Fin février 2011, Lucien Bouchard amorce son mandat de président de l’Association du Pétrole et du Gaz du Québec (APGQ) par une tournée des médias. Premier constat, la propagande de l’APGQ est la même mais édulcorée à la Lucien Bouchard
En partant, M.Bouchard insulte notre intelligence en s’affublant du rôle de conciliateur car dit-il il a à-cœur l’intérêt public. On trouverait plutôt épais un syndicaliste qui accepterait un conciliateur, nommé et payé par la partie patronale. M. Bouchard cherche à nous cacher qu’il est l’avocat de Talisman Energy, qui le paye très grassement pour défendre ses intérêts et ceux des autres petits menés de L’APGQ. L’intérêt public, n’a vraiment pas besoin d’un avocat d’affaires déguisé en conciliateur. Il se fait déjà assez fourrer par un lobby financier déguisé en gouvernement Charest.
Amadouer la victime
Vous savez ce qu’un manipulateur fait lorsque sa victime se rebelle et qu’il sent qu’il va la perdre ? Il se fait repentant et amadoue sa victime. Il avoue qu’il a ses torts, non pas pour changer d’attitude mais pour lui faire croire qu’il a changé. Il n’a pas l’intention de changer, mais il doit vaincre la résistance de sa victime pour continuer à l’exploiter. Voici quelques perles du discours manipulateur de Lucien Bouchard.
M. Bouchard affirme vertueusement : « L’exploitation ne peut pas se faire contre la volonté de la population.» mais du même souffle, il défend que l’exploration doit se continuer contre la volonté de la population et sans le véto des municipalités. Il cherche à confondre son auditoire en jouant l’explitation contre l’exploration. M. Bouchard, la volonté de la population, c’est un moratoire et un débat public sur les orientations énergétiques du Québec, avant de continuer avec le schiste. Et c’a inclut l’exploration.
«Il faut qu’il y ait un changement d’attitude, et je pense que les gens de l’industrie ne peuvent plus agir comme c’a.» Phrase creuse qui n’engage personne à rien, mais qui laisse l’impression rassurante que l’industrie a des regrets et qu’elle va changer. Qui connait l’industrie, sait qu’elle ne changera pas sinon des petites modifications cosmétiques à monter en épingle devant les caméras de RDI et LCN. Phrase trompeuse en ce qu’elle fait porter à l’industrie toute la responsabilité de la fronde du schiste contre la population. Comment peut-on blâmer l’industrie de s’être installée, le gouvernement Charest leur a ouvert toute grande la porte en leur disant faite comme chez-vous? Payé par Talisman, Lucien Bouchard n’a pas le mandat de changer l’attitude de l’industrie, mais celui de le faire croire à la population. Lucien Bouchard n’a pris aucun engagement de résultats là-dessus c’est certain.
« L’intérêt des entreprises doit être subordonné à l’intérêt public, sinon, il n’y aura pas d’exploitation du gaz de schiste.» Phrase vertueuse mais totalement fallacieuse. D’abord il faut être un imbécile fini, pour croire que Talisman va payer un avocat à gros prix pour faire subordonner ses intérêts à ceux dequi que se soit. Déclaration choc en apparence rassurante, mais qui n’a aucune crédibilité, du fait que toute la clique, formée de l’APGQ, Bouchard, Charest, Arcan et la Normandeau, sont vendus à 110% au développement du gaz de schiste. Facile de faire une menace d’abandon quand on sait qu’il n’y a personne en autorité pour la faire appliquer. D’ailleurs ce n’est un secret pour personne que depuis de début de la fronde du schiste, le gouvernement. Charest subordonne en catimini, les intérêts publics à ceux de l’industrie tout en prétendant le contraire. Le président de Questerre devait se tordre de rire dans son bureau en entendant Lucien Bouchard déclarer que « L’intérêt des entreprises doit être subordonné à l’intérêt public.» Il a du s’exclamer : « he’s good that Boucard »
« Je suis persuadé qu'on peut développer ces ressources correctement et
que ça va se faire dans le respect de l'environnement et des communautés…» Affirmation gratuite et prétentieuse. N’étant pas ingénieur géologue spécialisé en forage de schiste, tout le monde aura compris que la conviction de Lucien Bouchard ne peut certainement pas s’appuyer sur son expertise technique du schiste. Sans autres explications logiques, cette conviction ne peut donc s’appuyer, que la généreuse rémunération de son client Talisman Energy. De plus l’affirmation est faussement rassurante. Elle n’engage Lucien Bouchard à rien, du fait que son mandat n’inclut aucune obligation de résultat en regard de la surveillance et du respect de ces engagements. Il sait très bien que c’à ne sera plus son problème une fois son mandat terminé. La prétention est d’autant plus trompeuse que M.Bouchard sait très bien que le gouvernement n’a pas les moyens de mettre en place un système de surveillance des sites de forage.
