Affaires Manning et Snowden

Le soft power d'Obama compromis

Tribune libre

Le verdict de violation de la loi sur l’espionnage de 1917 contre le soldat Bradley Manning fait ressortir la dichotomie entre la libre circulation de l’information d’intérêt public et les secrets d’État liés à la sécurité américaine.
Pour le Centre pour les droits constitutionnels, cette loi est une
« relique discréditée de la Première Guerre mondiale, créée pour contrer l’opposition politique et le militantisme pacifiste ».
« Il s’agit d’un avertissement adressé aux « donneurs d’alerte » contre lesquels l’administration Obama mène une chasse d’ampleur inédite sans prendre en compte l’intérêt public de leurs révélations », a réagi Reporters sans frontières.
Pour sa part, Julian Assange, le cyber-militant australien qui a cofondé Wikileaks, a qualifié Bradley Manning de « source journalistique la plus importante que le monde ait jamais eue » tout en saluant son « héroïsme incontestable » et en dénonçant du même souffle la « trahison » de Barack Obama qui avait, selon lui, soutenu les auteurs de telles révélations pendant sa campagne présidentielle.
À mon sens, le message qui ressort du verdict de culpabilité contre Bradley Manning démontre la suprématie des interventions militaires américaines, peu importe leur atrocité, sur la liberté d’information…en termes clairs, vaut mieux, dans ce haut lieu de la stratégie militaire américaine, ne pas mettre le doigt entre l’arbre et l’écorce!
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Dans une vidéo de 9 minutes ayant conduit à la saga entreprise par le gouvernement américain contre Edward Snowden, ce dernier affirme qu’il est « just another guy », un type normal qui veut que
« le public décide » dans quelle société il veut vivre. Et non le gouvernement. Sa grande peur, dit-il : que « rien ne change ».
En mai 2013, dans les révélations de l’ex-employé de l’Agence de sécurité nationale publiées dans le Washington Post et The Guardian, deux programmes de la sécurité américaine sont dévoilés : le premier basé sur l’article 215 du Patriot Act qui autorise la surveillance massive des numéros de téléphone des Américains, l’autre référant à l’article 720 qui permet les écoutes électroniques, l’espionnage des messages Facebook et d’autres médias électroniques, exception faite des Américains.
Suite aux divulgations de Snowden, le reste du monde assiste à la démonstration des doubles-standards de l’administration Obama, à savoir que la sécurité américaine peut espionner des milliards de personnes sans mandat judiciaire, mais pas les Américains.
Après l’invasion de l’Irak, il avait fallu l’élection de Barack Obama pour que les États-Unis retrouvent une certaine aura dans le monde. Les révélations d’Edward Snowden risquent de compromettre le soft-power que le président américain avait entrepris de restaurer.
Henri Marineau
Québec

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Henri Marineau2034 articles

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    3 août 2013

    Personne n’est libre dans le Système puisque les classes socio-économiques moyennes et moins favorisées sont surveillées et que les classes riches dirigeantes vivent toujours dans l’angoisse de la réaction des classes socio-économiques inférieures, ce qui les incite à surveiller ces derniers.
    La solution à cette perte de liberté de tous serait l’application de la déclaration des droits de l’Homme qui stipule ceci à l’article 25 :
    "1. Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l’alimentation, l’habillement, le logement, les soins médicaux ainsi que pour les services sociaux nécessaires ; elle a droit à la sécurité en cas de chômage, de maladie, d’invalidité, de veuvage, de vieillesse ou dans les autres cas de perte de ses moyens de subsistance par suite de circonstances indépendantes de sa volonté.
    2. La maternité et l’enfance ont droit à une aide et à une assistance spéciales. Tous les enfants, qu’ils soient nés dans le mariage ou hors mariage, jouissent de la même protection sociale."
    Je dois reconnaître que certains membres de l’élite riche dirigeante commencent à admettre la pertinence et même à faire la promotion d’un revenu universel, comme c’est le cas de l’ex premier ministre de la France, Dominique de Villepin :
    http://www.vigile.net/Dominique-de-Villepin-entend