Le rêve en couleur de Lucien Bouchard

Tribune libre

Que Lucien Bouchard pense que la souveraineté du Québec est impossible à réaliser ne me surprend pas du tout. J’ai le plus grand respect pour cet homme qui possède de grandes capacités intellectuelles. Cependant j’estime que Lucien Bouchard a toujours eu une vision bancale de la souveraineté du Québec Il l’a perçoit davantage comme un négociateur qu’un politicien. Lucien Bouchard pense que la souveraineté sera obtenue par la voie d’une grande négociation en amenant les Canadiens à accepter que son projet de souveraineté partenariat est la meilleure proposition de l’avenir politique tant du Québec que de l’ensemble du Canada. C’est un rêve en couleur. Le Canada se résignera peut être un jour à l ‘ indépendance du Québec mais jamais il la bénira.
Il y a fort à parier que dans l’éventualité que le Canada se résigne un jour à accepter l’indépendance du Québec, les Canadiens penseront tout le mal possible de notre décision.. Tant pis pour vous, proclameront-ils !
Lucien Bouchard a toujours cherché une marge de négociation chez les opposants à la souveraineté mais il ne l’a évidemment jamais trouvé et ne la trouve pas encore pour cause.. Il fut un négociateur qui a prouvé son habileté à diverses reprises mais sa recette comportait des risques en l’appliquant à la question de la souveraineté .En cherchant à gagner du temps pour amener l’opposition à accepter tout au moins la logique de son point de vue .souverainiste, en imaginant cette thèse des conditions gagnantes, il a plutôt permis à l’opposition de distiller le doute sur la faisabilité de la souveraineté Dans les faits il y avait peu de rapport entre la souveraineté et le déficit zéro, encore moins avec les fusions municipales. Ce qu’il ne dit pas aujourd’hui c’est que la mise en veilleuse de la question nationale en faveur de ces questions a fait un tort considérable à la souveraineté car le PQ y a perdu son élan.
Je persiste à penser que la souveraineté est toujours politiquement réalisable. Il est clair que la souveraineté a son bloc solide d’opposants, composés de canadiens français qui habitent le Québec, d’anglophones et d’allophones qui comptent jusqu’au tiers de la population du Québec. Tous les autres, et jusqu’à 70 % , ont déjà exprimé un appui circonstancié à la souveraineté . dans des moments , il est vrai, de grandes tensions constitutionnelles Il ne faut évidemment pas compter sur la résurgence de ces tensions pour espérer réussir l’indépendance mais elles auront au moins servi à révéler le potentiel électoral de la souveraineté.
Il nous faut maintenant un politicien, capable d’exprimer avec passion une vision de l’avenir du Québec indépendant. Je veux souhaiter la meilleur des chances à Pauline Marois parce qu’elle a la confiance de la majorité des souverainistes Puisse t elle réussir à confondre et à retourner les nombreux sceptiques. Si , naguère, les obstacles à la souveraineté tenaient aux préjugés sur la compétence politique des Québécois et sur la capacité de l’économie québécoise, obstacles qui ont été surmontés, les nouvelles difficultés tiennent à la division du mouvement souverainiste et à cette perception semée depuis 1995 par les intellectuels fédéralistes que la souveraineté a plafonnée et qu’elle est par conséquent impossible à réaliser. Hélas, beaucoup trop de nationalistes québécois pensent comme Lucien Bouchard qui s’en fait aujourd’hui leur écho.


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3 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    15 septembre 2012

    "Le Canada se résignera peut être un jour à l ‘ indépendance du Québec mais jamais il la bénira."
    Voilà où vous avez tout faux.
    Je me réclâme de famille anglaise, et si je transpose les valeurs propres de cette famille, de cette nation, il serait d'une grande évidence qu'il y a péril en la demeure tant et aussi longtemps que l'Amérique reniera la francophonie qui l'habite.
    Ce reniement se définit dans notre quotidien par la main-mise de la fédération sur la dynamique socio-économique de cette même francophonie.
    Ce que Lucien exprime se résume plus à notre dépendance à créer un mouvement continental favorisant notre indépendance parmis eux.
    Ceci doit être fait en créant une symbiose en nos terres.
    Et pour être en symbiose... il faut d'abord... être.
    Tout ce qu'il faut c'est un bon orateur et les bons mots...
    Et ceci sera la plus grande aventure moderne en Amérique.
    Je rêve?
    Non... Je suis.
    Et vous?
    Êtes-vous encore?

