Voyons les chiffres

Ma tristesse post-élections

Tribune libre

C'est une tristesse intense, immense, une tristesse qui prend sa source dans l'absurde, une tristesse avec un relent de mort dans notre espoir.
Une tristesse intense, immense qui se joint à celle de ce million et demi de compatriotes qui, comme moi, espèrent encore construire enfin un autre petit morceau de ce Québec francophone en terre d'Amérique.
Une tristesse qui prend sa source dans l'absurde. Aucune réponse ne saura répondre à nos pourquoi d'aujourd'hui.
Oui il y a dans ma tristesse un relent de mort de notre un grand espoir.
Combien serons-nous encore présents, demain ?
Nous parlons si souvent du peuple du Québec. Mais qui est-il vraiment de ce peuple ?

Par delà l'émotion, dans notre pays, dans notre société si distincte, cette dernière élection, à travers les chiffres, traduit une réalité qui est rarement évoquée.

Qu'en penserez-vous ?
Car ce que je vais écrire, ici, n'est pas nécessairement ce que l'on appelle de la rectitude politique. Mais, je pense qu'il peut être pertinent d'ouvrir le débat sur ce sujet, une chicane comme le sou tend, hélas, ce mot.
Nous sommes un peu plus de six millions (6.012.440) à posséder le droit d'exprimer notre choix politique.
Selon le Directeur des élections, environ 4.232.260 citoyens l'ont fait.

Les résultats se lisent ainsi :
Outre leurs autres options, droite, gauche ou centre ;

1) 1.432.240 Québécois qui nous disent vouloir un pays à eux.

Donc, ces indépendantistes, toutes tendances confondues, ont exprimé leurs préférences dans différents partis.
Quelques 1.074.116 ont voté pour le Parti québécois.
D'autre part, ce sont 323.124 citoyens qui ont exprimé ce choix par Québec solidaire.
Et enfin environ 30.000 électeurs l'ont fait dans divers autres partis ayant l'option souverainiste dans leur programme.

2) 975.607 électeurs ont choisi la Coalition avenir Québec.
Peut-on qualifier ces Québécois de "nationalistes patients" ? Vraisemblablement oui pour un très grand nombre d'entre eux.
Ce qui me semble évident c'est qu'ils ne sont pas fédéralistes.

3) 1.757.075 citoyens ont voté pour le Parti libéral.

Derrière ces résultats, ne se cache-t-il pas cache une autre réalité ?

Regardons comment, sur le plan de la démographie, notre société est structurée.
Selon statistique Canada, la population totale du Québec est de 7.815.950 citoyens.
Nous pouvons dire que celui-ci est composé de citoyens répartis en quatre groupes.
• Les Québécois ayant comme langue maternelle le français.
Ces citoyens représentent 79.6 % de la population
Sur le plan électoral, cela c'est-à-dire 3.368878 Québécois.

• Les Québécois ayant comme langue maternelle l'anglais.
Ces citoyens représentent 7.8 % de la population
Sur le plan électoral, cela c'est-à-dire 330.116 Québécois

• Les néo-Québécois d'origine diverse.
Ces Québécois représentent 12,6 % des Québécois.
Sur le plan électoral, cela veut dire 533.264 Québécois.

• Les autochtones dont on parle peu sont environ 85.000. Ils complètent la palette démographique selon l'origine ethnique.
Je m'excuse auprès d'eux, mais ne possédant aucune donnée fiable, je préfère faire abstraction de leur comportement électoral.

Partons de l'hypothèse, assez vraisemblable, que les anglophones ont exprimé les choix vers le Parti libéral à 90 %, cela ferait que 297.104 votes sont allés pour ce parti.
Les néo-Québécois quant à eux peuvent avoir voté à 80% pour les libéraux c'est-à-dire 426.612 votes.
C'est donc un total combiné de 723716 votes pour le Parti libéral.
Rappelons que le total des votes pour le Parti libéral est de 1.757.075.
Ce qui ferait possiblement que les Québécois ayant voté pour les libéraux seraient 1.033.359 citoyens.

