Laïcité

Marois / Taylor, le débat complet, s'il vous plaît

Tribune libre

Note envoyée à l'émission de Radio-Canada, "Tout le monde en parle" :
--------------------
Bonjour,
Vu l’importance du débat sur la laïcité dans notre société.
Vu la qualité des intervenants à votre émission.
Il serait souhaitable que vous puissiez mettre en ligne l’intégralité de la discussion entre M. Charles Taylor et Mme Pauline Marois.
Je crois que la population québécoise apprécierait grandement que la Société Radio-Canada lui permette d’approfondir sa réflexion concernant cet épineux problème.
Ce débat Taylor / Marois est d’une grande importance face aux enjeux qui se discutent actuellement.
Serge Charbonneau
Québec
veliserdi eaN hotmail.com
--------------------
Sur son "blogue", « Débat Marois/Taylor à TLMP: On veut l’intégrale ! », Jean-François Lisée demande l'intégralité de la discussion entre Pauline Marois et Charles Taylor, dit «le plus grand philosophe vivant».
Je crois que ce débat entre nos "décideurs" de notoriété publique est d'un grand intérêt pour que l'on puisse préciser notre propre opinion. Demander à TLMP de nous offrir la discussion complète de Marois / Taylor, m'apparaît bien légitime. La Société Radio-Canada est une société en bonne partie "publique", c'est-à-dire vivant de nos impôts et a pour mandat d'être au service du citoyen.
Selon Jean-François Lisée, le débat aurait été considérablement réduit lors du montage. Il serait intéressant de pouvoir visionner TOUTE la discussion. J'encourage donc tous ceux qui souhaitent approfondir le débat de la laïcité à réclamer l'intégralité du débat Marois / Taylor à cette adresse:
http://www.radio-canada.ca/emissions/tout_le_monde_en_parle/saison6/ecrivez.asp
--------------------
Oui, l’intégralité des choses.
Les médias ont la fâcheuse habitude de charcuter.
Parfois on charcute au point de dénaturer.
Souvent on charcute pour ne conserver que ce qui plait à la “ligne éditoriale” (à l’idéologie du média en d’autres mots).
Mme Marois a livré une superbe réplique au «plus grand philosophe vivant».
Elle a défendu fermement et simplement des valeurs fondamentales qui unissent la société québécoise. Elle était bonne à entendre.
Cependant, sa défense du crucifix m’a laissé perplexe. On ne peut insister sur la laïcité et du même souffle lutter pour conserver le crucifix au dessus du (de la) Président-e de l’Assemblée nationale.
Je n’ai pas compris cet acharnement à défendre le crucifix au salon bleu. Ce crucifix pourrait être déplacé dans un endroit plus adéquat dans l’Hôtel du Parlement.
Ce crucifix représente notre Histoire, il va de soi que nous devons respecter l’Histoire. Respecter l’Histoire c’est se respecter.
Mais il faut aussi être conséquent avec la laïcité que l’on veut. Si on ne tolère pas le port des signes religieux pour des agents-es au service du citoyen et dans les institutions publiques de l’État, il faut être cohérent avec ses politiques. Le crucifix n’a pas sa place au dessus de la tête du, de la Président-e au salon bleu.
C’est la seule faiblesse, à mon sens, de l’argumentation de Mme Marois. Mais une faiblesse de taille qui va contre la logique de la laïcité complète de l’État allant de l’image jusqu’au fonctionnement.
Il ne s’agit pas de renier ni notre Histoire, ni nos racines, mais plutôt d’être logique avec nos politiques.
Nous voulons que la religion et l’État soient totalement distincts l’un de l’autre.
Serge Charbonneau
Québec


