Ça commence à devenir franchement gênant, voire choquant. Jacques Chagnon, l’auguste président de l’Assemblée nationale, s’entête à refuser de publier le détail de ses généreuses dépenses en vins de marque et en mets bien garnis. Incluant son habitude connue de « payer la traite » aux élus lors de missions à l’étranger.
Ce n’est pas tout. Notre Bureau d’enquête révélait hier que M. Chagnon se commande même, discrètement et régulièrement, du homard et du crabe – lorsqu’ils sont en saison –, dans son salon privé au pittoresque restaurant du parlement. Et ce, même s’ils ne sont pas sur le menu.
Misère !
Ici encore, le président refuse d’en donner les détails. Misère ! Doit-on le rappeler une fois de plus ? Les choix gastronomiques et œnologiques du président sont payés par les fonds publics. Traduction : par les Québécois.
Du moment où les fonds sont publics, la divulgation de leur usage par les élus, y compris par le président de l’Assemblée nationale, devrait l’être tout autant. C’est une question élémentaire de transparence. Que dis-je ? C’est surtout une question de respect pour les citoyens et la démocratie québécoise.
Mutisme
Or, en se confinant au mutisme, Jacques Chagnon donne plutôt l’impression qu’il nous cache quelque chose de troublant. Dans son mot officiel de présentation posté sur le site du Parlement, M. Chagnon écrit pourtant ceci : « À titre de président, je souhaite aussi rapprocher davantage l’institution que je représente de la population du Québec. »
S’il voulait vraiment « rapprocher davantage » l’Assemblée nationale de la « population du Québec », il commencerait par lui dire la vérité. Tout simplement. Combien de fonds publics ont été dépensés – et continuent à l’être –, pour ses péchés de gourmet impénitent et d’amateur redoutable des meilleurs vins ?
Désolée, Monsieur le Président, mais ceux et celles qui en paient les trop onéreuses factures ont le droit de savoir.