Où ira le vote nationaliste ?

Le Bloc risque-t-il de perdre le vote nationaliste parce qu'il est trop à gauche ou parce qu’il ne parle plus d’indépendance ?

Le projet de pays est un ciment qui unit

Chronique de Louis Lapointe

Vous est–il déjà arrivé de croiser un rapace perché sur un épouvantail à moineaux, ce dernier semblant profiter agréablement de cette présence inopinée au milieu d’un champ pour s’y reposer et y observer d’éventuelles proies bon marché ? Le rapace ne se nourrit pas de maïs, mais de proies bien vivantes. L’épouvantail le sert davantage qu’il ne l’effarouche. Ainsi, la nation est devenue ce perchoir idéal, jadis planté par les bloquistes, que les conservateurs utilisent sans vergogne pour fondre sur leurs proies nationalistes laissées à elles-mêmes depuis qu'il n'y a plus de projet de pays pour les unir.
***
Ce qui a attiré tous ces nationalistes au Bloc Québécois pendant toutes ces années, c’est l’idée qu’ils pouvaient fonder ensemble un pays à leur image. Un pays bien à eux où ils travailleraient dans leur langue et où ils pourraient élever leurs familles en toute sécurité. D’incontestables valeurs de droite que plusieurs militants de la gauche indépendantiste, dont je suis, partagent également.
Si l’indépendance du Québec a attiré tous ces nationalistes au Bloc Québécois pendant toutes ces années, c’est parce que le projet d’indépendance incarnait leur désir profond de fonder et d’occuper ce pays, d’y être en sécurité et d’y parler une langue commune, celle de nos ancêtres. Les valeurs traditionnelles que sont la langue, le travail, le foyer, la famille et la sécurité occupent beaucoup d’espace dans l’imaginaire des nationalistes et des Québécois de toutes allégeances.
Or, en évacuant l’indépendance de leurs plates-formes électorales comme le font présentement le Bloc et le PQ, ces deux partis laissent tomber tout ce qui motivait ces Québécois à voter pour eux. Ils laissent le champ libre aux conservateurs. Pire, en décriant toutes ces valeurs de droite que défendent ardemment les conservateurs comme le Bloc le fait présentement, loin d’agir comme repoussoir, il donne des raisons supplémentaires à de nombreux Québécois qui souhaitent plus de sécurité pour eux et leurs familles de voter pour Stephen Harper.
Si les bloquistes et les péquistes ne veulent plus parler du pays qui incarne certaines valeurs traditionnelles des nationalistes, ils ne pourront plus espérer conserver l’appui de ces nombreux Québécois en dénonçant ces mêmes valeurs qui, justement, les motivaient à fonder un pays bien à eux. Ce faisant, ils leur donnent plutôt des arguments supplémentaires les incitant davantage à voter pour les conservateurs de Harper.
Loin d’être l’épouvantail qu’il croit, les valeurs de droite que dénonce le Bloc sont devenues le perchoir idéal qu’utilisent opportunément les conservateurs pour courtiser tous les nationalistes déçus que le Bloc ne parle plus du pays qu’ils souhaitent pour leurs familles et leurs enfants.
En ne parlant plus d’indépendance, le Bloc et le PQ contribuent incontestablement à fissurer le ciment qui nous unissait jusqu’à présent autour du projet de pays que nous voulons fonder. Ce n’est pas tant le discours conservateur qui les séduit que le silence des chefs qui déçoit les nationalistes!
Raison de plus pour parler d'indépendance, serrer les rangs et voter Bloc!
Louis Lapointe

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Louis Lapointe534 articles

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L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fondation.





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4 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    24 septembre 2008

    M. Gébé Tremblay écrit : «Les Conservateurs sont un peu trop à droite, mais sont mille fois plus nationalistes que le Bloc.»
    Le poste de télé CPac nous a présenté le discours de M. Duceppe à la Chambre de Commerce de Montréal ce soir, mercredi, 24 septembre 2008. M. Duceppe a été très très clair sur son désir et celui deu Bloc de travailler au pays du Québec. Il a reçu une ovation debout quand il a parle de Montréal comme la métropole du pays du Québec. Les fédéralistes sont restés assis mais la fougue était là bien présente comme aux meilleurs jours.
    Ceci pour nier que les Conservateurs soient plus nationalistes que le Bloc. Mille fois...NON.

  • Archives de Vigile Répondre

    24 septembre 2008

    M. Gébé Tremblay écrit : «ce nationalisme canadian de l’ouest attise plus, par réaction, la flamme nationaliste des Québécois que ne le fait le Bloc !»
    Très bien. Il est souvent dit que ce n'est pas un parti qui gagne, c'est l'autre qui perd. On continue à voter Bloc au fédéral et ce sont les fédéralistes qui vont finir par perdre avec ça, en nous trouvant trop achalant. Ils vont être alors plus disposés à nous laisser aller sans nous envahir et nous occuper avec LEUR armée, principalement unilingue comme Air Canada.
    D'une façon ou d'une autre, l'Alberta, l'Ontario et Terre-Neuve-Labrador devraient réclamer leur autonomie dans les prochaines années. Nous pourrions alors les accompagner pour défaire la fédération centralisatrice actuelle..
    En passant, le Bloc et le PQ n'ont pas abandonné l'idée d'indépendance ni de souveraineté "synonyme". Ils ne font qu'attendre le moment favorable. Ils parlent d'indépendance souvent mais pas tout le temps. Le PI, full-indépendantiste, dit qu'il parle d'indépendance tout le temps mais je ne crois pas que ça fasse avancer la chose d'un pouce.

  • Archives de Vigile Répondre

    24 septembre 2008

    Je crains que votre appel ne soit plus entendue.Le Bloc semble avoir choisi de faire bataille sur le même plan que les partis qui s'opposent aux conservateurs.
    Toute la stratégie du P.C consiste à fédérer ses adversaires pour les mieux diviser.
    Le Bloc doit donc batailler dans la meute des partis, sur sa gauche et sur sa droite en même temps.Il en est capable.Mais tout un équilibre !
    En avant,seul,le P.C.:impérial, jouant les modestes.Il sait que sa stratégie est la bonne.Il reste au Bloc l'accident de parcours aux bleus,toujours possible, et peut-être le débat.
    Le risque est grand que le Bloc subisse quelques corrections.
    Tout n'est pas joué,bien sûr,et il est du devoir de chacun de voter et d'espérer. Mais s'il fallait que ce soit plus que des corrections,des dégât,bien des certitudes pourraient être éprouvées.Et une génération DEVRAIT éventuellement passer le flambeau à une autre.Telle est la loi de la politique.
    Bien sûr, je réitère encore ici Bloc en bloc.
    Fortier,le sénateur,méritait un coup de poing sur le nez.Pas un "déshonnorant "...Du nerf cal...
    Quand même... Bloc en bloc !

  • Archives de Vigile Répondre

    24 septembre 2008

    Le Bloc nous pousse dans les bras des Conservateurs.
    C'est comme s'ils étaient de connivence.
    Les Conservateurs sont un peu trop à droite, mais sont mille fois plus nationalistes que le Bloc. Malheureusement, ce nationalisme du PC est pas pour la nation québécoise. Parcontre, ce nationalisme canadian de l'ouest attise plus, par réaction, la flame nationaliste des Québécois que ne le fait le Bloc !
    Est-ce le jeu du Bloc et la raison pour laquelle il ne se concentre que sur la gauche au Québec ?
    Mais bien trop à gauche, le Bloc fait figure d'un QuébecSolidaire fédéral !