Cégeps en français pour les allophones

Le débat est relancé avec une urgence nouvelle

Version modifiée et augmentée

Cégep en français

Le problème pourtant annoncé de la décroissance de la vitalité de la langue française à Montréal pointe une fois de plus à l’avant scène. Élément de la francisation effective : Cégeps en français pour les allophones : OUI ou NON ?
Le débat est relancé avec une urgence nouvelle. Il dominera l’avant scène pour les années à venir, parce qu’un problème fondamental n’a pas été réglé. Sur le sujet spécifique de la fréquentation des institutions d’enseignement collégial par les allophones, le PQ avance une seule proposition sur la table: prolonger la loi 101 au niveau collégial. Mais, n’y aurait-il pas d’autres avenues ? J'observe à nouveau qu’un conflit s’installe entre politiciens, influenceurs et éditorialistes francophones, alors que pourtant l'état de la situation commanderait une cohésion, une action commune à partir d'une lecture commune des faits, et des objectifs. Je reviens donc sur quelques faits et j’en déduis quelques actions minimales à mettre en œuvre. Cet article répond en partie à la question inscrite dans le libellé du titre en adoptant une attitude pragmatique, progressiste et cohésive.
1. L’importance relative des études collégiales en français pour la francisation
Les cégeps sont l'endroit où se forment et transitent des élites de demain, et une grande proportion de la population active de demain. À l'heure actuelle, presque 100% des cégépiens anglophones, 50% des allophones et 4% des francophones sont formés dans les institutions du réseau des collèges anglophones. Rappelons qu’il y a 48 cégeps présents dans toutes les régions du Québec : 43 cégeps francophones, et 5 cégeps anglophones. Il y avait en 2006/2007, 152 500 étudiants inscrits à l'enseignement ordinaire et 25,000 environ à la formation continue (selon Fédération des Cégeps).
En apparence tout est juste. Et la vitalité des Cégeps anglophones est tout en leur honneur : un travail bien fait récompensé!
Premier constat. Mais les 3 Cégeps anglophones de l’île de Montréal sont situés dans un secteur qui correspond à celui où les populations allophones se sont installés. Or, la proximité des lieux joue toujours dans le choix d’un Cégep, milieu de transition, non d’appartenance. Ce rappel situe déjà que le débat comporte une dimension géographique, et que la concentration des nouveaux à Montréal pose peut-être plus problème que le libre choix! Ce commentaire ramène le débat sur le terrain de la responsabilité des politiques déficientes d’intégration et d’accueil du gouvernement québécois.
Deuxième constat. Toutefois, 58 % sont des filles et 42 % sont des garçons. Ainsi, le taux de décrochage des garçons se répercute sur la programmation de l’enseignement supérieur. Et on constate toujours que les Québécois sont moins scolarisés que la population anglophone. Ce deuxième constat rappelle le travail à faire sur la situation de décrochage scolaire et de l’intégration des garçons (allophones comme francophones des écoles secondaires. Le problème relève là d’un manque de leadership éclairé du Ministère de l’éducation, et peut-être aussi de la Fédération des Cégeps, laquelle devrait travailler main dans la main avec les commissions scolaires pour effectuer un recrutement et un encouragement positif vers des études collégiales (professionnelles) en français et pourquoi pas une collaboration constructive pour que le français soit mieux enseigné dans les écoles primaires et secondaires.
Troisième constat : Les trois Cégep anglophones de Montréal sont le Dawson College, le John Abbott College, et le Collège Vanier Le College Dawson compte 10,000 étudiants. Il est situé au cœur de Montréal, dans un environnement stimulant et verdoyant. C’est le dynamisme de ses administrations qui en ont fait une institution de choix. Le John-Abbott College est situé dans l’ouest de l’Île et compte 7200 étudiants. Les plans stratégiques de ces deux collèges sont très stimulants, et ils comptent sur de solides fondations. Ce constat entraîne un commentaire : aux Cégeps francophones de l’île de Montréal de faire preuve d’autant de vitalité et de détermination. Plus de vision et moins de structurites et d’associations revendicatrices de toutes sortes : travaillez plus, présentez des résultats dynamiques, et vous attirerez une plus grande proportion de la population allophone.
Quatrième constat. Les cinq cégeps anglophones du Québec accueillaient en 2005/2006 quelque 23 000 étudiants et étudiantes, soit le même nombre qu'en 1992. De ce nombre, 7300 étudiants étaient allophones. La population étudiante en 2009/2010 serait de quelque 169,000 étudiants, en hausse par rapport à l’année précédente. L’augmentation de la clientèle dans les cégeps anglophones découle d’une plus grande fréquentation des institutions anglophones par les élèves allophones et francophones. Ainsi, au cégep Dawson, à peine 59 % des étudiants sont de langue maternelle anglaise, et 25 % sont allophones. (Fédération des Cégeps et données sur les sites des dits Cégeps).
La tendance du nombre d’allophones effectuant leurs études dans un Cégep francophone serait à la baisse «  Les données provisoires pour 2006 donnent une proportion de 39,3% poursuivant leurs études collégiales en français » selon (Pagé et Lamarre, p.26 relatant une étude de Paillé, 2007).
