La valeur des services gouvernementaux selon Maxime Bernier

Ottawa — tendance fascisante

Le Financial Post publiait le 14 février dernier une lettre signée par Maxime Bernier qui dénigrait fortement la valeur des services produits dans le secteur public. Selon ce ministre d’État du gouvernement Harper, les dépenses du secteur public auraient une valeur moindre que celles du secteur privé. Selon lui, l’effet net des dépenses du secteur public est de réduire l’activité économique parce qu’on réduirait l’usage de ressources plus productives dans le secteur privé pour augmenter l’usage de ressources moins productives dans le secteur public.
Maxime Bernier prône une réduction des dépenses gouvernementales pour accroître la croissance économiques. Il veut également moins d’obstacles au commerce et moins de réglementation. Les dépenses liées à la réglementation et à la surveillance du suivi de la réglementation gouvernementale aurait donc un effet négatif sur l’activité économique. Puisqu’il ne fait aucune distinction entre divers programmes de dépenses et divers systèmes de réglementation dans ses propos, toute coupure serait bonne à faire.
Maxime Bernier a malheureusement rejeté l’idée que les services offerts par les gouvernements peuvent augmenter le potentiel économique d’un pays. Un bon exemple est l’ensemble des services reliés à promouvoir l’accessibilité aux services d’éducation et de santé ainsi qu’à la production de ces services. Les services reliés à la conception et à la mise en place d’un système juridique de qualité, d’une réglementation routière ou d’une réglementation financière peuvent avoir des effets positifs énormes sur l’activité économique et sur le bien-être des citoyens canadiens.
Maxime Bernier semble avoir oublié que la récente crise financière mondiale a été causée en partie par un trop grand laisser-faire dans le secteur financier, par le manque d’une réglementation gouvernementale adéquate et par un manque de surveillance par les autorités gouvernementales. Cela démontre que les agents économiques du secteur privé ne font pas que des bonnes choses; ils peuvent causer des catastrophes et réduire grandement le potentiel économique d’un pays et le bien-être de sa population.
En suivant la logique du raisonnement de ce ministre d’État, on pourrait dire que le gouvernement Harper a eu tort de vouloir atténuer les effets de la récession en augmentant temporairement les dépenses gouvernementales (Plan d’action économique du Canada) et l’endettement du gouvernement. Cette logique impliquerait même que l’augmentation des dépenses du ministère de la Défense ainsi que celles reliées à l’allongement des sentences d’emprisonnement, si désirée par le Gouvernement Harper, serait néfaste à l’activité économique. Tous ces exemples impliqueraient, selon les propos de Maxime Bernier, une hausse des ressources accaparées par le secteur public au détriment des ressources plus productives du secteur privé.
Tout ça manque de sérieux et surtout de nuances. Il est vrai que certaines coupures de dépenses gouvernementales peuvent augmenter le bien-être collectif d’un pays; mais il est aussi vrai que certaines hausses de dépenses publiques peuvent l’augmenter. Il faut un bon jugement et de bonnes habiletés d’analyse pour évaluer les dépenses et les services gouvernementaux et pour dire lesquels ont une valeur nette positive, tout en tenant compte du besoin de taxer pour les financer. Utiliser une recette simpliste basée sur une idéologie de droite ou de gauche est dangereux et peut mener à une réduction du potentiel économique du Canada et du bien-être e sa population.
Jean-Pierre Aubry, Économiste et Fellow associé au CIRANO

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Économiste avec plus de 35 ans d’expérience dont 30 ans à la Banque du Canada. Membre du Comité des politiques publiques de l’Association des économistes québécois Fellow associé du CIRANO





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