Médias, crise, ordre professionnel et bon journalisme

Vivement un ordre professionnel pour remettre la matière grise dans le tube de nos francs-tireurs!

Chronique de Louis Lapointe

L’armée a joué un rôle prépondérant dans la plupart des sorties de crise au Québec. Lors de la révolte des patriotes en 1837-1838. Lors des émeutes de la conscription en 1918. À l’occasion de la crise d’octobre 1970 et de la crise d’Oka en 1990.
Quand rien ne va plus au Québec, nous appelons l’armée canadienne. Nous demandons au grand frère fédéral de venir régler nos problèmes.
Rien comme la paix, l’ordre et le bon gouvernement pour intervenir quand les affaires provinciales sont mises à mal.
Rien comme la force pour mettre fin aux contestations de quelques terroristes ou têtes trop fortes.
Hier, un journaliste du Journal de Montréal a demandé au maire Tremblay s’il avait songé à appeler l’armée. Cette idée fait aussi son chemin sur le net.
Jeter des bombes fumigènes dans le métro serait de la nature d'actes d’une violence extrême qui nécessiteraient une riposte proportionnelle de l’État.
Quand des journalistes en sont rendus à demander l’armée en renfort pour ce qui était à l'origine une simple grève étudiante, c’est qu’il y a quelque chose qui ne tourne pas rond au Québec.
N'aurait-il pas plutôt été de mise à ce stade-ci du conflit de demander au premier ministre de plier?
Comment ne pas constater que les médias ont contribué à envenimer la situation en jetant constamment de l'huile sur le feu depuis le début de la grève?
Il n'y a pas que les politiciens qui ont perdu la boule.
Si Jean Charest a été accusé de profiter de la crise pour grimper dans les sondages, que penser des médias qui appellent à la force et suscitent habilement la haine de leurs lecteurs contre les étudiants pour vendre plus de copies?
Peut-on appeler ça du journalisme ?
Vivement un ordre professionnel pour remettre la matière grise dans le tube de nos francs-tireurs!
***
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Louis Lapointe534 articles

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L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fondation.





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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    12 mai 2012

    Je vous trouve fort diplomate envers la profession de journalisme. Sachez, M. Lapointe, que la grande majorité des journalistes n’est pas responsable de la dérive journalistique au Québec. Ce qu’il faut te toute urgence abattre, c’est la structure concentrationnaire des médias de masse. Quand vous n’avez que deux employeurs qui s’entendent pour imposer leur vision personnelle, il est certain que, comme journaliste, vous allez tout faire pour vous conformer à l’idéologie établie, soit celle de droite et fédéraliste. Quand vous avez une famille à faire vivre, vous n’avez rien à cirer de votre déontologie professionnelle.

    Pour vous convaincre du niveau DRAMATIQUE de désinformation au Québec, vous n’avez qu’à vous poser la question suivante : comment se fait-il qu’avec une majorité de québécois francophones en faveur de l’indépendance du Québec, nous subissons un silence complet du sujet depuis 1995 ? Et la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) de s’inquiéter de certaines actions qui sont projetées dans un futur rapproché à l’encontre des deux propriétaires de journaux. Eh bien, ils ont raison de s’inquiéter parce que notre démocratie est en danger et il faut la protéger.
    http://www.lapresse.ca/actualites/dossiers/conflit-etudiant/201205/12/01-4524716-un-groupe-etudiant-radical-appelle-a-viser-les-medias.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_BO2_quebec_canada_178_accueil_POS1
    La seule manière de rétablir un certain professionnalisme journalistique, est de légiférer pour abattre ce système vicieux par un projet de loi. Je consulte actuellement des intervenants de poids dans le milieu. Tous et toutes trouvent l’idée géniale en seraient soulagés (es).
    Alors, continuons le combat !

  • Archives de Vigile Répondre

    11 mai 2012

    Ce qui se passe, monsieur Lapointe, c'est que ces journalistes grassement payés font partie des "satisfaits" de la société, ceux pour qui l'affaire va tellement bien qu'il faut que rien ne change;
    Leur avenir est assuré; ils ont des plans d'épargne-retraite, ils ont investi (eux) dans les études de leurs enfants qui, espèrent-ils, seront l'élite québécoise de demain.
    On ne parle pas ici d'assistés sociaux à $575 par mois; ces derniers aimeraient bien voir du changement, comme par exemple l'instauration d'un revenu de citoyenneté universel afin que tous puissent vivre décemment et heureux au Québec.