Isoler et mépriser les opposants
« Une société à risque zéro, c’a n’existe pas; il faut... que le risque qui soit acceptable.»
Phrase choc démagogique qui vise à mépriser les opposants en les faisant passer pour des peureux. Pourtant personne parmi les opposants et la population n’exige le risque zéro. Avant de prendre un risque, toute personne saine d’esprit se demande s’il est nécessaire, utile ou avantageux de prendre ce risque. Mais M. Bouchard ne veut pas que l’on s’interroge sur le risque que l’industrie veut faire porter à la population, de façon à rentabiliser son exploitation du gaz de schiste. Pour les Québécois, il est stupide de prendre le risque du schiste alors qu’il a des surplus d’énergie électrique pour 20 ans et qu’en plus la biomasse, l’éolien, le géothermique et l’efficacité énergétique sont des alternatives plus intelligentes pour l’environnement. En plus d’être inacceptable, le risque du schiste est insensé pour la population.
Il y a ceux qui sont contre, contre, contre.. Ceux-là n'accepteront jamais. Si, pour des raisons idéologiques, on décide au Québec qu'il ne faut pas développer les ressources naturelles…
Autre affirmation démagogique visant à faire passer les opposants pour des objecteurs idéologiques qui refusent tous projets. En entrevue avec Anne-Marie Dussault, Lucien Bouchard à exprimé deux fois avec dépit sa nostalgie des beaux projets non-prioritaires, inutiles ou nuisibles à la société qui ont été rejetés. Comment M.Bouchard peut-il mépriser ceux qui veillent à ce que les projets ne se fassent pas au détriment de l’environnement et de la santé de la population. Pourquoi méprise-il ceux qui s’opposent au surendettement inutile de l’État et qui s’assurent que les projets ne soient pas imposés contre la volonté de la population.
Manipuler l’opinion publique
«Je pense que la large majorité de la population est ouverte et veut comprendre, elle veut être rassurée…»
Phrase vicieuse qui vise à isoler les opposants de la majorité silencieuse et à les faire passer pour des bornés et des entêtés. Phrase par laquelle M, Bouchard flatte la population et du même souffle l’infantilise en affirmant qu’elle ne comprend pas et qu’elle a besoin d’être rassurée. La population a très bien compris que la clique Charest/Industrie s’est liguée sournoisement contre elle et qu’elle continue à le faire avec le mandat bidon du BAPE et la même propagande biaisée, assaisonnée à la sauce démagogique de Lucien Bouchard. La population ne veut pas être rassurée, elle veut qu’on respecte sa volonté et qu’on cesse d’insulter son intelligence.