J’ai par contre effectué une recherche indépendante auprès du MELS. Les données communiquées indiquent qu’il y aurait plutôt un accroissement de la proportion et des effectifs de langue maternelle allophone dans les Cégeps francophones depuis 2006/2007. Les données sont contradictoires, et cet écart vient peut-être de la comparaison entre étudiants de la formation régulière versus la formation continue ou aux adultes. Nous reproduisons ce tableau fourni par le MELS. Toutefois, la barre du 50% serait nettement franchie (est-ce lié aux tragiques évènements de Dawson en automne 2006 ou aux travaux d’expansion du campus Dawson en 2009, dans tel cas le phénomène ne serait que temporaire, à toutes choses égales). Dans tous les cas au moins sept mille allophones passent à l’enseignement en anglais après les études secondaires, ce qui représente alors même qu’il y a une baisse marquée de la population francophone de l’île de Montréal, un nombre significatif de grand impact. Au mieux, pour que l’effet soit nul par rapport à la proportion des francophones du Québec, il faudrait que 80% des étudiants à l’enseignement collégial fréquentent un établissement francophone.
Effectifs totaux allophones selon la langue d’enseignement au collégial
(session d’automne, à l’enseignement régulier )
Étudiants réguliers Allophones
_ 2003
_ 2004
_ 2005
_ 2006
_ 2007
_ 2008
Enseignement collégial francophone
_ 5 866 ; 45,4%
_ 6 184 ; 47,9%
_ 6 648 ; 47,8%
_ 7 269
_ 49,5%
_ 7 893 ; 51,4 %.
_ 8154
_ 52,8 %
Enseignement collégial anglophone
_ 7064
_ 6 648
_ 7267
_ 7369
_ 7463
_ 6990
Source : MELS, DRSI, données SIGDEC, septembre 2009.
Il s'agit des données les plus récentes, excluant 2009. Les données portent sur la cohorte d'étudiants à l'enseignement régulier à l'automne, dans les collèges publics et privés du Québec. En 2007 et 2008, plus de la moitié des allophones étudiaient dans un collège francophone ( > 51,4 %). Ainsi pour la première fois plus de 50% des allophones fréquenteraient un Cégep francophone. Mais selon les données préliminaires de mai 2010, les demandes d’admission pour l’automne 2010 dans les Cégeps anglophones de l’île de Montréal auraient augmenté de presque 20% (Gazette mai 2010). Bref, les taux de fréquentation des établissements francophones par les allophones sont toujours trop bas, donné la situation de problèmes, et le processus de transfert linguistique vers l’anglais et éventuellement d’exogamie latent.
Quoiqu’il en soit, pour l’instant les études ne semblent pas répondre à la question suivante : « Dans quelle mesure les jeunes d’origine immigrante qui choisissent de poursuivre leurs études collégiales et universitaires en anglais adopteront-ils par la suite l’anglais comme langue préférée dans laquelle ils souhaiteront travailler et choisiront d’éduquer leurs enfants? » S’il n’existe pas d’études spécifiques permettant de répondre directement à cette question, l’étude du transfert linguistique par C. Castonguay (2005/2009)- le ratio de la langue d’usage sur la langue maternelle- fournit une indication nette à l’effet que la substitution se ferait largement en faveur de l’anglais.
Toutefois l’observation critique et l’analyse du comportement social que sous-tend le processus de transfert à la langue anglaise des allophones du Québec,( tout comme l’observation du processus d’assimilation des francophones de la région d’Ottawa, et d’ailleurs au Canada-anglais) révèlent tout de l’implacable force d’attraction de la langue anglaise.
Plus particulièrement, l’expérience me révèle que l'intégration à la langue française (francisation) ne se fait pas utilement pour les groupes allophones qui parlent déjà des langues aux racines très différentes de celles du français, et en provenance de pays anglophones. Ainsi, je n'ai jamais rencontré dans les segments de la population que je fréquente, des allophones/anglophones originaires du Pakistan ou des Indes ou de pays musulmans dont la langue officielle est l'anglais intégrés réellement à la culture francophone, hormis des cas d’exception ayant fréquenté un Cégep puis une université francophone. Il semble alors que la fréquentation assidue d’une institution d’enseignement supérieur francophone soit une étape obligée à une francisation réelle, la fréquentation d’une institution anglophone marquant largement l’adoption de la future langue d’usage naturelle (langue parlée à la maison et des communications sociales intimes). Si ce raisonnement est juste, et vérifiable par des analyses de corrélation statistiques, alors des mesures correctrices s’imposent.
En principe le libre choix est un idéal compatible avec l’idée de la Liberté. Mais le problème est qu’il y a un conflit entre un idéal général et un problème concret qui contribue à miner la vitalité même de la société de retranchement du français en Amérique. Le libre choix n’est plus possible à cause de l’évolution de la situation, largement le fait d’une immigration récente, mal gérée mal francisée, qui ne trouve plus à Montréal un lieu d’immersion incontournable à culture et à la langue française.
Je reviens donc sur quelques faits et des mesures minimales à mettre en œuvre.
2. Perte de vitesse de la vitalité du français
La langue principale parlée à la maison devient la langue maternelle de la génération suivante, donc à l’accès à l’école anglaise et à une anglicisation définitive. Le transfert linguistique en faveur de l’anglais s’étale donc sur une génération, et les données statistiques entre les données primaires et l’état réel de la situation seront déphasées d’autant. C’est ce que traduit déjà l’évolution du français au Canada entre 1971 et 2006 (le français n’est plus que la langue maternelle de 19,5% des canadiens selon statistique Canada, analyse 2009), et que commence transparaître la glissade vers l’anglais au Québec (décroissance de la langue maternelle française de 82% à 79,6% entre 1991 et 2006).
