Est-ce l'effet d'une euphorie provoquée par un sondage qui place le NPD à égalité avec le Parti libéral? La plateforme électorale dévoilée hier par le parti de Jack Layton est marquée par une naïveté et un jovialisme étonnants chez un parti qui aspire à gouverner le Canada. Le tout est assaisonné de relents socialistes qu'on espérait disparus de la philosophie de cette formation.
Le programme néo-démocrate fait preuve d'un souci louable pour les problèmes auxquels font face les Canadiens: pertes d'emploi dans le secteur manufacturier, frais abusifs de toutes sortes imposés par les institutions financières et les entreprises de communications, pénurie de personnel médical, etc. Cependant, les solutions proposées sont généralement coûteuses et bureaucratiques, de sorte qu'à la fois leur faisabilité et de leur efficacité sont plus qu'incertaines.
Jack Layton a voulu frapper l'imagination de l'électorat par une promesse simple et spectaculaire: une nouvelle prestation pour enfants pouvant atteindre 400$ par mois. En principe, qui peut s'opposer à un tel cadeau? On doit toutefois s'inquiéter de son coût: 4,4 milliards.
Dans l'espoir d'éviter les fermetures d'usines, le NPD veut nommer un «Commissaire à la protection des emplois». Difficile de voir comment cette personne pourra empêcher une multinationale de fermer une usine qui n'est plus rentable. À long terme, de toute façon, une telle politique serait néfaste pour la compétitivité de l'économie canadienne.
Pour protéger les consommateurs, un gouvernement néo-démocrate forcerait le secteur privé à financer des «comités de surveillance citoyenne» chargés de traquer les frais et taux imposés par les entreprises. Une mécanique qui nous semble encore une fois naïve et inutilement complexe.
La plateforme électorale du NPD prévoit même l'établissement d'un «droit à la réparation» qui garantirait que les automobilistes puissent choisir leur propre mécanicien!
En matière de santé, le parti de Jack Layton veut augmenter de 50% le nombre de médecins et d'infirmières formés au Canada. Voilà qui est bien gentil, mais qui fait fi des difficultés considérables que rencontrent déjà les provinces dans ce domaine.
Toutefois, la plus grosse faiblesse du plan néo-démocrate se trouve dans la source des revenus qui permettrait de financer cette kyrielle de promesses (24 milliards). Le NPD propose d'annuler les baisses d'impôt consenties aux entreprises depuis 2006. Selon Jack Layton, ces réductions d'impôt «ne font qu'engraisser les entreprises rentables» et ne profitent qu'«aux grandes entreprises». Cela n'est pas exact: ces mesures bénéficient à toutes les entreprises canadiennes, y compris les PME, sauf les plus petites. De plus, à l'époque où les compagnies canadiennes traversent une période difficile en raison de la hausse du dollar et du ralentissement économique américains, les priver d'un allègement de leur fardeau fiscal est une politique particulièrement imprudente.
En somme, le contenu de la plateforme électorale du NPD révèle que, si ce parti est peut-être en mesure de chauffer le PLC comme deuxième formation en importance au pays, il n'a pas encore acquis le sens pratique et la modération nécessaires pour gouverner.
apratte@lapresse.ca
Les cadeaux du père Jack
Élections fédérales du 14 octobre 2008
André Pratte878 articles
[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8a...
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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]
[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.
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