Le PQ ou la cour du roi Pétaud

Mme Pauline Marois a bien raison de réclamer la discrétion, car le PQ se comporte comme la cour du légendaire roi Pétaud (où tout le monde gouvernait sauf le roi).

Marois "tannée"



Le Parti québécois (PQ) ressemble fort à une association de petits-bourgeois qui ont choisi au vestiaire l'étiquette de l'indépendance pour gérer leur carrière personnelle. Il va de soi qu'ils ont perdu à peu près tout le sens du mot indépendance et qu'ils ont cessé d'y croire.

Si la jeunesse ne comprend pas ce dont il s'agit, ce n'est pas parce que l'indépendance n'est pas justifiée, ou irréalisable, c'est parce que le PQ l'avilie (sic) par les incohérences de sa vision et de son discours, par ses complaisances à l'endroit du régime fédéral, et par son génie de se desservir par des polémiques sur des points secondaires. Toutes ces petites querelles mesquines masquent la perte de son idéal, sa médiocrité à concevoir et à mettre en oeuvre un véritable combat pour l'indépendance.
Le Québec est une démocratie coloniale en ce sens que nos prétendues libertés s'inscrivent dans un cadre constitutionnel imposé par un pouvoir extérieur, étranger, britannique d'abord, et ensuite capté par le gouvernement multiculturel anglais d'Ottawa. Or, le PQ n'a aucune vision critique, aucun recul par rapport au régime. Il s'agenouille devant la Constitution canadienne, se soumet tout entier aux jugements des tribunaux d'Ottawa.
Après avoir émis quelques pâles revendications, il déclare s'en remettre à la «sagesse des tribunaux» fédéraux. N'est-ce pas confier la clé de sa maison au voleur? Pour qui et pourquoi faire l'indépendance? Le PQ a troqué nos origines pour un «Québec pluraliste et multiculturel» et, ce faisant, il a perdu le soutien des vrais Québécois. Pourquoi faire l'indépendance? Le PQ confond allègrement l'indépendance, qui est la réalisation politique de son identité dans l'histoire, avec d'aléatoires projets de société. Comment peut-il ensuite se plaindre de ne pas être compris et médiocrement suivi?
Au lieu de travailler à l'indépendance par l'éducation populaire, par l'encadrement des masses, par la rigueur théorique et l'efficacité des techniques, par le dénigrement critique constant du gouvernement d'Ottawa, le PQ a tenu un discours faible, ambigu, ne s'est nullement prémuni contre la puissance coloniale d'Ottawa, et s'est démis de sa responsabilité en misant tout sur les résultats d'un référendum proposé à un peuple prétendument libre.
Le PQ n'a pris aucune mesure efficace pour empêcher l'érosion de sa loi référendaire et des résultats par les manoeuvres d'Ottawa. Le référendum de 1980 avait pourtant montré les limites de la technique référendaire dans le contexte québécois. Pour tout dire, il l'avait périmée. Or le PQ, sans imagination et sans volonté nationale arrêtée, s'est entêté à rééditer son échec.
Entre-temps, l'histoire a tourné, et nous pouvons lire dans les journaux les résultats de cette faiblesse, de cette perte du sens et des moyens de l'indépendance. Les gens font mine de croire que l'indépendance est dépassée par la mondialisation, un référendum gagnant est impossible à cause des immigrants sur lesquels s'appuient les fédéralistes, et même le combat risque de prendre fin faute de combattants puisque nous sommes déjà minoritaires à Montréal.
Le PQ est bien à l'image du Québec qui se gave de mots pour éviter de faire face à son destin et à ses responsabilités. Ne voyait-on pas ce soir même au dernier forum de la commission Taylor-Bouchard l'exemple de ce curieux naufrage? Au lieu de parler de l'identité québécoise et de la nécessité de l'imposer aux immigrants, on a tenu de longs, vides, convenus et niais propos sur l'égalité qui ne pose toutefois aucun problème. Ce thème de l'égalité déjà acquise s'est tout simplement substitué à la question initiale qui portait sur les moyens de québéciser les immigrants. Il en est ainsi des querelles du PQ exposées sur la place publique. Non seulement elles discréditent le PQ, mais elles servent surtout aux membres du PQ eux-mêmes à éviter et à évacuer la question de l'Indépendance.
Mme Pauline Marois a bien raison de réclamer la discrétion, car le PQ se comporte comme la cour du légendaire roi Pétaud (où tout le monde gouvernait sauf le roi). Cependant, Mme Marois a-t-elle l'étoffe d'une dame de fer?
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Hubert Larocque, Gatineau
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