Ainsi, les statistiques qui découlent de questions équivoques sur la langue d’usage ou d’une lecture primaire de données brutes peuvent conduire à court terme à d’importantes erreurs d’interprétation sur la vitalité réelle du français, et à l’incohérence des politiques.
« Aucun des différents critères de vitalité examinés n’indique que le français progresse par rapport à l’anglais au Québec »1. Si les tendances se poursuivent, le français continuera de perdre du terrain et risque de devenir minoritaire au Québec d’ici quelques générations, et bien avant le prochain recensement à Montréal. On ne pourra renverser ce déclin que si les immigrants québécois choisissent le français comme langue d’usage à la maison comme au travail, et vraisemblablement comme langue des études supérieures (collégiales).
Par ailleurs, l’observation critique et le sens critique de l’analyse indiquent un état de la situation encore plus critique que nous le dépeignent des études académiques. En effet, ces dernières utilisent une notion assez large de la langue d’usage. Or la maîtrise d’une langue exige plus que l’accumulation de mots et d’éléments d’une communication fonctionnelle, c’est une manière de penser, de concevoir, d’évoquer, de créer, d’appartenir à la culture francophone. Sur ce plan, l’usage du français par les nouveaux arrivants allophones est fragile, toujours en marge d’un potentiel transfert linguistique en faveur de l’anglais. De plus, lorsque la langue d’usage à la maison des allophones est l’anglais, elle devient la langue maternelle de leurs enfants, il y a un processus différé qui fait que la vitalité du français est largement moindre que l’image évoquée par les données statistiques primaires. Ainsi, déjà le sens critique oblige à intervenir avec détermination et cohérence en faveur d’un plus grand effort d’intégration au français. Considérant en particulier que :
Quelque 50% des allophones entreprennent leurs études collégiales et universitaires en anglais, ce qui détermine le transfert à l’anglais dans leur vie sociale et professionnelle, engendrant à la deuxième génération un processus d’exogamie définitif;
les transferts linguistiques se font au détriment du français, donné l’attraction de l’anglais;
le flux excessif de quelque 50 000 nouveaux immigrants par année, dans un contexte de fragilisation de la place du français et d’une intégration mal gérée, amplifie la situation de problèmes;
la qualité du français parlé semble se détériorer chez des jeunes immigrants pourtant originaires de certains pays francophones;
la dérive de la situation linguistique de la métropole montréalaise est de nature à engendrer des coûts indirects et différés;
les difficultés d’intégration et l’échec d’une francisation effective de la majorité des nouveaux arrivants allophones accroissent des tensions ethniques et sociales et le potentiel d’une crise linguistique.
Alors le sens commun indique déjà l’urgence de prendre des mesures correctrices de manière à :
1. mieux sélectionner les immigrants en fonction de l'origine linguistique francophone/francotrope
2. réaliser une francisation plus efficiente, plus généralisée et plus cohérente des immigrants ne maîtrisant pas la langue française;
3. encourager les nouveaux arrivants, avec cohérence et un sens aigu de l’accueil, dans leurs efforts sincères d’intégration linguistique; et,
4. inciter dès maintenant les allophones à entreprendre leurs études collégiales en français.
Par ailleurs, puisque le gouvernement ne maîtrise pas l'intégration à la langue française, il devrait alors réduire dès maintenant le flux de l'immigration. Le niveau d’immigration non francophone, ce tant à Montréal que dans la grande région d'Ottawa/Carleton d’ailleurs, constitue une action politique qui se calque aux vœux d’assimilation de Lord Durham2, littéralement. Le flux actuel d’une immigration mal gérée risquerait même de mener à des niveaux inacceptables de violence et de troubles sociaux incontrôlables, et de fragiliser la vitalité linguistique et culturelle de la société francophone. Rien de plus différent au Bien commun que ces politiques qui conjuguent en notre société des influences contradictoires, et essaiment sur la voie de conflits ultérieurs.
3. Pragmatisme éclairé d’une lecture commune de la situation de problèmes
Par ailleurs j'observe que beaucoup des différences d’interprétation entre les éditorialistes (ceux de la Presse par exemple qui nient la référence même à une situation de problèmes, en dépits de toutes les évidences de dérapage depuis des années) opposent deux structures de pensées différentes. L’un est de culture philosophique française, l'autre a trempé dans une forme de scepticisme anglo-saxon. Il me semble qu’il faille éviter de verser vers une manière d'uniformisation structurale que proposent certains souverainistes. La "structurite" n'est pas une approche heureuse: trop de lourdeur, trop de conflits inutiles.
Par ailleurs, la dérive inscrite au cœur d’un manque de cohérence et de lucidité des politiques d’immigration, sans trop d’intégration, depuis au moins 2004 inscrit maintenant un problème de taille. Ainsi, il faut dès maintenant inciter les allophones à faire leurs études collégiales en français.
Voici une approche structurale qui pourrait être utile, donné les objectifs communs: l’essentielle vitalité du français, voire sa pérennité même.

