La réforme du scrutin inquiète un élu péquiste

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De plus en plus de voix se font entendre contre la proportionnelle



Le député péquiste Sylvain Roy s’inquiète de la perte d’influence des régions dans la réforme du mode de scrutin que le gouvernement Legault veut faire adopter et réclame un référendum sur la question.




«Les Gaspésiens, on n’a rien à gagner dans tout ça», lance l’élu de Bonaventure, dans le sud de la péninsule gaspésienne.




La sortie du député du Parti québécois est en porte-à-faux avec la position de son parti, qui a appuyé la création d’un mode de scrutin mixte proportionnel, conjointement avec la CAQ et Québec solidaire, en mai 2018. Toutefois, ses propos font écho à ceux d’autres députés, notamment à la CAQ, qui ont également exprimé des craintes à micro fermé.




Le gouvernement Legault doit déposer, d’ici le 1er octobre, un projet de loi qui transformerait le mode de scrutin actuel en un système proportionnel mixte compensatoire avec listes régionales.




Immenses territoires




La formule choisie n’est pas encore connue, mais il semble déjà acquis que le nombre de députés élus selon le modèle actuel — uninominal à un tour — sera réduit. Il pourrait ainsi passer de 125 à 78, pour être calqué sur les circonscriptions fédérales. Le reste deviendrait des sièges compensatoires pour mieux représenter le pourcentage de votes reçu par chaque parti dans une région.








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Mais ces immenses circonscriptions seront difficiles à couvrir pour les députés de circonscription, déplore Sylvain Roy. «On va avoir à peu près un député [élu directement, NDLR] en Gaspésie, fait-il valoir. Les enjeux du côté nord de la Gaspésie sont complètement différents de ceux de la Baie-des-Chaleurs ou de Gaspé. Ça va affaiblir la capacité des députés de répondre aux besoins de la population.»




Le système de listes fait également en sorte que le député sera plus redevable au parti qu’à ses concitoyens, estime Sylvain Roy, puisqu’il n’aura pas été élu directement par la population.




Référendum




Du côté du Mouvement Démocratie Nouvelle, le directeur général reconnaît que de plus grandes circonscriptions seront plus difficiles à couvrir. «Ce qu’on a vu en Nouvelle-Zélande, c’est que le budget pour les élus de circonscription a été doublé», souligne Jean-Sébastien Dufresne, permettant ainsi d’embaucher plus de personnel de comté. Quant aux députés de listes, ajoute M. Dufresne, ils permettent de régler des enjeux à un niveau régional, en plus de mieux représenter le vote réel de la population.




Pour Sylvain Roy, une telle réforme doit absolument passer par un référendum. «La modification d’un enjeu aussi important que la manière dont on élit nos gouvernements, selon moi, ça demande un référendum», dit-il. Lui-même refuse pour le moment de dire s’il voterait contre la réforme lors d’une telle consultation : «Il faut [d’abord] mettre toute l’information sur la place publique, lance-t-il. Mais j’ai des inquiétudes.»






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