  • Archives de Vigile Répondre

    14 septembre 2012

    Vous faites planer une image angélique de Lucien Bouchard. Comme Trudeau et d’autres, dont François Legault à présent, ces personnages ont une double mission (visage à deux faces) : démagogique face au peuple, et néolibéralofinancière face à leurs maîtres prédateurs pancanadiens (niveau où les couleurs politiques s’estompent, les partis opposés en surface participant au mêmes banquets médaillés d’affairistes genre Sagard et partageant les mêmes intérêts d’argent).
    Malheureusement, la naïveté des masses populaires profite encore à ces manipulateurs d’idéaux qui leurs rient au visage et encaissent les profits par derrière.
    Observez où se retrouvent ces politiciens déchus (ayant rendu les services attendus d’eux jusqu’à l’usure du jeu) : tous au sein des milieux financiers qu’ils ont servi à maintenir sous un masquage politique.
    Aucun de ces ex-élus ne se met à faire de l’activisme libérateur de peuple dans la rue ou ne va œuvrer au sein d’organismes voués à la défense des droits et libertés, de la conscience sociale ou du partage des richesses.
    Ils retournent au bercail à la solde du 1% des prédateurs d’où ils originent, qu’ils représentent politiquement (même en étant plus en politique dite « active » ils profitent du pouvoir médiatique complice!) et qui les paient financièrement.
    Le néolibéralisme n’est qu’une idéologie de surface, son but est strictement économique : le profit et nécessairement l’endettement des nations pour le maintenir et gérer la crise mondiale par l’appauvrissement calculé.
    Étrange que tout cela soit ignoré dans vos propos. Bouchard n’est pas l’inconditionnel partisan politique et le dupe économique que vous présupposez.
    L’indépendance soulève un rapport de forces inégales. Jacques Parizeau a eu tort (stratégiquemnt)de transgresser le jeu politique et d’ouvrir ponctuellement, trop subitement, le livre des hypocrisies politico-économiques au regard du peuple (entraînant déprime et désaveu : ce que Bouchard entretient en parlant de référendum « perdu » plutôt que volé*), mais son contenu n’était que pure vérité, qui se poursuit inéluctablement parmi les stratégies libérales : l’argent et les votes ethniques (à 54 000 immigrants entrant par année au Québec, l’assimilation galope au trot proportionnel de la croissance de la dette).

    La cerise sur le sundae, c’est probablement le trafiquage des boîtes de scrutin à cette dernière élection, via le vote anticipé bien orchestré par les libéraux, une version plus subtile qu’en 1995 lors du référendum.
    On peut se demander, statistiquement, si l’advenance de l’indépendance ne sera pas le jeu d'un heureux hasard, un démon dans les détails divinement propulseur vers l’avenir du Québec… français.
    L’ironie, pour ne pas dire cynisme, à entendre Lucien Bouchard qui présuppose une indépendance lointaine aléatoire, « lucidité » douteuse, sera d’avoir un Québec souverain unilingue anglais!
    Car l’identité d’un peuple a-t-elle à voir absolument avec l’indépendance d’un pays?
    *durant toutes les entrevues des derniers jours, lorsque Lucien Bouchard affirme que le référendum de 1995 fut un échec, aucun(e) des anima(trices)teurs n’a soulevé les irrégularités désormais connues et confirmées par le DGEQ – cf. ici divers articles d’Oscar Fortin, dont Lettre à mon cher Lucien.
    Donc, les médias participent ouvertement à entretenir le mythe du référendum-échec ou perdu, plutôt que volé. Pourtant, entre un échec et un vol, il y a la différence de la confiance en soi et de la conscience du peuple face aux institutions, et le maintien intentionnel dans l’ignorance et la manipulation.
    Sans doute, qu’en état de trahison du vote démocratique le peuple s’éveillerait à la revendication?!

  • Marcel Haché Répondre

    14 septembre 2012

    Lucien Bouchard est une exception. À ce jour, il est le seul politicien à avoir œuvré au niveau du parlement fédéral avant qu’il ne devienne chef du P.Q.
    L’importation de ses chefs en provenance du « fédéral », c’est une recette parmi bien d’autres dans le vieux livre de recettes des libéraux, premiers grands maîtres du fast food politique. Et c’est en vertu de cette recette vieillotte qu’il arrivera un même destin au P.L.Q. que celui qui est arrivé au P.L.C.
    Quelque chose d’historique s’est passé au fédéral que les libéraux n’ont pas encore admis. Et quelque chose d’historique s’est passé ici le 4 septembre que d’autres libéraux n’ont pas encore compris. La gang de survivants libéraux à Québec a, ces jours-ci, le même contentement surpris qu’un groupe venant de gagner à la loterie. Seront pas tous toujours aussi chanceux…
    Rien n’autorise Lucien Bouchard à penser qu’il détient les clés de la cité, qu’à défaut de jouer les belles-mères, il pourrait jouer à celui qui revient. Nous sommes suffisamment revenus de lui. Les plus jeunes qui ne se souviennent pas ou peu de lui s’en méfieront.
    Lui aussi avait bénéficié d’une chance qu’il n’avait pas saisie.