Il serait possible de tout simplement revoir le régime pédagogique collégial de manière à rendre obligatoire la réussite de trois ou quatre cours en français dans les Cégeps anglophones : Philosophie, littérature(2), et un cours optionnel. Pourquoi la philosophie? Je vous réfère à Piaget et Chomsky: les structures mentales à l¨âge de 16 à 18 ans. Littérature française (québécoise) : structures socio-affectives, et le goût de lire plus en français. Voilà essentiellement, et vous obtiendrez là une approche pragmatique qui pourrait faire pencher le rapport de force en faveur de la francisation effective et réelle d'une majorité de jeunes allophones, et de la génération qui suivra. Et vous n'aurez pas heurté les sensibilités propres, ce qui mènerait à un conflit stérile. Cette mesure, l'obligation de compléter trois ou quatre cours charnière du tronc commun des études collégiales en français pour tous les allophones qui désireraient fréquenter malgré tout les Cégeps anglophones, pourrait être mise de l'avant progressivement, et dès maintenant. Et la lecture de la situation, la manière débridée d'ouvrir les portes à une immigration trop peu francophone fait que le temps presse urgemment.
Conclusion 
Nous avons situé l’importance relative de la fréquentation par les jeunes immigrants allophones des cégeps francophones. Mis en perspective, le problème réel de la perte de vitesse de la vitalité du français, à Montréal surtout, découle plus de politiques aveugles d’immigration, sans trop d’égard aux effets à moyen et long terme d’un flux d’immigration mal géré, mal sélectionné, mal orienté vers l’iintégration à la vie en français au Québec.
L’approche pragmatique que nous proposons est de nature à porter fruit à court terme, sans tomber dans des débats stériles qui divisent sans rien régler d’un problème commun. Inscrire l’obligation de compléter trois ou quatre cours charnière en français pour ceux et celles qui choisiraient de fréquenter les cégeps anglophones serait efficace, et elle porte le fruit d’une cohésion utile à la résolution de tant d’autres difficultés qu’il serait possible de surmonter par une approche constructive et mobilisatrice.
À la lumière d’une évaluation de l’évolution de la situation, il serait possible de moduler ou d’adapter les modalités, ou de consolider les mesures initiales.
Michel Pagé