« Le Québec a un énorme intérêt à développer ce potentiel-là…»
L’intérêt du Québec ou les intérêts de quelques uns au Québec ? Jusqu’ici, le débat public tend à démontrer que l’extraction du gaz de schiste n’est rentable pour l’industrie, qu’à condition qu’elle reçoive des crédits d’impôt à l’exploration, que l’eau soit gratuite, que les rejets d’eau toxiques soient dilués à faible coût par les usines d’épuration municipales, que les coûts de réfection des routes et de surveillance de l’environnement soient assumés par le gouvernement, que les pertes d’évaluation des propriétés soient assumés par les propriétaires, que les redevances ne soient pas trop élevées et finalement que les coûts de santé résultants de la pollution et du bruit des diésel et des torchères de même que des camions citernes, soient absorbés pas le système de santé public. Il ne faut pas enfin que l’industrie soit imputable financièrement des contaminations possibles des nappes phréatiques et des fuites de méthane causé par les fracturations ou par la dégradation des puits abandonnés.
En résumé c’a veut dire qu’il y a du profit à faire pour quelques uns, à condition que les contribuables assument les coûts indirects de la transformation de la vallée du St-Laurent en gruyère de schiste. Si on y ajoute les impacts géologiques imprévisibles et la dégradation du paysage, tapissé d’immenses piscines d’eau sale, on ne voit pas vraiment où se trouve «l’énorme intérêt » pour les Québécois.
« Lucien Bouchard veut mettre les choses en perspective. Dans un seul gisement au Texas on compte 18 000 puits. «Il s'en est fait 11 l'an dernier au Québec, 30 depuis 2008. On peut peut-être en faire quelques-uns de plus sans s'énerver? »
Comparaison pour faire passer les opposants pour des émotifs énervés. Comparaison superficielle et gratuite du fait que l’on n’a pas de source indépendante le bilan des impacts de ces 18 000 puits sur la population, l’environnement et la nappe phréatique. Ce que l’on sait, c’est que les histoires d’horreur su schiste aux USA fusent de partout depuis 6 mois. Quand il y aura 8000 puits et des nappes phréatiques intoxiquées à jamais, il sera trop tard pour appliquer le principe de précaution. Mais c’a M. Bouchard n’en fait pas son problème, car dans sa perspective, son mandat sera terminé depuis belle lurette et qu’il aura déjà touché des intérêts sur son cash.
L’imposture démasquée
Nous voulons un moratoire et ce gars là ne veut pas que nous ayons le temps d’analyser la situation. Il ne veut pas nous informer mais nous imposer la propagande de la collusion Charest/APGQ. Ce gars là ne nous respecte pas comme des adultes, il nous infantilise en prétendant que nous avons besoin d’être rassurés comme de pauvres insécures. Ce gars là ne se soucie pas du réchauffement climatique, il défend le développement d’une énergie fossile que nous n’avons pas besoin. Nous voulons un débat public sur les énergies et ce gars là défend la cause de ceux qui veulent nous imposer le gaz de schiste. Nous voulons une évaluation environnementale complète et une étude cout/bénéfice indépendante avant de poursuivre, mais ce gars là défend le BAPE bidon et la cause de ceux qui ne veulent nous cacher les impacts. Nous voulons appliquer le principe de précaution mais ce gars là défend la cause de ceux qui veulent poursuivre l’exploration pour atteindre un point de non retour. Ce gars là ne veut pas aider les Québécois mais manipuler l’opinion publique au bénéfice d’une minorité d’affairistes cupides et irresponsables. Ce gars là prétend la sureté de la très risquée technique d’extraction du gaz de schiste, alors qu’il n’y connaît rien, ne contrôle rien et ne contrôlera rien dans l’avenir. Ce gars là ne travaille pas pour nous ni pour l’intérêt public et encore moins pour le bien commun du Québec. Malgré l’esbroufe appuyée de M.Bouchard, son titre passé de Premier Ministre ne garantie en rien sa fidélité présente à la défense des intérêts du bien commun des Québécois. Au contraire, il a choisi son camp et c’est celui des affairistes de l’APGQ et de leurs pantins au gouvernement Charest.
Conclusion
Les Québécois vont devoir s’occuper de leurs affaires et cesser d’attendre un sauveur. Quand on laisse la gestion de ses ressources aux affairistes, à leurs avocats et à leurs pantins gouvernementaux, il ne faut pas se surprendre qu’ils les gèrent à leur avantage tout en prétendant le contraire.
