Le matamore démasqué

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« La question que l’on entend revenir le plus souvent allant comme ceci : coudonc, qu’est-ce que Barrette peut bien savoir sur Couillard pour qu’il le protège autant ? »

Quand Gaétan Barrette a quitté la CAQ pour le Parti libéral, François Legault l’a vraiment échappé belle. Mon petit doigt me dit que le chef caquiste n’aurait pas souffert longtemps la présence dans ses rangs de ce Napoléon d’opérette imbu jusqu’à l’os de sa propre faconde.


Au début de son mandat au ministère de la Santé et des Services sociaux, il s’en est néanmoins trouvé pour admirer ses tactiques de pitbull. Pour « casser » cette grosse machine, certains voyaient dans sa grossièreté et son autoritarisme des qualités essentielles au lieu des graves déficiences qu’ils sont dans les faits.


À moins d’un an des élections, ce masque trompeur est tombé pour de bon. L’enquête menée par la journaliste Isabelle Hachey de La Presse sur les comportements d’intimidateur récidiviste du docteur Barrette confirme l’ampleur du problème.


Depuis le lancement des multiples « réformes » Barrette, nombreux sont les patients et les usagers qui ont pourtant dénoncé leur échec patent. Puis vint le personnel médical du CHU Ste-Justine pour enfants qui, courageusement, se bat contre sa fusion forcée avec le méga CHUM.


Cri à l’aide


Mais il aura fallu une enquête journalistique et la levée récente de boucliers venant d’une kyrielle de professionnels du système, incluant des médecins, pour que le ministre tout-puissant soit enfin déculotté sur la place publique.


Dénonçant l’intimidation, le dénigrement et l’abus de pouvoir sévissant sous le régime Barrette, leur appel est en fait un cri à l’aide. En plus de l’austérité, l’hypercentralisation que le ministre impose au système affaiblit et déshumanise les soins de santé et les services sociaux.


Sa mainmise complète et sans précédent sur l’ensemble des gestionnaires en a fait des valets obéissants et silencieux. Pour protéger leurs postes, la seule parole que certains se permettent est d’encenser le ministre.


Le ministre bulldozer s’est aussi débarrassé des rares contre-pouvoirs qui restaient encore en santé et services sociaux. Seul avec son soi-même, le ministre Barrette est maintenant libre de roucouler de plaisir quand il admire l’étendue de son pouvoir.


Conflit d’intérêts


Il roucoule d’autant plus que le gouvernement Couillard-Barrette siphonne aussi les services publics depuis des années pour en donner toujours plus à ses collègues médecins spécialistes. Un beau cas de conflit d’intérêts qui mériterait une enquête.


Le ministre Barrette est libre de faire comme bon lui semble parce que le vrai problème s’appelle Philippe Couillard. Du premier ministre, Gaétan Barrette semble avoir reçu une carte blanche sans date d’expiration.


Les preuves du gâchis, sur la forme et sur le fond, ont beau s’accumuler, M. Couillard n’a que de bons mots pour son ministre. S’élevant contre l’intimidation dans la société, il ne trouve rien à redire dans le cas de Gaétan Barrette. C’est à peine si la chose lui tire un bâillement agacé.


Dans le système de santé, cette approbation béate du premier ministre en chicote d’ailleurs plusieurs. La question que l’on entend revenir le plus souvent allant comme ceci : coudonc, qu’est-ce que Barrette peut bien savoir sur Couillard pour qu’il le protège autant ?