Langue française : Québec veut serrer (encore plus) la vis aux dirigeants unilingues

Une bonne maîtrise du français deviendrait la norme pour l’ensemble des patrons

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La langue officielle du gouvernement caquiste : le blabla


Photo : Le grand patron d’Air Canada, Michael Rousseau, lors de sa désormais célèbre allocution uniquement en anglais, devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, en novembre dernier.


Face à l’avancée de l’anglais dans le milieu des affaires au Québec, le gouvernement caquiste entend serrer la vis et faire en sorte que tous les dirigeants – des principaux superviseurs jusqu’à la haute direction – soient en mesure de s’exprimer en français. 


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Il s’agissait déjà de la volonté de Québec avec son projet de loi 96, toujours à l’étude, qui vise à renforcer la loi 101. Mais le ministre responsable de la Langue française, Simon Jolin-Barrette, vient tout juste d’accepter un amendement en ce sens de la députée de Québec solidaire Ruba Ghazal.


Dans cet amendement, il est proposé «que tous les hauts dirigeants aient une bonne connaissance de la langue française». 





Obligation pour la certification 


«On parle de tous les niveaux hiérarchiques, non seulement les patrons, comme on l’a vu avec Michael Rousseau, d’Air Canada», explique Mme Ghazal, lors d’une entrevue avec Le Journal.


«Il faut que les dirigeants soient capables de parler le français. Ce serait une obligation afin d’obtenir le certificat de francisation de l’Office québécois de la langue française (OQLF). Ces aspects-là ne sont pas dans la loi actuelle», explique-t-elle.



Ruba Ghazal

Photo d'archives

Ruba Ghazal




Le libellé du texte pourrait être modifié dans les prochaines semaines, mais Québec a la volonté de donner plus de mordant à son projet de loi sur la question de la langue parlée au sommet des entreprises du Québec.  



  • Écoutez l’entrevue de Benoit Dutrizac avec Ruba Ghazal, porte-parole de Québec Solidaire en matière de langue française sur QUB radio : 






«Le fait de le libeller explicitement dans la loi vient envoyer un signal encore plus clair que les hauts dirigeants d’entreprises au Québec doivent être en mesure de communiquer avec leurs employés dans leur langue, la langue officielle et commune, le français», a indiqué le cabinet du ministre Jolin-Barrette dans une déclaration envoyée au Journal.


Il existait déjà des dispositions sur la langue parlée par les dirigeants dans la loi 101, mais au sein du gouvernement, «on a remarqué que dans certaines circonstances avec la charte, l’anglais était tout de même généralisé», nous a confié une source proche du dossier.


Pour Mme Ghazal, le projet de loi doit aussi faire en sorte de donner plus de moyens à l’OQLF afin de faire appliquer la loi.


Passer de la carotte au bâton 


«Il faut arrêter de dire : s’il vous plaît, monsieur, madame les dirigeants, parlez français ! Il faut arrêter de brandir la carotte, mais il faut aussi le bâton. C’est de cette façon que les entreprises vont comprendre», dit-elle.


Elle souhaite notamment que les amendes soient plus élevées pour les entreprises fautives. «Je veux m’assurer que les pénalités soient plus importantes», croit Mme Ghazal. 


Le gouvernement caquiste veut faire adopter le projet de loi 96 lors de la présente session parlementaire. Le ministre Jolin-Barrette a souvent souligné son intention de soumettre également les entreprises fédérales à la nouvelle mouture de la loi, comme Air Canada et le Canadien National. 


Ces deux entreprises qui ont leur siège social à Montréal ont été sous le feu des critiques pour l’omniprésence de l’anglais au sein de la direction et du conseil d’administration.

 




 






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