POINT DE VUE / Les principaux partis politiques fédéralistes à Ottawa voudront sans doute esquiver le sujet de la laïcité dans la campagne électorale en cours. Comme une patate chaude qui risque de leur brûler la langue, ils souhaiteront qu’elle se soit refroidie après l’élection, avant de la consommer.
C’est d’ailleurs ce que craignent les tenants de la laïcité qui entrevoient un grand silence des ténors fédéraux à ce sujet.
Les gouvernements ont voulu sous-traiter leur courage politique en laissant les tribunaux interpréter les lois, ces derniers n’ayant pas à payer un prix politique à la suite de leurs décisions. À ce sujet, les citoyens qui appuient la Loi sur la laïcité de l’État croient qu’Ottawa voudra judiciariser le débat sur cette question. Le processus est d’ailleurs déjà enclenché puisque des contestations sont en préparation dans certaines écoles de Montréal concernant le non-engagement de personnes qui refusent de se plier à la loi sur la laïcité.
Déjà, au moment de la Commission parlementaire sur la loi 21, le Bloc québécois avait manifesté son inquiétude à ce sujet. Il craignait «une participation d’Ottawa à une contestation judiciaire de la laïcité de l’État […] soit directement ou financièrement par le Programme de contestation judiciaire du gouvernement du Canada.»
Le Parti libéral, le Parti conservateur, le Nouveau Parti démocratique et le Parti vert doivent se montrer transparents dans ce dossier sur la laïcité. Il en va de leur crédibilité face à un électorat québécois qui a droit de connaître leurs positions respectives avant de faire leur choix le 21 octobre.
Si les Québécois aiment bien les éléphants, ils préfèrent les admirer au zoo et non dans une arène politique où on tente de les dissimuler.