Le cas du Québec bientôt réglé?

Crise politique canadian



(Ottawa) Cette fois-ci sera-t-elle la bonne? Le gouvernement conservateur relance son projet de réforme de la carte électorale qui devrait régler le cas du Québec une fois pour toutes.
Démographie oblige, l'Ontario, l'Alberta et la Colombie-Britannique recevront en tout 34 circonscriptions de plus, selon un breffage officiel publié par le Globe and Mail, hier.
Pas besoin de vous le dire, le Bloc québécois et l'Assemblée nationale au grand complet vont reprendre le flambeau comme ils l'ont fait lors de la dernière mouture de cette initiative, en 2007.
Pas besoin non plus d'être très malin pour comprendre que la nouvelle répartition des sièges rendra plus plausible l'élection d'un gouvernement conservateur majoritaire sans l'appui du Québec.
Les nouvelles circonscriptions sont réparties dans essentiellement les régions de Toronto et sa banlieue, de Calgary, d'Edmonton et de Vancouver, tous des terreaux fertiles pour le Parti conservateur, surtout s'il réussit sa percée dans les groupes ethnoculturels.
Jean Chrétien a déjà obtenu trois majorités sans l'appui du Québec, me rappelait hier le bloquiste Pierre Paquette, porte-drapeau de ce dossier pour son parti.
Oui, mais l'ancien premier ministre libéral avait réussi cet exploit grâce à la division des partis de droite qui lui permettait de balayer l'Ontario. Les temps ont changé, il n'y a plus qu'un Parti conservateur, et il se porte fort bien dans les régions en croissance.
Le leader parlementaire du Bloc ne veut surtout pas lancer le débat sur des bases partisanes et plaide pour une extension en quelque sorte du concept de la «nation québécoise» au régime électoral.
M. Paquette et les partis provinciaux réclament le maintien des 75 députés québécois actuels, un plancher d'ailleurs prévu par la Constitution de 1867 - à l'époque fixé à 65.
Et les autres, alors? Simple, que les provinces et les territoires se partagent les 233 circonscriptions restantes en fonction de leur population respective, ce qui permettrait d'enlever trois des quatre élus de la minuscule Île-du-Prince-Édouard.
Notons que si j'étais un électeur de Charlottetown, là où est née la Confédération canadienne, je rejetterais immédiatement ce concept au nom de mes droits historiques.
Comme si j'habitais au Nunavut, j'exigerais de conserver mon seul député au nom de la géographie, même si le nombre d'habitants de ce territoire ne justifie en rien un élu pour lui tout seul.
En toute bonne démocratie, le vote de chaque citoyen compte également, qu'il habite à Cap-aux-Meules, sur la rue Cartier ou à Mississauga.
Mais la Constitution canadienne prévoit, elle, le principe de la «représentation proportionnelle des provinces», non des individus.
La réforme de 1985 a ajouté la reconnaissance des droits acquis, c'est-à-dire qu'une province ne perdra jamais de députés : ce volet devait protéger les provinces de l'Est beaucoup plus que le Québec.
M. Paquette s'oppose à une réforme qu'il décrit comme mécanique, qui fait fi de la reconnaissance de la «nation» et marginalisera la voix du Québec à Ottawa.
Son parti ne peut que perdre de l'influence au Parlement fédéral, et un fort courant d'opinion, au Canada, n'attend que cela. J'espère qu'il ne fait pas semblant de croire que le vote sur la «nation» engageait le gouvernement d'une manière quelconque.
Les Québécois ont jadis aboli les fameuses 12 circonscriptions protégées, à l'Assemblée nationale, car ils y voyaient un privilège douteux pour une minorité anglophone en déclin.
Aujourd'hui, le gouvernement Harper ne fait que constater le déclin du poids québécois au sein du pays. Retournons la question d'un côté ou de l'autre, le Canada réel ne reconnaît pas deux peuples, deux nations, deux sociétés ou deux n'importe quoi.


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