Laissez un commentaire



9 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    27 février 2010

    M. Charbonneau écrit :
    «Il est très maladroit de dire : « S’il y a du travail à faire en matière de laïcité au Québec, c’est auprès des communautés immigrantes qui ne partagent pas cette valeur. » On rechigne à retirer un symbole religieux de notre Assemblée nationale et vous dites qu’on doit enseigner aux immigrants la laïcité ! Non, mais, aussi bien demander à avoir des catholiques certifiés comme immigrant et nous pourrons continuer les guerres contre les pays musulmans.
    J’ai envie de vous accuser de ce que plusieurs m’accusent régulièrement parce que je refuse le port du voile dans la fonction publique, j’ai envie de dire que vous êtes xénophobe et que vous avez peur de perdre votre identité qui semble tenir au crucifix du salon bleu.»
    En lisant cet extrait, je me suis tout de suite demandé si on n'était pas dans le «Bouchard-Taylor de gôche». Comme si les fondamentaux de la laïcité n'étaient pas largement accomplis chez les Québécois et comme si ils ne continuaient pas à progresser. La séparation de l'Église et de l'État est un concept acquis et partagé chez nous. Avec votre enfumage sur le crucifix, on voudrait nous faire douter de nos acquis, nous inciter à faire du zèle en matière de laïcité pour nous rendre dignes de demander aux immigrants où à certaines communautés établies de longue date mais qui refusent la laïcité de respecter nos valeurs... Assez de cette culpabilisation à la Bouchard-Taylor ! On a déjà donné et ce discours ne passe plus. Passez à autre chose svp, allez convaincre la communauté hassidique et semblables, elles ont besoin de vous !
    GV

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    26 février 2010

    @ Serge Charbonneau:
    Excusez-moi; j'avais oublié que le prénom du dit professeur de McGill, était Philip.
    Alors comme ça, c'est le distingué Guy A. qui l'a ainsi présenté? Je vois. cela peut expliquer bien des choses.
    Après tout, Guy A. est probablement le genre d'individu que si on lui parlait d'un auteur comme Nabokov, par exemple, il en dirait: «qui, ça? C'est un joueur de hockey russe, Nabokov?»...

  • Serge Charbonneau Répondre

    26 février 2010

    Les portes ouvertes…
    Voyons, peut-on parler de portes ouvertes lorsqu'on constate une si grande réticence?
    Il est facile de dire "je n'appartiens à aucun lobby". Ceci ne se vérifie pas. Chose sur vous êtes incapable de signer. Pour ce qui est de mon talent, je ne vous considère pas vraiment apte à juger du talent de qui que ce soit.
    Qui donc êtes-vous pour juger du talent des autres ?
    Je considère plus facilement les arguments que le discours divergent.
    Votre détachement de la laïcité n'est pas si clinique que cela. Votre attitude est paradoxale pour quelqu'un qui se détache tant de cette question de la laïcité. Vous mettez beaucoup d'efforts pour empêcher que ce fameux crucifix de salon bleu ne soit déplacé.
    Pour vous, la question ne se pose même plus, mais dans la société, actuellement, la question est de plus en plus à l'ordre du jour. À défaut de bien voir ce qui se passe et ce qui se discute, soyez au moins honnête et cessez de déformer la réalité. Le débat sur la laïcité fait rage depuis Bouchard / Taylor. Les cours ECR sont aussi un point de discutions qui remue les passions et le port du voile pour les employées de l'État au service des citoyens sont la source de grands remous.
    Vous pouvez trouver que comme société, nous avons mieux, plus urgent, et plus essentiel, à faire, mais vous n'êtes pas la société. Moi, je trouve que le débat qui prévaut depuis des mois s'impose et devient urgent et qu'il est essentiel que des gestes soient faits et que des précisions claires soient apportées quant au fonctionnement et aux valeurs qui gouvernent notre société.
    Une charte de la laïcité s'impose et l'affirmation de notre gouvernement laïc, de l'image jusqu'au fonctionnement, est essentielle.
    Il est très maladroit de dire: « S’il y a du travail à faire en matière de laïcité au Québec, c’est auprès des communautés immigrantes qui ne partagent pas cette valeur. » On rechigne à retirer un symbole religieux de notre Assemblée nationale et vous dites qu'on doit enseigner aux immigrants la laïcité ! Non, mais, aussi bien demander à avoir des catholiques certifiés comme immigrant et nous pourrons continuer les guerres contre les pays musulmans.
    J'ai envie de vous accuser de ce que plusieurs m'accusent régulièrement parce que je refuse le port du voile dans la fonction publique, j'ai envie de dire que vous êtes xénophobe et que vous avez peur de perdre votre identité qui semble tenir au crucifix du salon bleu.
    Je n'ai jamais insinué qu'il faille vous empêcher de vénérer ce symbole religieux qui représente 2000 ans d'Histoire. Je n'impose pas, moi non plus, mes choix dans votre maison.
    Ce que je dis et que vous ne semblez pas comprendre du tout, c'est que si vous voulez faire la leçon à ces immigrants qui nous arrivent avec tout leur attirail religieux d'ailleurs, il faut commencer par donner l'exemple. Notre religion n'est pas "meilleure" que la leur. En religion tout le monde a raison.
    Si nous établissons clairement que notre société est régie par la laïcité, une sorte de neutralité s'imposant à toutes les confessions, je crois que ce dénominateur commun peut parvenir à nous unir et à être garant d'une vie paisible.
    Que veut dire: «Si le crucifix n’était pas présent à l’Assemblée nationale, il n’y aurait pas sa place dans le contexte actuel.» ???
    Je suis tout à fait d'accord que sa présence témoigne de la sensibilité « d’une autre époque que la nôtre » et moi aussi, je respecte le fait que cette sensibilité ait existé, mais je ne crois vraiment pas que le respect du passé puisse justifier son anachronisme.
    Vous justifiez la présence crucifix à l'Assemblée nationale en parlant du respect du passé. Moi, je dis que le salon bleu, notre Assemblée nationale, n'est pas un musée, mais un lieu où s'exerce notre démocratie laïque. Je vis dans le présent et non dans le passé et l'Assemblée nationale doit être conforme à ce qui se vit au présent, non au passé, n'en déplaise à votre clergé.
    Serge Charbonneau
    Québec