Montréal

Le 10 Mai 2010
Quelques références fondamentales
Charles Castonguay.. Les indicateurs généraux de vitalité des langues au Québec de 1971-2001. pour OQLF. 2005; et dans interview Les sceptiques du Québec. La vitalité du français. Observations critiques. 2009.
Daigle G. avec la collaboration de G. Rocher. Le Québec en jeu. Les Presses de l’Université de Montréal. 1992. Chapitres 14,15,16.
Pagé Michel avec la collaboration de Patricia Lamarre. L’intégration linguistique des immigrants au Québec. Études IRPP, Institut de recherche des politiques publiques. Février 2010, sur www.irpp.org.
Curzi Pierre, (collectif sous la direction de ). Novembre 2009. Sur http://pierrecurzi.org/sites/pierrecurzi.org/files/Le_grand_Montreal_sanglicise.pdf
Statistique Canada, recensement 2006. analyse 2009.
Effectif collégial. MELS. Portail informationnel. Système Socrate, données 2009/2010.
Et validations par des vérités d’expériences et des observations critiques ciblées du présent rédacteur.
Questions subsidiaires qui feront l’objet de notes particulières dans d’autres textes:
1. Retour sur l’Histoire :
Le flux d’immigrants qu’accueille annuellement le Québec (et le Canada-anglais dans les provinces où le français est menacé, littéralement) ressemble beaucoup à la stratégie mise de l’avant lors de la constitution du Haut et du Bas Canada exprimée dans le rapport Durham de 1839-40. L’assimilation des canadiens-français y était décrite comme une nécessité. Dans son rapport, lord Durham analysait la crise qui faisait rage dans le Bas-Canada. Selon lui, il existait deux causes à cette crise :
1) la présence d’une Chambre d’assemblée élue et d’un Conseil exécutif non responsable entraînant un conflit politique; le gouverneur s’opposait à la Chambre d’assemblée;
2) la coexistence de Canadiens et d’Anglais entraînant un conflit de race (ethnique).
Lord Durham proposa trois solutions:
1) l’union du Haut-Canada (Ontario) et du Bas-Canada (Québec) en un seul pays (1840);
2) l’assimilation des Canadiens français (1840);
3) la responsabilité ministérielle ou un gouvernement responsable (1848).
On peut lire dans les lignes qui suivent de larges extraits de ce rapport: http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/francophonie/Rbritannique_Durham.htm
2. Question subsidiaire : Immersion condition indispensable à la francisation
La trop grande concentration des immigrants dans la région de Montréal
limite l’intégration linguistique et sociale des immigrants à la société francophone québécoise. Il me semble que la promotion du français auprès des immigrants passe par l’immersion totale ans des milieux majoritairement francophones et francophiles.
La dégradation de la vitalité du français (et de sa qualité) serait proportionnelle au multilinguisme croissant de la région montréalaise où l’usage de l’anglais devient de plus en plus important. Dans l’Ouest canadien, d’autres langues ont supplanté le français depuis une dizaine d’années. Que signifiera bientôt le discours des langues officielles dans ces régions du Canada. ?
3.autre question subsidiaire : le problème démocratique : Personne n’a autorisé les Premiers ministres Harper ou Charest à augmenter les quotas de l’immigration., ni M. Charest à réduire les services et les cours de francisation : Est-ce illégitime, quoique légal. Ceci et bien d’autres choses soulève la question de la crise de la démocratie parlementaire.

