Si l'entrée en scène politique de Jacques Duchesneau se confirme [et il semble que la rumeur soit fondée] , elle pourrait mettre la formation de François Legault à égalité avec le Parti libéral et le Parti québécois. Pour l'instant, même sans être officielle, la candidature de M. Duchesneau dans la circonscription de Saint-Jérôme semble déjà apporter des dividendes substantiels à la CAQ sur les réseaux sociaux.
Pourtant, dans une entrevue réalisée en juin dernier, à la suite de son témoignage à la Commission Charbonneau, Jacques Duchesneau avait déclaré qu'il n'envisageait pas du tout un retour à la politique :
«Jamais! Fini! On a souvent fait état de mes déclarations fracassantes. En fait, je livre le message. Ce n'est pas le messager qui est le problème, c'est le message que je livre, c'est ça qui est problématique, c'est à ça qu'on doit s'attaquer. Non, je pense que je vais laisser la chance à d'autres».
En même temps, l'ex-directeur de l'Unité anticollusion est un personnage qui n'est jamais loin de la controverse. On n’a qu’à se rappeler que M. Duchesneau a été congédié pour son manque de loyauté par le patron de l'Unité permanente anticorruption (UPAC), Réjean Lafrenière, ce dernier alléguant qu’il avait trop vivement critiqué l'organisation à laquelle il était forcé de se joindre.
On se souviendra aussi que M. Duchesneau s'est retrouvé à couteaux tirés avec son ancien employeur Gérald Tremblay après avoir affirmé que le maire de Montréal était resté sourd à ses mises en garde au sujet de son entourage, allégation que le maire a contestée avec véhémence.
Par ailleurs, l'ancien ministre des Transports Sam Hamad a également goûté à sa médecine, ayant été publiquement accusé d'avoir très froidement reçu son rapport d'enquête sur la collusion dans l'industrie de la construction.
Enfin, plus tôt dans sa carrière, M. Duchesneau avait quitté abruptement et sans explication son poste de président et chef de la direction de l'Administration canadienne de la sûreté du transport aérien en 2008. Deux ans auparavant, sa gestion avait été sérieusement critiquée par la vérificatrice générale du Canada Sheila Fraser. Bref, indépendamment de la véracité des torts imputés à Jacques Duchesneau, l'homme attire autant l'attention que la controverse à l’exemple de Gaétan Barrette.
En bout de ligne, nous sommes en train d’assister à la première d’un film digne des plus grands scénarios électoralistes dans lequel les rôles principaux sont tenus par des « coqs d’affiche » qui tentent d’exercer leur pouvoir de séduction sur la basse-cour des poules caquistes qui risquent de se laisser envoûter naïvement par les « cocoricos » des mâles assoiffés de domination.
En ce qui me concerne, en adhérant à la CAQ, Duchesneau mise sur la mauvaise cible…Toutefois, en considération de ce qu’il a accompli pour lutter contre la collusion et la corruption, je lui souhaite bonne chance quand même!
Henri Marineau
Québec
Jacques Duchesneau dans la basse-cour des poules caquistes
Le coq d'affiche
Tribune libre
Henri Marineau2096 articles
Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplô...
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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com
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4 commentaires
Archives de Vigile Répondre
6 août 2012Mais il faut admettre que monsieur Duchesneau peut faire basculer une partie du vote de la majorité silencieuse vers la CAQ.
Le monsieur Duchesneau est pour les Québécois le symbole même du respect et de l'ordre.
Tous ceux qui ont eu peur ce printemps des "p'tits jeunes communistes de carrés rouges" (et il y en a beaucoup) peuvent se rabattre sur la CAQ et sur monsieur Duchesneau pour qu'ils mettent au pas ces p'tits jeunes carrés rouges qui ont foutu le bordel au Québec.
C'est triste mais je sentais ça venir depuis quelques années. C'est comme le retour à l'époque de Duplessis avec la peur du communisme etc...
S'il existait ce que le regretté Michel Chartrand appelait le revenu de citoyenneté universel afin que tous vivent décemment au Québec, on ne connaîtrait probablement pas cette régression sociale au Québec.
Archives de Vigile Répondre
6 août 2012C'est bien clair que Duchesneau avait préparé son «coup de théâtre» depuis longtemps. Pourquoi un flic correct respectueux des règles et des hiérarchies aurait-il coulé son «rapport» en douce. Pourquoi serait-il aller faire le paon de vertu à Tout le monde en parle? Pourquoi aurait-il préparé «bénévolement» un «rapport» pour la Commission Charbonneau qui lui permettait d'éclabousser tous les partis avec son «information» non vérifiable sur le 70% d'argent sale dans les caisses électorales? Et tout ça, la main sur le coeur, jurant qu'il n'avait pas l'intention de se présenter aux élections imminentes. Et il aurait «enquêté» sur la CAQ avant de se lancer? Et il affirme maintenant qu'il ne sera là que pour un mandat pour faire du ménage? Il y a là des similitudes avec la démarche de communication de Rebello et de Barrette. A tout prendre, depuis le début, c'est les mêmes conseillers en communication qui pondent les mêmes oeufs caquistes. Ils utilisent le même artifice pour dissimuler la vérité, du fil blanc.
Jean Lespérance Répondre
5 août 2012Voyons donc M.Marineau! Comme si Duchesneau ne savait pas que la CAQ est une création en sous main du Parti libéral!
On lui offre un futur poste dans l'opposition. Et son poste risque de durer longtemps. La CAQ a du fric, c'est le cheval de Troie du Parti libéral ou devrais-je dire de Desmarais. Comme quoi quand le fric parle, les affamés écoutent.
Et avec la Commission Charbonneau, nul doute qu'il aura des reproches à faire au PQ. C'est pourquoi Mme Marois garde le silence sur lui. Elle ne sait pas quoi dire sur lui, mais lui va savoir quoi dire sur elle quand le temps sera venu.
C'est un pion qui vient d'être acheté par Desmarais. Sur la construction, Desmarais risque de s'en tirer assez bien.
Duchesneau ne mordra pas la main qui le nourrit.
Archives de Vigile Répondre
5 août 2012Le scénario "Duchesneau avec la CAQ" devait être écrit depuis un bon bout de temps.
La campagne électorale dans nos démocraties spectacle, c'est un peu comme du théâtre.
Ça me surprendrait que monsieur Duchesneau, même au pouvoir, nous amène vers une société basée davantage sur l'être humain et ses besoins plutôt que sur les profits de quelques-uns comme c'est le cas présentement.
Le fait qu'il a joint un parti d'affairistes comme la CAQ montre que l'idéologie de monsieur Duchesneau rejoint celle de la riche élite capitaliste de la finance et des affaires.