« Est décédé littérairement à Lille (France) le mercredi 25 novembre 2009, à l’âge de 1022 jours, l’auteur et chasseur de fantôme québécois Dominic Desroches. Funérailles en la Chapelle de Vigile 26 ou 27 novembre prochain. Pour dons en argent, contributions au responsable du site Vigile. »
Volà la formule qu’avait choisie le philosophe pour annoncer la fin de sa collaboration avec Vigile.net après 80 billets bien touffus. J’en étais un assidu. J’ai donc alors produit cet éloge :« Un Quetzal ! Ne bougeons plus ! Jumelles, silence, yeux au plus grand ! Marchant dans la forêt pluvieuse du Costa Rica, depuis tôt le matin, certains n’espéraient plus l’apercevoir malgré cette soif de voir, une fois dans la vie, le Quetzal. Mais après un vol furtif, invisible sous la ramée verte, il vient de se poser près de ses mini-avocats préférés, les longs rubans verts de sa queue encore volant de son arrêt soudain. Il nous fait luire sa poitrine rubis, sa cape émeraude, sa huppe dressée qui fait ressortir l’œil noir et le bec de coq jaune… Il picore calmement. Visons-le, studieusement car il n’avertira pas avant de nous quitter. Ce pourrait être le seul Quetzal qu’il nous soit donné d’observer de notre vie.
Il y a plusieurs mois, j’ai découvert un Quetzal sur Vigile. Il a fait son nid. Il a nourri sa famille, discrètement. J’ai essayé d’attirer l’attention sur lui, avec précautions. J’ai voulu qu’on remarque son caractère resplendissant, ses mœurs secrètes.
Mais aujourd’hui, je suis angoissé, triste. Le Quetzal ne trouve plus de nourriture, ou il craint des prédateurs, des braconniers, peut-être. Le Quetzal n’entreprend peut-être qu’une migration saisonnière, peut-être une modification de son aire géographique, à cause de changements du climat. Si c’est le cas, ne soyons pas trop accablés, nous le perdons, mais il va se perpétuer
ailleurs. »
Ce rapprochement indiscret, m’a valu en privé ce doux reproche : « Votre mise en évidence de mon travail a peut-être gêné d'autres intervenants sur Vigile... »
Deux ans plus tard, je surmonte mes hésitations parce que je crois que quelqu’un doit le faire. Je n’ai toujours pas assimilé le concept « d’écrire sans but d’être lu ».
La série PENSER LE QUÉBEC réapparaît périodiquement, depuis le début de l’année, sous la signature de Dominic Desroches, sans fenêtre de commentaires. De nouveaux lecteurs pourraient ne pas l’avoir remarqué, ou d’autres l’avoir négligé dans la masse d’information de notre journal virtuel. En mars dernier, une inattention d’édition permit la publication non signée et ouverte au commentaire du texte suivant :
http://www.vigile.net/Apprendre-a-naviguer-jusqu-au-bout
Le reconnaissant à vue, un peu teigneux, j’introduisis furtivement ce commentaire (c’était le début de la hargne vindicative des autorités contre la grève étudiante) :
« Un entrefilet publie aujourd’hui qu’une enseignante ayant encouragé l’action des étudiants a été suspendue pour 2 jours… On comprendrait alors qu’un professeur célèbre se déguise en fantôme shakespearien pour hanter les nuits des protestataires et leur rappeler certains précédents dans les confrontations de notre peuple avec ses gouvernements mercenaires. »
C’était sous-estimer le professeur qui, non, ne se déguisait pas en fantôme puisque l’erreur fut corrigée aussitôt et Penser le Québec continua d’être livré sous la signature de Dominic Desroches. Il apparaît même fièrement dans sa participation filmée de la prestation « Nous? ».
Pourtant, la fenêtre étant ouverte, je n’allais pas rater l’occasion de commenter le retour du Quetzal en cette période où la mesquinerie politique risque d’éteindre l’avenir de la nation. J’y résume les dernières participations du philosophe, rapportées d’autres sources ou en collaboration spéciale à Vigile. J’anticipe même sur les prochaines allégories dont il pourrait nourrir cette mouvée de jeunesse, dont nous louons l’absence de peur, malgré les plans machiavéliques visibles d’une oligarchie prête à tuer. Revoyons ici la fin de mon commentaire à « Apprendre à naviguer… » :« Précédemment, enfourchant sa familière allégorie de la météo politique, il a rendu hommage à cette lutte qui n’est pas spontanée. Donnant suite au mouvement mondial des indignés, ces actions sont structurées pour durer et vaincre. Elles se gagneront la sympathie de la population générale en lui rappelant comment il fut ardu d’amener ce gouvernement à une enquête devant faire la lumière sur la tolérance déjà ancienne à la corruption dans les partis politiques. Bref, il annonçait comme raison du succès de ce printemps étudiant la concertation et l’originalité des moyens de pression déployés par ces étudiants.
Le présent document fait suite en élaborant sur la connaissance des vagues pour naviguer. Et surtout, des conseils pour durer : Combattre l’inertie, l’essoufflement et la fatigue politique. On reconnaît les avis éclairés que le professeur formule habituellement pour la lutte élargie, celle de la croissance du peuple de langue française en Amérique. La jeune génération semblant avoir dépassé le stade de la peur, on s’attend à ce que les étudiants soient bientôt prévenus de l’allégorie de la cage, où la haute finance tente de les enfermer, par l’augmentation de leurs prêts, donc de leur endettement.
Enfin la rue étant devenue grand maître de leur vie, il est à espérer qu’ils comprendront que leur lutte les mène à des fins plus que monétaires. Le professeur pourra leur rappeler ce passage de son enseignement :
L’esprit de la langue demande simplement s’il vaut la peine de poursuivre les efforts de nos grands-parents. L’esprit de la langue dit qu’il y a un prix à payer – politiquement - pour être libre chez soi. Il dit aussi, et sur cette question sans réponse se termine le quatrième acte : « To be, or not to be in French ? »
Le professeur philosophe D.D. me pardonnera de braquer de nouveau les réflecteurs sur son travail puisqu’il ne se prête pas au test du commentaire public. Dense, son style n’est certes pas au niveau du Journalml mais les Vigiliens sont un public avide de textes de fond. Ils ne pourront que profiter des archives des Auteurs pour relire ce riche matériel que je souligne ici. Or le style du dernier billet http://www.vigile.net/Naufrage-avec-spectateurs, daté du 5 mai, n’a pas l’allégorie compliquée.
Le Quetzal ne nous avait pas vraiment quittés
Le professeur Dominic Desroches : Penser le Québec
À lire, ce philosophe aux 100 billets
Tribune libre
Ouhgo (Hugues) St-Pierre196 articles
Fier fils de bûcheron exploité. Professeur retraité d'université. Compétences en enseignement par groupes restreints, groupes de réflexion, solution de problèmes. Formation en Anglais (Ouest canadien), Espagnol (Qc, Mexique, Espagne, Cuba), Bénévolat latin...
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Fier fils de bûcheron exploité. Professeur retraité d'université. Compétences en enseignement par groupes restreints, groupes de réflexion, solution de problèmes. Formation en Anglais (Ouest canadien), Espagnol (Qc, Mexique, Espagne, Cuba), Bénévolat latinos nouveaux arrivés. Exploration physique de la francophonie en Amérique : Fransaskois, Acadiens, Franco-Américains de N.-Angl., Cajuns Louisiane à BatonRouge. Échanges professoraux avec la France. Plusieurs décennies de vie de réflexion sur la lutte des peuples opprimés.
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