque questionné une fois de plus sur la saga du Concorde, Régis Labeaume en a ajouté une couche en affirmant que les investisseurs de la mafia s'intéressent non seulement au Concorde, mais à d'autres secteurs dans la capitale.
«J'ai encore plus la conviction aujourd'hui que vendredi que la mafia essaie d'investir encore plus à Québec avec des prête-noms», a déclaré le maire. «C'est clair, clair, clair. Je veux que la population le sache.» Il assure avoir des informations de sources sûres, sans vouloir dévoiler ses informateurs, ni dire quels sont les autres dossiers qui ont impliqué la mafia.
«Ne doutez jamais de mes sources. Je ne vous donnerai pas d'exemples. Quand j'ai des exemples, je vais les donner à la police. Ce que je sais, je le donne à la police», a poursuivi M. Labeaume.
Ces propos «étonnants» font mal à l'image de Québec, croit Me Harvey qui assure ne jamais avoir entendu parler de mafia dans la capitale. Il a martelé lundi que le groupe anonyme qui veut acheter Le Concorde à Eddy Savoie pour le transformer en condo-hôtel n'est pas lié au crime organisé. Il a d'ailleurs été jusqu'à offrir, samedi, 50 000 $ à quiconque pouvait prouver que Tony Magi gravitait autour du groupe, comme l'a avancé M. Labeaume la semaine dernière. Personne ne s'est manifesté.
Que M. Labeaume laisse maintenant entendre que la mafia tente d'infiltrer Québec pourrait effaroucher des investisseurs. «Là, le téléphone se met à sonner parce que ça inquiète mes gens», a dit Me Harvey selon qui la capitale donnait jusqu'ici l'impression d'avoir été «préservée» de la mafia.
Or, selon M. Labeaume, son bureau a transmis de l'information à l'Unité permanente anticorruption (UPAC) dans le cas de quelques dossiers au cours des dernières années. Le service de police a aussi été tenu au courant, a indiqué Paul-Christian Nolin, l'attaché de presse du maire.
Non à une rencontre
Régis Labeaume a aussi dit lundi n'avoir aucune intention de se prêter à une «discussion franche» comme le souhaite le groupe représenté par Me Harvey. «Non, moi, je ne les rencontre pas. Il y a un gars [Charles Marceau] qui est très bien payé pour faire ce qu'il fait. Que les promoteurs rencontrent M. Marceau», a dit le maire.
Pas question, réplique Me Stéphane Harvey. Il persiste et signe : son groupe ne rencontrera «pas de fonctionnaires», dit-il. Ce sera le maire ou rien, tranche-t-il.
Et pour l'instant, le «focus», dit-il, est mis sur la volonté de conclure la transaction. Ses investisseurs «décideront» par la suite ce qu'ils feront.
Ce plus récent épisode de la saga du Concorde risque de mener plus que jamais vers un dialogue de sourds.
Régis Labeaume a en effet annoncé lundi qu'il avait dit tout ce qu'il avait à dire.
«Le dossier est clos. Je n'ai plus rien à dire là-dessus. On a protégé la vocation hôtelière», a dit le maire à propos du règlement sur le zonage adopté en catastrophe au conseil municipal de mardi. «C'est là, c'est fait. Pour le reste, moi, c'est clos.»
L'opposition discrète
Après s'être indignée du règlement adopté mardi dernier pour limiter Le Concorde à une vocation hôtelière, l'opposition à l'hôtel de ville s'est faite discrète pendant cette semaine forte en rebondissements.
Chez Démocratie Québec, on décline les demandes d'entrevues en disant vouloir avoir davantage d'informations avant de commenter les derniers jours pimentés par une guerre de mots entre le maire Régis Labeaume, l'actuel propriétaire Eddy Savoie et les potentiels acheteurs anonymes représentés par Me Stéphane Harvey.
Mardi dernier, le chef de l'opposition au conseil, Paul Shoiry, avait pourtant déploré le règlement. «Ce soir, M. Labeaume vient brimer le droit de propriété qui serait conforme au zonage actuel, qui est correct. On bloque un investissement qui risque d'être extrêmement important pour la Ville de Québec», avait dit M. Shoiry.
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