Le journal libanais Al-Akhbar cite des experts militaires israéliens qui sont unanimes à reconnaître « le retentissant échec des récentes manœuvres militaires israéliennes sur le front nord ». Le Parlement israélien partage, lui aussi, cet avis et qualifie d’« échec » la plus grande manœuvre militaire israélienne de ces 20 dernières années.
La version qu’Israël ne cessait de vendre tout au long de ses exercices militaires sur le front nord a pris un coup : dans un rapport présenté à la Commission des affaires étrangères et de la sécurité, les auteurs soulignent de graves « défaillances » qui paralyseraient l’action de l’armée dans toute confrontation à venir. À vrai dire, l’opinion israélienne n’en revient pas, elle, qui exposée aux fuites des informations, apprend à ses dépens la vérité sur la force qui est censée la protéger. Le rapport confidentiel de la Knesset aurait dû être examiné en secret, mais les divergences qui opposent les membres de la commission parlementaire ont fini par éclater au grand jour et à fuiter à l’extérieur. Les députés membres de la commission ne divergent pas tant sur la nature des défaillances précitées (car elles existent et tout le monde le reconnaît) que sur les moyens destinés à les dissiper. À en croire la chaîne 10 de la TV israélienne, l’un des députés de la Knesset a refusé de signer le rapport en question, car pour lui le principal responsable de l’échec est Netanyahu et son cabinet sécuritaire.
À l’issue de ces dix jours de manœuvres militaires, les généraux israéliens se sont félicités des résultats obtenus et pourtant, les experts sont bien réticents à en faire de même. Israël a mobilisé tous ses moyens pour organiser un exercice sans précédent depuis 20 ans. C’est tout Israël « militaire », « sécuritaire » et « politique » qui a mis la main à la pâte pour faire aboutir ces exercices. Mais la manœuvre militaire est loin d’être un succès. Car l’état-major israélien ne peut, à l’heure qu’il est, confirmer si oui ou non Tsahal est capable de contrer une offensive du Hezbollah contre les colonies. Organisés à une très vaste échelle, ces exercices n’ont pas été suffisamment éloquents quant aux capacités de l’armée classique d’Israël à anéantir le Hezbollah. Car Israël dit chercher non pas un simple affaiblissement de la Résistance, mais sa fin pure et simple.
Les doutes sur les capacités de dissuasion de l’armée sont largement partagés en Israël. Aussi bien l’opinion publique que les militaires ne croient plus guère à la disparition du Hezbollah au terme d’une confrontation qui opposerait Israël au Liban. Le Hezbollah possède d’ailleurs de réelles capacités de nuisance que ne nierait aucun Israélien. Bref, les méga-manœuvres d’Israël n’ont servi qu’a entériner une vérité déjà bien connue : entre Israël et le Hezbollah, il existe un équilibre de la terreur. L’armée israélienne a beau bomber le torse, elle n’a pas réussi à faire peur au Hezbollah et à le persuader de son invulnérabilité. Tsahal n’a même pas été en mesure de convaincre les colons. Le rapport de la Knesset a dit tout haut ce que beaucoup d’Israéliens pensent tout bas concernant les 10 jours d’exercices militaires israéliens : une tempête dans un verre d’eau.
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