Le civisme linguistique

Aucune loi ne remplacera le devoir de vigilance que chacun d'entre nous doit pratiquer pour défendre notre langue et la faire rayonner

Le français — la dynamique du déclin


En matière linguistique, il y a des choses que l'État peut faire et d'autres qui ne sont pas à sa portée. La responsabilité civique des individus comme des organisations reste essentielle.
La loi 101 nous a sauvés du pire, même si d'autres mesures législatives ou incitatives sont maintenant requises. Cependant, aucune loi ne remplacera le devoir de vigilance que chacun d'entre nous doit pratiquer pour défendre notre langue et la faire rayonner.
Lors des dernières élections fédérales, deux candidats au Québec, un conservateur et un néo-démocrate, ne parlaient pas français. En dehors de toute loi, comment un parti responsable peut-il tolérer une situation aussi absurde ? Dans un Québec indépendant, comme c'est le cas en France et aux États-Unis, une telle chose ne pourrait se produire. Pour être candidat, il faudra être citoyen et pour être citoyen, il faudra parler la langue. En attendant, nul n'est dispensé du bon sens élémentaire.
LIBERAL PARTY
Aux dernières élections québécoises, sur les bulletins de vote, le nom de tous les partis était inscrit en français seulement, sauf pour les verts et... le Parti libéral ! Tout un signal de la part d'un parti de gouvernement.
«Protester et s'insurger devant de telles situations, ce n'est pas gentil, mais c'est un devoir» quant à la langue officielle ! A-t-on peur que le mot libéral ne soit pas compris parce qu'il porte un accent aigu ? On fait ensuite de coûteuses campagnes pour dire «On commerce en français». Et pour le vote, alors ?
La classe politique en particulier a un devoir linguistique qui va bien au-delà des lois. Montréal, par exemple, n'est pas une ville bilingue. Pourtant, bien des élus font presque toutes leurs interventions publiques dans les deux langues. Quel mauvais message aux immigrants qui en concluent qu'ils ont le choix.
Même un haut lieu culturel comme la Place des Arts fait ses annonces au public dans les deux langues. L'Opéra de Paris, où il y a beaucoup plus d'étrangers, se satisfait du français. Le Met et Covent Garden, de l'anglais. Pourquoi notre langue officielle ne nous suffirait-elle pas à Montréal ?
MAUVAIS MESSAGE
J'ai entendu un ministre du gouvernement du Québec ne parler qu'en anglais dans une fête nationale célébrée dans un consulat à Montréal devant un public essentiellement québécois. Un jour dans une activité d'une communauté culturelle, j'ai vécu des écarts linguistiques dont personne n'avait même l'air conscient. Entre autres, il n'y a eu que cinq minutes de français en une heure de discours, et c'était de la part du consul d'un pays étranger. Pour terminer, une chorale chanta l'Ô Canada en anglais seulement ! Protester et s'insurger devant de telles situations, ce n'est pas gentil, mais c'est un devoir. Je l'ai fait, et on m'a promis que cela n'arriverait plus...
Une autre fois, j'ai été servi dans un français laborieux par un dépanneur d'origine asiatique. Derrière moi, un Québécois francophone connu qui suivait la scène s'est ensuite adressé à lui en anglais! Ce comportement trop fréquent donne un très mauvais message aux immigrants. Être complaisant en cette matière au nom d'une prétendue gentillesse leur nuit. Nous devons accueillir fraternellement, mais intégrer sans équivoque. Rendre incontournable notre langue nationale constitue un devoir d'accueil et de fraternité.


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