Il n’y a pas de nation, au sens propre ou figuré, surtout dans la bouche des souverainistes professionnels.
La nation, c’est l’épinglette qui sert à briller à Tout le monde en parle. C’est la carte chouchou collée dans le front quand on va sur le Plateau...
En fait, et on le voit ces jours-ci, les vociférateurs du national-syndicalisme incarnent moins la nation proprement dite que des intérêts obscurs et des clans jaloux de leurs privilèges.
Et ensemble, ils tiennent le Québec en étau, dans un immobilisme morbide.
Prenez le Bloc, la saveur automnale, celui qui parle du pays une fois les élections finies mais qui, face à la réalité quotidienne de la «nation», passe son tour aux nouvelles du soir...
N’est-elle pas étrange, cette éclipse médiatique du Bloc alors que le gouvernement fédéral, avec Marc Garneau en orbite, bégaye devant les grévistes du CN? Bizarre, non?, surtout quand on connaît l'humilité du Petit Roi du Re-Nouveau...
Il y a quelques semaines à peine, d’étables en écuries et de porcheries en potagers, souriant pour la promotion télévisée, les bloquistes promettaient d’être les ardents défenseurs de la cause agricole... Tout avait été signé mais le courage gratuit ne manquera jamais aux souverainistes...
Que fait-il, le Bloc, maintenant que les agriculteurs sont aux abois à cause de la grève des Teamsters? Mais rien!
Sans doute décorent-ils leurs nouveaux apparts d'Ottawa et de Gatineau... Ils calculent les salaires, les allocations et le per diem. Sans oublier les photos pour le Publi-Sac et les cartes de Noël...
Si le Bloc n’exige pas, comme le gouvernement Legault, une loi spéciale pour assurer l’approvisionnement des fermes en propane, c’est parce que le Bloc n’a pas pris parti pour les agriculteurs. Il n’est pas du côté du monde agricole, c'est l'évidence même.
La soi-disant défense des intérêts du Québec cède le pas devant les Teamsters, un syndicat FTQ affilié à l’International Brotherhood of Teasmsters... Scorcese nous en montrera les dessous ces jours-ci, sur Netflix...
Devant le syndicat rendu célèbre par Jimmy Hoffa, le Bloc a fait vœu de silence télé; il prend discrètement ses distances des agriculteurs, peu importe leur détresse.
Une de ses recrues a suggéré aux plus mal pris de chercher un soutien psychologique... Super généreux, un accès de sensibilité! N'est-ce pas ainsi que l'on fait de la politique de nos jours: avec le coeur, sauf celui qu'on voudrait parfois avoir au ventre...
Plus discret que de coutume, c’est par communiqué que le Bloc a demandé il y a une semaine «au gouvernement fédéral de trouver une solution»...
Lui-même n’a manifestement pas la moindre idée de ce qu’il faudrait faire, hormis une loi spéciale, évidemment...
«Le Bloc Québécois s’attend à ce que le gouvernement prenne immédiatement le dossier en charge, sans toutefois agir de manière à favoriser un règlement injuste du conflit de travail au CN à l’avantage de l’entreprise», a-t-on fait savoir, quasiment la main sur la bouche...
Que le CN ait tort ou raison n’a aucune espèce d’importance; à gauche, le boss a toujours tort...
Le Bloc a donc choisi son camp. Le camp syndical au détriment de celui des agriculteurs du Québec. Peu importe qu'ils risquent la faillite, il ne faut pas perturber la ligne de piquetage...
C’est pourtant en région, là où vit et survit le monde agricole, que le Bloc a fait une bonne partie de ses gains électoraux... C'est ce qui explique la gêne, l'embarras, la honte de lâcher les amis d'hier qu'on disait avoir pour toujours...
La discrétion du Bloc et du cheuf vénéré dans le conflit au CN, c’est la victoire du dogme syndical, favorable ici aux Teamsters.
Au Bloc, apparatchicks, parlementaires et figurants de carrière, on doit espérer que le gouvernement Trudeau ne trouve pas ses couilles.
S’il devait oser faire adopter une loi spéciale forçant le retour au travail des grévistes et la sauvegarde des biens agricoles, le Bloc serait dans le lisier jusqu’aux oreilles...
Il ne pourrait plus rester caché derrière l’étable pour éviter le vote; il serait vite repéré à l’odeur...