À force de courir après des rois, tu finis par mettre le pied dans leur merde.
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5 commentaires
Archives de Vigile Répondre
5 mars 2011M. Lavoie dit: "Quelle est la date magique, qui sera le rassembleur ? "
Surveillons le groupe MCN-21 (Maîtres Chez Nous 21ième siècle)
http://www.ledevoir.com/politique/q...
Martin Lavoie Répondre
3 mars 2011Je crois bien que ces gestionnaires improvisés devront recevoir la leçon qu'ils méritent, en perdant toute crédibilité sur la place publique. Et pour leur démontrer, il faudra bien ce Printemps du Lys: une multitude qui, le plus tôt possible, prendra sa place sur la colline parlementaire. Rêverons-nous qu'une masse suffisante se donnera rendez-vous à cet endroit symbolique. Je sais que certains rendez-vous dans ce sens existent et je me rappelle m'être rendu au rendez-vous de M. Brosseau, en me trompant de mois, donc, seul devant le Parlement. Humoristique. Il y a ces vigiles du samedi, que je manque pour raison de travail. Quelle est la date magique, qui sera le rassembleur? Suis-je en retard sur l'information?
Archives de Vigile Répondre
2 mars 2011Bouchard et le gaz de schiste
.
J'ai toujours été un grand admirateur de Lucien Bouchard. Du temps où il mettait son côté engagé et émotif du côté des Québécois, je louais son engagement en apparence toujours sincère. Comme lui, je suis pour le développement des ressources.Jeudi dernier, en entrevue au 24 heures en 60 minutes avec Anne-Marie Dussault, j'ai fait les frais de l'un de ses emportements émotifs. Monsieur Bouchard, son patron Talisman Energies Inc. et l'industrie gazière sont en apparence très agacés par les trois textes que j'ai mis en ligne (http://www.facebook.com/pages/Marc-Drand-doct-ing-en-géologie-appliquée/188600667838189) et qui remettent en question le plan d'affaires que l'industrie avait concocté discrètement en 2008 et qui maintenant se trouve de plus en plus contesté. Mon analyse d'expert indépendant en géologie de l'ingénieur (dix ans directeur des études avancées, maîtrise et Ph.D. en géologie, consultant pour des tunnels dans les shales de Lorraine et Utica, etc.) met en relief une faille majeure dans ce processus: les coûts énormes dans la gestion des puits abandonnés. L'industrie ne s'est jamais préoccupée de ça. C'est pourtant obligatoire avec le nouveau procédé.
Monsieur Bouchard a eu recours à un procédé tout à fait inacceptable en entrevue: il a inventé des propos ridicules qu'il m'attribue, mais qui ne se retrouvent ni dans mes textes ni dans mes entrevues. Il avait commencé l'entrevue avec Mme Dussault en rappelant l'importance qu'il accordait à bien préserver sa réputation; pourtant, il n'a pas hésité à ridiculiser tout mon travail d'expert, d'une pirouette sans aucune autre forme de commentaire. Son intervention dans le dossier des gaz de schiste n'annonce rien de bon, si c'est le traitement qu'il réserve aux experts qui diffèrent d'opinion avec Talisman.
Marc Durand, doct-ing en géologie appliquée et professeur retraité du Département des sciences de la Terre de l'UQAM - Le 1er mars 2011
Éric Messier Répondre
2 mars 2011Merci Vieux Sage pour cette éclatante démonstration qui sert la vérité contre les hypocrites et les menteurs.
http://www.voir.ca/blogs/ric_messier/archive/2011/02/28/rapport-arnaque-des-gaz-de-schistes-au-qu-233-bec.aspx
Stéphane Sauvé Répondre
2 mars 2011Merci vieux sage pour votre texte, vous êtes dans le mille.
Il s'agit maintenant de serrer les rangs et préparer la relève, faute de quoi nous sommes, comme vous dites, dans la merde.