Demandez-moi si j'ai un pays. Je vous répondrai : sa couleur est le bleu de l'espoir.
Depuis longtemps, je fais pour lui les cent pas dans les rues de ma ville.
J'ai beau marcher, arpenter le territoire, mon pays se cache sous tous les métros et sous toutes les gares.
On le dirait en attente dans une station quelconque d'un quartier de Montréal
Sa flamme ne brûle-t-elle pas depuis plus de quatre siècles?
Ne sommes-nous pas tant nombreux à espérer sa libération?
Pourquoi se terre-t-il donc?
Comme s'il doutait de sa force. Comme s'il craignait de certains hommes la trahison.
Comme si d'aucuns le pourchassaient et voulaient le faire disparaître.
Comme s'il était sans droits, sans pouvoir, sans confiance.
Qui sont donc ceux-là qui le poursuivent?
Qui sont-ils pour prendre ainsi mon pays en filature et l'empêcher de vivre au grand jour?
Je nommerai ici : des politiciens à la remorque du fédéralisme, au rêve de domination, d'assujettissement de leur propre peuple.
Des ministres, députés, fédéraux- provinciaux, les uns comme les autres, soumis au pouvoir du plus fort.
La liste des élus est longue. Elle est faite de titres, de privilèges, d'avantages, de P.P.P., de capitaux.
Tout ce beau monde surveille une à une les tentatives de libération de mon peuple.
Du plus loin au plus près, il est sous serrure. Menacé, suivi, craint, haï.
Mon pays a mal à ses tronches. À ses poumons. Il manque de souffle et d'air.
Il traverse des routes sans pont, des vallées sans bergers, des territoires surveillés.
Sa langue, sa culture sont menacées. Soumises à la volonté de ceux qui les méprisent.
De ceux qui manquent d'amour pour elles, de reconnaissance de son histoire, de ses luttes et de ses acquis.
De ceux-là, toujours les mêmes. Face à cette convergence, mon peuple à moi se retire. Se tait, se mure.
Il craint de se dire, de réclamer ses biens les plus sûrs, ses acquis les plus chers.
Il laisse les autres, toujours les mêmes, le cerner, l'acculer à la défaite.
Il regarde impassible les gestes lourds de conséquences de ses propres dirigeants minés son âme.
Un pays, un peuple. La paire a des ratés. Des fuites. Des échecs. Des silences. Des divisions.
Des révoltes, des cris. Des gestes. Des demandes. Des solidarités.
Le reste est à suivre… à venir, à espérer…
Demandez-moi si j'ai un pays : je vous répondrai : sa couleur est le bleu de l'espoir.
Le bleu de l'espoir
Demandez-moi si j'ai un pays : je vous répondrai : sa couleur est le bleu de l'espoir.
Tribune libre
France Bonneau39 articles
France Bonneau est professeure de français auprès des adultes-immigrant-e-s . (MICC)
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4 commentaires
Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre
15 juillet 2009Pour corroborer, voici un autre témoignage:
Je vous cite: "De ceux-là, toujours les mêmes. Face à cette convergence, mon peuple à moi se retire. Se tait, se mure.
Il craint de se dire, de réclamer ses biens les plus sûrs, ses acquis les plus chers.
Il laisse les autres, toujours les mêmes, le cerner, l’acculer à la défaite."
Rencontré sur sa chaise de coiffeuse, une jeune femme (jeune trentaine?) galeries Versailles, qui me confiait:
"Moi, j'ai plus ou moins volontairement résisté à me bilinguiser parce que je ne croyais pas en avoir besoin au Québec. Aujourd'hui, je suis comme révoltée de voir la ville anglicisée: affichage, Starbucks etc... Les nouveaux arrivants qui n'ont pas besoin d'apprendre le français pour travailler. J'ai eu un appel de LaPresse pour solliciter mon abonnement. Répondu que je suis souverainiste et que je n'ai pas besoin de Pratte pour me dire quoi penser..."
Cette jeune femme ne se terre pas, ne se mure pas! Qu'elle nous serve d'exemple à tous les Québécois: Ne plus se terrer ni se taire! Nous sommes plus nombreux qu'il n'y paraît!
Ce n'est pas la première chaise de coiffeur où je pars le sujet. À celle-ci j'ai appris l'existence de Vigile.net et elle s'est empressée de noter. Surtout de savoir qu'il ne s'y trouve pas que la Tribune Libre, fort enrichissante et libérante, mais aussi une revue de presse pertinente à la cause. Rend inutile la consultation des grands quotidiens assimilateurs.
Archives de Vigile Répondre
15 juillet 2009Super beau!
Vous écrivez:
"Pourquoi se terre-t-il donc ?
Comme s’il doutait de sa force. Comme s’il craignait de certains hommes la trahison.
Comme si d’aucuns le pourchassaient et voulaient le faire disparaître.
Comme s’il était sans droits, sans pouvoir, sans confiance."
Malheureusement cette trahison, elle existe depuis longtemps déjà.
Nos droits, ils nous sont volés de l'intérieur même de ce qui devrait être juste pour nous tous. Seul, nous sommes sans pouvoir face à ces tortionnaires malhonnêtes. Personne n'agit tout simplement par manque de confiance.
Comment fait-on encore aujourd'hui, pour marcher la tête haute?
Voir vidéo!
Archives de Vigile Répondre
14 juillet 2009C'est au fond tout à fait ce que je pense et ce que je veux dire.
France
Gaston Boivin Répondre
14 juillet 2009Notre peuple est sous anesthésie générale. Qu'on maitrise en les confinant à l'incapacité et à l'impuissance ceux qui lui maintiennent cet espèce de torchon imbibé de ce genre de chlorophorme qu'on lui maintient sous le nez et qu'on lui donne un peu d'oxygène et vous le verrez en peu de temps reprendre vie, croire en son existence et ses capacités, affirmer sa fierté, et finalement exprimer dans les urnes sa volonté de faire reconnaître son pays et sa nation par les autres pays et nations de la terre.