Ces chiffres, ramenés à l'échelle de la population francophone du Québec, nous donnent comme hypothèse que :
24 % sont vraisemblablement fédéralistes.
33 % sont vraisemblablement indépendantistes.
23 % sont vraisemblablement nationalistes.

Je suis très conscient que ces chiffres ne sont pas exacts, pour un citoyen ordinaire les données étant difficiles à obtenir.
Par contre, il me semble bien qu'ils reflètent une certaine réalité, puisqu'ils recoupent les résultats officiels du vote publiés par le Directeur général des élections du Québec.

Ce que me disent ces chiffres !

Plus de la moitié des francophones vivant au Québec ne croient pas au fédéralisme canadien imposé, depuis 147 ans, par le conquérant anglophone.

Un Québécois d'origine étrangère sur cinq (1/5) ne considère pas le Québec comme sa patrie, il est avant tout Canadien.

C'est le quart (1/4) des Québécois qui choisissent de vivre dans le paradis canadien plutôt, qu'à l'instar d'Adam et Ève, de croquer la pomme qui leur donnerait la liberté dans un vrai pays qui leurs appartiendrait en propre.
Petit rappel biblique à l'intention de ces citoyens québécois fédéralistes ;
« …quant au fruit qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : vous n'y toucherez point, de peur que vous ne mouriez.
Alors le serpent dit à la femme : vous ne mourrez point ; mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s'ouvriront, et que vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal.»
Genèse 3-3

Ma compréhension de ces résultats en appel à une réelle évaluation.
Je vous propose d'y revenir dans ma prochaine chronique.

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Jean-Pierre Pfisterer32 articles

  • 23 173

Un néo-québécois, souverainement québécois

Retraité, membre démissionnaire de l’exécutif de Vanier.





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3 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    13 avril 2014

    Voir ici, la réponse
    http://www.action-nationale.qc.ca/elections-2012-les-passes-dangereuses/188-la-fin-des-gouvernements-pequistes-majoritaires
    Vous supposez que la CAQ est toujours un électorat nationaliste. Pas toujours et l'évolution sociologique de cet électorat doit être considérée.
    Il est a mon avis beaucoup plus conservateur, a droite, que précédemment. Le succès de la CAQ a Québec et dans sa région, est aussi le seul endroit au Québec ou le Parti Progressiste Conservateur fait élire des députés.
    Ce n'est pas un hasard.
    Votre répartition, fédéraliste, souverainiste, etc, de l'électorat francophone me paraît peu vraisemblable, sur quoi vous basez-vous ?
    La méthode Coué ?

  • Archives de Vigile Répondre

    13 avril 2014

    Les techniques de marketing (ou de propagande) ont beaucoup évolué et les gens se font rouler dans la farine. Je ne crois pas que le résultat de l'élection reflète vraiment l'opinion des électeurs mais bien plus les choix des médias et de leur spin-doctors. Les moyens à la disposition de l'adversaires sont plus grands (radio-can,la presse, crtc,...). Si les médias avaient voulu, ils auraient facilement fait perdre Couillard avec son passé nébuleux. Mais ils l'ont épargné et on a le résultat que l'on sait.
    Et ce sera pareil la prochaine fois. Il faut posséder les médias sans quoi c'est perdu d'avance.

  • Marcel Haché Répondre

    13 avril 2014

    Je connais les chiffres que vous fournissez ici. Si vous refaites l’exercice avec ces chiffres qui viennent du Directeur général des élections, vous pourriez remonter jusqu’à l’élection de 1973, et trouver la trace à chaque élection d’un électorat qui ne s’est jamais rallié aux rouges. C’est cet électorat nationaliste qui s’est longtemps servi du P.Q. comme d’un stationnement commode et qui, cette dernière fois, s’est plutôt rallié à la C.A.Q. parce que lui aussi, cet électorat, s’est fait matraqué avec cette histoire du référendum.
    C’est la méconnaissance de cet électorat qui a fait croire aux stratèges péquistes de l’élection 2014 qu’ils pouvaient marcher sur les nuages. Avec les résultats décevants que l’on connaît maintenant, certes, mais dont il n’y a pas lieu de désespérer.