  • @ Richard Le Hir Répondre

    26 février 2010

    Je n'appartiens à aucun lobby.
    Je ne veux d'aucune façon vous discréditer.
    Au contraire, je l'ai dit et je le répète, je trouve que vous avez du talent. Je le dis en toute sincérité, sans flagornerie récupératrice, ni la moindre arrière-pensée.
    Face à la question de la laïcité, mon détachement est clinique. Pour moi, comme pour une grande majorité de Québécois, la question ne se pose même plus. Je ne vois pas l'utilité d'enfoncer des portes ouvertes. Je trouve que comme société, nous avons mieux, plus urgent, et plus essentiel, à faire. S'il y a du travail à faire en matière de laïcité au Québec, c'est auprès des communautés immigrantes qui ne partagent pas cette valeur. Qu'il reste parmi nous des dinosaures accrochés à des vieux symboles, c'est certain, et c'est tout à fait normal. Mais le temps est fichtrement bien parti pour faire son oeuvre, et ils finiront par passer sans qu'il soit nécessaire de leur envoyer le coup de pied de l'âne pour les envoyer plus vite dans leur tombe. Je ne crois pas à la vertu de l’auto-flagellation, des purges ou des épurations.
    Pour moi, le crucifix symbolise 2000 ans d'histoire judéo-chrétienne, et c'est un héritage que je revendique volontiers, en me réservant le privilège de l'accepter sous bénéfice d'inventaire. C’est un privilège qui appartient à quiconque veut le revendiquer. Et je ne cherche d'aucune façon à imposer mes choix.
    Si le crucifix n'était pas présent à l'Assemblée nationale, il n'y aurait pas sa place dans le contexte actuel. Mais il y est, et sa présence témoigne de la sensibilité d'une autre époque que la nôtre. Je respecte le fait que cette sensibilité ait existé, et c'est à ce seul titre que je crois la présence du crucifix à l'Assemblée nationale justifiée.
    Bien anonymement vôtre.