Squared

Michel Pagé12 articles

  • 11 257

Résidant de Montréal. A fait plusieurs mandats en coopération internationale, et a travaillé dans plusieurs provinces anglophones. Formation académique en sciences, gestion et littérature.





Laissez un commentaire



2 commentaires

  • Michel Pagé Répondre

    8 septembre 2010

    Nous venons de prendre note d’une étude publiée le 7 septembre un nouvel Institut de recherche sur le français en Amérique (IRFA) financé par la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) sur les comportements linguistiques des étudiants du collégial, conclut que les étudiants francophones et allophones qui choisissent d’étudier dans un cégep de langue anglaise risquent fort d’évoluer vers l’usage de l’anglais et faire de l’anglais la langue parlée à la maison donc la langue maternelle de la génération suivante. Cette étude de nature statistique menée auprès d’une cohorte de quelque 3200 étudiants, fournit des résultats quantitatifs, des pourcentages, qui corroborent notre analyse qui s’appuie sur la nature des processus comportementaux et des vérités d’expérience. Voilà une preuve qualitative qui corrobore la justesse de nos analyses. Donc « la fréquentation d’un collège anglophone constituerait une étape déterminante vers l’adoption de la future langue d’usage naturelle (dans version revue, mai 2010) », donc vers l’anglicisation définitive des allophones. Dit autrement, la fréquentation d’un Cégep francophone serait une condition minimale pour introduire les jeunes allophones poursuivant leurs études supérieures à la francité québécoise par l’enseignement d’une manière de penser (philosophie), par la manière de se lier au terroir littéraire (littérature) et de faire corps à l’Histoire (cours d’Histoire) du peuple d’accueil.
    Bien votre

  • Michel Pagé Répondre

    8 septembre 2010

    Nous prenons note aujourd'hui d'une étude publiée le 7 septembre 2010 par le nouvel Institut de recherche sur le français en Amérique (IRFA) financée par la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) sur les comportements linguistiques des étudiants du collégial, conclut que les étudiants francophones et allophones qui choisissent d’étudier dans un cégep de langue anglaise risquent fort d’évoluer vers l’usage de l’anglais et faire de l’anglais la langue parlée à la maison donc la langue maternelle de la génération suivante. Cette étude de nature statistique auprès d’une cohorte de quelque 3200 étudiants, fournit des résultats quantitatifs, des pourcentages, qui corroborent notre analyse qui s’appuie sur la nature des processus comportementaux et des vérités d’expérience. Voilà une preuve qualitative qui corrobore la justesse de nos analyses. Donc « la fréquentation d’un collège anglophone constituerait une étape déterminante vers l’adoption de la future langue d’usage naturelle », donc vers l’anglicisation définitive des allophones. Dit autrement, la fréquentation d’un Cégep francophone serait une condition minimale pour introduire les jeunes allophones poursuivant leurs études supérieures à la francité québécoise par l’enseignement d’une manière de penser (philosophie), par la manière de se lier au terroir littéraire (littérature) et de faire corps avec l’Histoire (cours d’Histoire) du peuple d’accueil.
    Bien votre
    Michel P.