Le pré-conclave en campagne électorale

Le p'tit gars de La Motte n'occupera pas le siège de Saint-Pierre

Vivement un concile pour remettre l'Église catholique sur ses rails!

Tribune libre

Il y a quelques jours à peine, le cardinal Marc Ouellet se retrouvait parmi les plus sérieux candidats à prendre la succession de
Benoît XVI. Aujourd’hui, il est placé sur la liste noire des soutanes rouges.
Rétablissons d’abord les faits. Le journal britannique The Telegraph affirme que le départ à la retraite du cardinal Keith O’Brien, le plus haut responsable religieux catholique britannique, aurait été soigneusement planifié pour passer sous le tapis les écarts sexuels de Son Éminence d’Écosse. Le grand magicien derrière ce coup de théâtre fomenté il y a cinq mois ne serait nul autre que le cardinal Marc Ouellet. Précisons d’emblée que le journal ne fournit aucune preuve, qu’il suppose d’un bout à l’autre de l’article au sujet du Québécois qui n’y est mentionné qu’une seule fois…une fois de trop!
Qu’il ait trempé ou non dans ce mensonge n’a pas d’importance pour la suite des événements. Dans un calendrier ecclésiastique si court devant mener au couronnement, Marc Ouellet n’aura pas la chance de prouver son innocence. À l’opposé, l’accusation n’aura pas plus de temps pour démontrer sa culpabilité. Mais la simple suspicion, la moindre odeur de possibilité d’implication dans l’affaire disqualifie directement le cardinal québécois. Malheureusement pour ses partisans, l’odyssée papale du cardinal Ouellet vient de prendre fin. La campagne électorale du pré-conclave bat son plein et, tout comme dans nos « bonnes vieilles campagnes électorales », il s’est trouvé des détracteurs pour éliminer de la course le p’tit gars de La Motte.
À sa défense, si l’hypothèse s’avérait fondée, Marc Ouellet n’est pas un simple cardinal, c’est d’abord et avant tout le préfet de la Congrégation pour les évêques et un membre de la Congrégation pour la doctrine de la foi. En termes simplifiés, le Québécois est responsable de chaque diocèse de la planète, il décide de l’ensemble des nominations d’évêques dans le monde.
De plus, amoureux de son Église comme il l’est, dévoué corps et âme comme il l’a toujours été, il ne serait pas surprenant que le cardinal Ouellet ait mis tout en œuvre pour préserver jusqu’à la mort l’aura et l’image de cette institution dont il est un des plus grands représentants. À cet effet, je vous réfère à deux ouvrages écrits par Marc Ouellet qui démontrent à quel point il est empreint viscéralement d’un côté mystique débordant :
Marc Ouellet, Dieu plus merveilleux que les rêves, Éditions Anne Sigier, 2004
Marc Ouellet, Divine ressemblance, Éditions Anne Sigier, 2006
Ceci étant dit, une question se pose : l’Église catholique d’aujourd’hui doit-elle désigner un tel type de personnage pour faire face aux problèmes qu’elle vit ? Serait-elle plutôt prête à recevoir un pasteur de terrain qui invite son clergé à sortir de son presbytère et descendre dans la rue pour y rencontrer ses paroissiens ?
Le conclave débutera dans quelques jours. Que faut-il en espérer ? En ce qui me concerne, j’espère qu’un vent de renouveau soufflera sur l’Église et qu’à l’instar de Jean XXIII, ce pape de 78 ans que les experts avaient qualifié « de transition », qui, trois mois seulement après son élection en 1958, annonça la tenue d’un concile qui a remis, pendant plusieurs décennies, l’Église catholique sur ses rails, à savoir sur le terrain des fidèles.
Si la conjoncture mondiale des années ‘50 appelait la tenue d’un concile pour réformer l’Église, cela est tout aussi approprié en ce début de XXIe siècle. Puisse l’élection d’un nouveau pape être l’élément déclencheur d’une réforme en profondeur de cette Église!
Henri Marineau
Québec

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Henri Marineau2095 articles

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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1 commentaire

  • Oscar Fortin Répondre

    8 mars 2013

    JJe pense que cette Église, loin des Évangiles et du monde contemporain, doit retrouver la modernité en se dépouillant de toute cette mascarade moyenâgeuse et se donner pour mission, non pas d'enseigner la doctrine catholique, mais de témoigner des évangiles en suivant les consignes données par celui qui en est leur maître, Jésus de Nazareth. Retrouver la foi de l'itinérant qui le mène dans les sentiers où les humbles, les blessés de la vie, les oubliés les y attendent. La véritable église devrait se présenter à l'inverse des paradigmes de nos gouvernements. Les plus élevés dans les fonctions ecclésiales devraient se retrouver au plus bas de l'échelle et les plus petits retrouver une place de choix. Il y aurait moins de candidats pour vouloir occuper les plus hautes fonctions. Les luttes de pouvoir se feraient rares.
    Heureusement qu'il y a une Église qui n'attend pas que le Vatican change pour témoigner de sa foi à travers des engagements au service de la justice, de la vérité, de la solidarité et de la compassion.
    Merci, M. Marineau pour ce partage