  • Serge Charbonneau Répondre

    26 février 2010

    On m'annonce que j'ai du talent!
    Devrais-je en ressentir un petit v'lours ?
    J'ai beaucoup de difficulté avec ce genre de commentaire qui ne dit rien et qui commente "ex cathedra".
    En politique, anonyme, vous savez pertinemment qu'on sépare souvent la forme et le fond. Parfois on "invente" une forme et un fond différents. On se sert alors de l'un et de l'autre à des fins électoralistes.
    Il y a aussi toute l'hypocrisie des discours. Les non-dits et les négociations secrètes avec les lobbys (par exemple: la communauté étanche juive pour son enseignement à "légaliser").
    Il n'y a pas de forme et de fond. Il y a le politique, le symbolique et le religieux. Et il y a cet amalgame des trois avec lequel nous sommes pris.
    Le religieux tient toujours à garder un pouvoir à tous les niveaux. Toutes les religions «prêchent pour leur paroisse» et c'est vraiment le cas de le dire.
    Toutes les religions, à des degrés divers selon les époques, font preuve de dérives incroyables. Notre société en est consciente et c'est pourquoi nous avons opté pour que les affaires de l'État soient exemptes de toutes contraintes religieuses.
    La religion est une affaire de croyance personnelle. Notre État doit clairement envoyer l'image qu'il est neutre vis-à-vis toutes les religions. Cette neutralité en image et en fonctionnement et le respect de nos valeurs québécoises laïques doivent être le dénominateur commun de la diversité qui compose notre société.
    Sans quoi nous nous dirigeons vers le communautarisme et le danger de confrontations qui en résultera tôt ou tard.
    Monsieur anonyme vous me dites:
    «vous finirez par vous discréditer.»
    Et vous monsieur, avec une telle signature vous ne risquez guère de vous discréditer, n'est-ce pas !
    Moi, monsieur, j'ai des opinions, je les étaye et je les défends en les appuyant sur la réalité que je perçois. Il est très facile de discréditer les gens avec des phrases lapidaires. Je vous prierais de mieux structurer votre argumentation et de contenir vos bénédictions.
    Vous devriez dire clairement que ce qui anime votre croisade pour conserver le crucifix au salon bleu.
    Si votre unique but est celui de me discréditer ayez au moins le courage de signer ou au moins de nous montrer vos talents.
    Serge Charbonneau
    Québec

  • Archives de Vigile Répondre

    25 février 2010

    S.V.P. Tout le débat. Les Québécois y ont droit, peu importe leur position. Merci !

  • Serge Charbonneau Répondre

    25 février 2010

    Monsieur Charles Taylor (et non pas Philip) a été longuement présenté par Guy A Lepage, comme étant "le plus grand philosophe vivant" rien de moins.
    Ce "qualificatif" m'a à ce point étonné que je l'ai repris dans mon texte.
    Serge Charbonneau
    Québec

  • @ Richard Le Hir Répondre

    25 février 2010

    Il faut savoir distinguer la forme du fond.
    Le crucifix à l'Assemblée nationale, c'est la forme.
    Ce que la majorité des Québécois en pensent, c'est le fond.
    À force de vous enfarger les pieds dans les fleurs du tapis, vous finirez par vous discréditer.
    Ce serait dommage. Vous avez du talent, et vous valez mieux que ça.

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    25 février 2010

    @ Serge Charbonneau:
    Mais qui affirme que Charles Taylor est le plus grand philosophe vivant?
    Ce que je retiens de sa pensée, est que sur son échelle des valeurs, les croyances personnelles et ce qui relève du domaine de la foi, sont loin au-dessus de valeurs telles que la raison et le savoir. Voire, au-dessus de choses comme la loi et l'ordre social.
    Taylor, par ailleurs, ne semble accorder d'importance qu'aux libertés individuelles. Le bien commun? Ça ne semble pas le concerner...
    J'ajouterais que Philip Taylor a une conception canadienne, de ce droit qu'on appelle la liberté de religion. C'est-à-dire que pour lui, la liberté de pratique religieuse, ça implique nécessairement de s'afficher, dans l'espace public avec tous les symboles (et parfois rituels) de la religion que l'on pratique.
    Et tant pis pour tous les autres citoyens, qui pourraient être lésés au niveau de leurs propres droits; comme dans le cas de parents qui se demandent si leur enfant est nécessairement en sécurité, dans une école secondaire où tous les jeunes sikhs peuvent arborer un authentique poignard, au niveau de la ceinture...
    Le plus grand philosophe vivant, l'ami Phil? Si René Descartes vivait toujours de nos jours, j'aimerais qu'on lui demande ce qu'il en pense.