Le Parti Libéral de Montréal

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C'est la défense du multiculturalisme canadien qui empêche le PLQ de se reconnecter avec l'électorat canadien-français

La semaine dernière, on apprenait que Sébastien Proulx, seul député libéral dans une circonscription très francophone, ne serait pas candidat à la chefferie libérale et qu’il ne terminerait peut-être même pas son mandat comme député de Jean-Talon.


Mercredi, La Presse a appris que la démotivation de l’ex-ministre de l’Éducation n’était pas sans lien avec le dossier des signes religieux, alors que le Parti Libéral a maintenu sa position s’opposant à toute interdiction pour le personnel de l’État.


Denis Lessard rapporte que, lorsque l’enjeu a été discuté en caucus, seuls Sébastien Proulx et Gaétan Barrette souhaitaient voir le PLQ se rallier au consensus Bouchard-Taylor alors que les autres élus libéraux, rassemblés derrière André Fortin, ont préféré s’opposer catégoriquement à la position du gouvernement Legault. Rappelons que plus de 70% des Québécois, surtout francophones, sont présentement en accord avec la CAQ sur le port de signes religieux en position d’autorité.


Un départ symbolique


Si Sébastien Proulx allait de l’avant avec ses insinuations et démissionnait comme député de Jean-Talon, le PLQ perdrait un gros morceau. Non seulement  il est un ancien ministre de l’Éducation relativement apprécié, mais M. Proulx est le seul député libéral dans une circonscription du Québec francophone, lequel appuie actuellement la Coalition Avenir Québec à majorité.



Le PLQ ne veut plus parler aux francophones du Québec.



Si le député de Jean-Talon écourtait son passage en politique spécifiquement parce qu’il ne sent plus que les intérêts de ses électeurs sont pris en compte à l’intérieur du Parti Libéral, le message que cela enverrait aux Québécois serait sans appel : le PLQ ne veut plus parler aux francophones du Québec.


Le nationalisme rassemble une majorité de Québécois


Quand la polarisation politique principale du Québec tournait autour de la question nationale, les libéraux pouvaient récolter l’appui d’environ 40% des francophones du Québec sans grande difficulté, puisque l’appui au camp du NON rassemblait à la fois sa base anglophone et allophone ainsi que certains francophones.


Pourtant, depuis l’année 2018 et l’arrivée au pouvoir de la CAQ, la question nationale s’articule différememnt, dans un paradigme qui désavantage grandement le PLQ. Lorsqu’il est question d’immigration, de laïcité et d’autonomie supplémentaire pour le Québec, la position libérale ne tient manifestement plus la route pour bon nombre de Québécois fédéralistes, mais pas antinationalistes pour autant.



L’option fédéraliste ne se résume plus à une opposition systématique aux aspirations de la nation québécoise et à une soumission totale au bon vouloir du gouvernement fédéral.



En effet, l’arrivée au pouvoir de l’équipe de François Legault a montré à l’électorat que l’affirmation de l’identité québécoise et les revendications autonomistes ne sont plus la chasse gardée des indépendantistes, même si les résultats de sa démarche restent à voir. À l’inverse, ceci signifie que l’option fédéraliste ne se résume plus à une opposition systématique aux aspirations de la nation québécoise et à une soumission totale au bon vouloir du gouvernement fédéral.


Il suffit de se remémorer les épisodes franchement gênants des « braises de l’intolérance » ou encore de Québécois, notre façon d’être Canadiens pour mesurer toute la déconnexion des libéraux en la matière sous Philippe Couillard. Avec la relance du débat sur la laïcité, Pierre Arcand et ses troupes avaient une chance de se distancer de l’héritage radicalement antinationaliste du précédent chef, ce qu’ils se sont refusés à faire. Perdre Sébastien Proulx tournerait le couteau dans la plaie libérale, rappelant une fois de plus la déconnexion du part avec la majorité québécoise.


Repli sur Montréal


Alors que le PLQ est devenu un tiers parti dans le Québec français, récoltant aussi peu que 5% des votes dans certaines circonscriptions, le caucus libéral semble confirmer cette tendance et se replier toujours davantage sur Montréal. Il semble que ce soit André Fortin, jeune élu de Pontiac et ex-ministre des Transports, qui mène la frange très majoritaire du parti souhaitant arrimer ses positions à celles du Parti Libéral du Canada, lequel a instauré le multiculturalisme moderne au pays, faut-il le rappeler.


Cette nouvelle ère de radicalisation au Parti Libéral, assurément encouragée par l’absence quasi-totale de députés provenant du Québec français au caucus, annonce un long purgatoire pour le PLQ, qui aura éventuellement besoin du Québec français s’il aspire à gouverner dans l’avenir.




S’il continuent dans cette voie, les libéraux pourraient bien attendre très longtemps avant de remettre les pieds au conseil des ministres, alors que l’idéologie multiculturaliste semble avoir eu raison de ce « parti de pouvoir » qui savait jadis s’adapter aux Québécois.




Avec les désistements de Pierre Moreau, Alexandre Taillefer et Sébastien Proulx, qui prônaient tous un rapprochement avec le Québec hors-Montréal, une course à la chefferie se dessine entre Marwah Rizqy, Dominique Anglade et André Fortin, tous solidement installés dans des circonscriptions largement non-francophones.


S’il continuent dans cette voie, les libéraux pourraient bien attendre très longtemps avant de remettre les pieds au conseil des ministres, alors que l’idéologie multiculturaliste semble avoir eu raison de ce « parti de pouvoir » qui savait jadis s’adapter aux Québécois.