L’ancien président indépendantiste de Catalogne, Carles Puigdemont, a promis de continuer à «défendre la juste cause du peuple catalan», samedi à Bruxelles, dès son retour en Belgique quatre mois après son arrestation en Allemagne.
«Ce n’est pas la fin du voyage. Je voyagerai jusqu’au dernier recoin de notre continent pour défendre la juste cause du peuple catalan, la cause de la démocratie, la cause de la liberté, la cause de l’auto-détermination», a déclaré en anglais M. Puigdemont lors d’une conférence de presse à la délégation de la Catalogne auprès de l’Union européenne.
« Mon voyage ne se terminera pas tant que tous les prisonniers politiques ne seront pas libérés, ni que les exilés ne pourront pas retourner chez eux», a-t-il ajouté, au côté de son successeur Quim Torra, un indépendantiste radical.
M. Torra a promis «plus de défaites à venir pour l’Espagne si elle continue » dans la voie de la répression contre les séparatistes catalans.
Neuf dirigeants catalans sont actuellement en détention provisoire en Espagne, pour rébellion, et six autres personnalités indépendandistes, dont M. Puigdemont, vivent en exil.
«Européen libre»
Interrogé sur le dialogue en cours avec le gouvernement socialiste de Pedro Sanchez, M. Torra a demandé «à voir si le dialogue se transforme dans les faits». «Nous demandons maintenant au gouvernement espagnol des faits», a-t-il insisté.
L’actuel président catalan considère toujours M. Puigdemont comme le président légitime de la Catalogne et d’ailleurs ce dernier a tenu la vedette lors de la conférence de presse conjointe.
« Il n’y a pas la moindre possibilité que je puisse demander ce statut de refugié politique. Je suis un Européen libre, pas uniquement dans l’espace de l’UE, sinon partout dans le monde sauf en Espagne», a expliqué l’ex-président de la Catalogne destitué par Madrid.
Avant sa conférence de presse, dans le quartier européen, Carles Puigdemont avait rencontré dans la matinée des membres du gouvernement catalan et d’anciens ministres en exil.
Il doit se rendre samedi après-midi pour une cérémonie de bienvenue à partir de 16H00 à Waterloo, dans la banlieue de Bruxelles, site de la défaite de Napoléon en 1815 contre une coalition européenne.
M. Puigdemont compte désormais y diriger la lutte indépendantiste catalane. Il loge dans une villa cossue, baptisée «Maison de la République», qui sera la base à partir de laquelle il tentera de mettre sur pied un «Conseil de la République», organe officieux de la cause séparatiste en exil, visant à l’internationaliser.
L’objectif de M. Puigdemont, qui reconnaît qu’ » aucun » État membre de l’Union européenne ne le soutient, est de «continuer (...) de développer des activités en lien avec ce que le peuple de Catalogne a approuvé le 1er octobre», en référence au référendum d’autodétermination de 2017 interdit par la justice et marqué par des violences policières.
Influence
Le retour de M. Puigdemont en Belgique, où il était arrivé peu après la prise de contrôle de la Catalogne par le gouvernement central espagnol à la suite de l’échec d’une déclaration d’indépendance le 27 octobre 2017, met fin à une odyssée qui l’a brièvement conduit à la prison en Allemagne.
Les autorités allemandes l’avaient en effet arrêté le 25 mars en vertu d’un mandat d’arrêt européen délivré par l’Espagne. En juillet, la justice allemande a finalement refusé de l’extrader pour rébellion (passible de 25 ans de prison), en ne retenant que le chef d’accusation beaucoup moins grave de malversation pour avoir utilisé des fonds publics afin d’organiser un référendum illégal d’autodétermination.
Le 19 juillet, le juge d’instruction en Espagne a alors décidé de retirer le mandat d’arrêt européen visant M. Puigdemont ainsi que cinq autres politiciens indépendandistes exilés en Belgique, en Suisse et en Écosse. Le juge a en revanche maintenu ce mandat d’arrêt pour l’Espagne.
Le retrait du mandat d’arrêt européen laisse donc à Carles Puigdemont, qui bénéficie en Belgique du soutien du parti nationaliste flamand N-VA, les rênes libres pour poursuivre son combat à l’étranger.
«Sa nouvelle marge de manoeuvre lui permet aussi d’«accroître son influence» sur toute la mouvance indépendantiste, estime l’analyste Jordi Amat.
Dans quelques semaines, en début d’automne, il devrait assister, de Belgique - puisqu’il ne peut pas retourner à Barcelone - au premier anniversaire de la tentative d’indépendance de la Catalogne qui a secoué l’Espagne.