Un rapport gouvernemental interne suscite de nouveau des questions quant à la tendance du gouvernement Harper de dépêcher de grandes équipes d’observateurs électoraux en Ukraine.
Ce document terminé en mars et préparé par une firme externe pour le ministère des Affaires étrangères affirme que le fait d’envoyer des missions bilatérales composées d’observateurs indépendants n’est pas sans risque pour la crédibilité du Canada. Ces rapports ont commencé à être publiés en 2004, sous le gouvernement Chrétien, et ont été repris à plusieurs reprises par les conservateurs.
Les Affaires étrangères défendent cependant ces missions, affirmant qu’elles aidaient à promouvoir les valeurs canadiennes, comme le soutien à la démocratie.
Le rapport est le plus récent d’une série d’évaluations gouvernementales internes ayant fait apparaître certains signaux d’alerte à propos des missions d’observation ukrainiennes.
Ottawa a dépêché 350 personnes pour observer la présidentielle du 25 mai en Ukraine, dans le cadre d’une mission bilatérale dirigée par le Canada.
Un autre groupe de 150 Canadiens a participé à une démarche multinationale dirigée par l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, qui est considérée comme l’agence internationale la plus crédible pour mener de telles missions.
Le multilatéral meilleur
La Presse canadienne a obtenu une copie de l’évaluation du programme de missions d’observation électorale, qui souligne que les missions multilatérales de l’OSCE sont largement considérées comme étant une meilleure idée que les missions bilatérales canadiennes. « Les meilleures pratiques de ces missions portent à croire que la décision d’accorder plus d’importance à de l’observation électorale bilatérale pourrait avoir des implications pour la réputation du Canada auprès d’autres donateurs, des pays hôtes, et des organisations multilatérales. »
« Le Canada veut-il continuer à être un joueur crédible et respecté sur le terrain de l’observation électorale ? Ou les impératifs politiques dépassent-ils les objectifs de développement, du moins à court terme ? »
Malgré ces questions, le rapport offre un « oui convaincu » en appui à la poursuite, par Ottawa, des deux genres de missions, afin de promouvoir le pays à l’international, tout en vantant la bonne gouvernance.
Après la première et seule mission d’observation en Ukraine sous les libéraux, en 2004, un autre rapport interne avait conclu que ces démarches « ne devaient pas être envisagées comme un précédent, mais seulement comme un choix de dernier recours pour les futures missions d’observation canadiennes ». Depuis, ce conseil a été ignoré à répétition.
Le rapport de mars s’attaque à un autre problème dans les pratiques d’observation électorale qu’Ottawa continue d’ignorer : permettre à des expatriés de superviser des élections dans leur pays natal. Au cours de la plus récente mission en Ukraine, au moins la moitié des participants étaient d’origine ukrainienne.
Le Canada compte environ 1,2 million d’habitants d’origine ukrainienne. Le solide appui gouvernemental envers Kiev dans l’actuel conflit avec Moscou est considéré comme une façon de séduire l’électorat canadien. Le rapport va en fait jusqu’à dire que les missions bilatérales canadiennes servent davantage au Canada qu’à d’autres nations, affirmant que leur objectif principal est de « promouvoir entièrement le pays organisateur ».
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